Otago Central Rail Trail

Tour du monde à vélo

Dossier : ExpressionsMagazine N°737 Septembre 2018
Par Anne-Flore PERRIN (07)
Par Martin PERRIN (07)

Épisode 5 : La Nouvelle- Zélande, plus à l’Est, retour vers l’Occident

Nous retrou­vons les aven­tures cyclistes et ini­ti­a­tiques d’Anne-Flore (2007) et Mar­tin Per­rin (2007) en Nouvelle-Zélande.

Épisode 1 : de la Turquie à l’Iran

Épisode 2 : les républiques en ‑stan

Épisode 3 : De l’Empire du milieu au Tibet historique

Épisode 4 : Laos, Thaï­lande, Malaisie


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Après 3 avions, et deux jours de voy­age, nous arrivons à Nel­son sur l’île du Sud de la Nou­velle-Zélande. Dans quelques jours, c’est Noël. Pen­dant les pre­mières heures, nous avons l’impression d’avoir mis les pieds sur une nou­velle planète. Pen­dant plus de huit mois, nous nous sommes déplacés majori­taire­ment en vélo avec quelques sec­tions en train. Les évo­lu­tions de paysages, cul­tures et météo étaient pro­gres­sives. Notre arrivée en Nou­velle-Zélande en avion bous­cule nos repères : nous avons quit­té la chaude moi­teur de Malaisie pour un air sec et frais, nous retrou­vons des pro­duits occi­den­taux au super­marché et dans la rue, nous croi­sons prin­ci­pale­ment des Blancs.

Nostalgie d’exotisme

Il nous faut quelques jours pour nous habituer à ce nou­v­el envi­ron­nement. Les voitures ne font pas spé­ciale­ment atten­tion aux vélos et nous sus­ci­tons moins la curiosité. Nous pou­vons d’un côté par­ler anglais avec les gens que nous ren­con­trons ce qui enri­chit les échanges mais d’un autre côté nous échangeons avec moins de personnes.

Découverte des « Kiwis » au volant

La Nou­velle-Zélande a une super­fi­cie env­i­ron 2 fois plus faible que la France mét­ro­pol­i­taine pour 4,7 mil­lions d’habitants dont 1 mil­lion seule­ment sur l’île du Sud. Les infra­struc­tures sont donc moins dévelop­pées qu’en France. Le réseau routi­er est peu dense sur l’île du Sud, avec beau­coup de routes à 2 fois une voie, pas de bas-côtés mais une lim­i­ta­tion de vitesse à 110 km/h. Rouler sur ce type de route nous a valu quelques frayeurs, d’autant que pas mal de « Kiwis » con­sid­èrent que la route appar­tient aux voitures. Para­doxale­ment, nous nous sommes sen­tis moins en sécu­rité sur les routes néo-zélandais­es que dans tous les pays de la route de la soie, où les auto­mo­bilistes sont habitués à cir­culer avec des véhicules aux vitesses très dif­férentes, de la car­riole tirée par un âne au camion ! Le tourisme a aus­si explosé ces dernières années avec 3,5 mil­lions de touristes étrangers en 2016. Heureuse­ment la Nou­velle-Zélande a dévelop­pé un réseau de pistes VTT qui nous ont per­mis de sil­lon­ner l’île du Sud en évi­tant au max­i­mum les routes. Nous gar­dons par con­tre un mau­vais sou­venir des quelques tronçons de State High­way que nous avons par­cou­rus avec leur défilé de vans et camp­ing-cars, et les Kiwis fous du volant… !

À la recherche de l’aventure

Nous avons fêté Noël sur la Molesworth Road, piste qui tra­verse la plus grande ferme du pays, qu’on met trois jours et demi à par­courir ! Con­traire­ment à d’habitude, notre itinéraire chez les Kiwis ne con­siste pas à reli­er deux pays, mais à trou­ver les plus belles routes et pistes que le pays peut nous offrir. On fera donc une belle boucle sur l’île du Sud, ponc­tuée de détours pour chercher le calme. Après la Molesworth, on enchaîne ensuite sur la Rain­bow Road. Ces deux pistes ont un dénivelé impor­tant et subis­sent les caprices de la nature (éboule­ment, crues, etc.) et les Kiwis y vont générale­ment avec leurs VTT non chargés. Nos vélos sans sus­pen­sion en aci­er et nos sacoches nous ont valu quelques regards éton­nés de la part des sportifs locaux, plutôt équipés en bikepack­ing nou­velle ten­dance venant des USA où des sacoches com­pactes sont accrochées directe­ment sur le cadre per­me­t­tant de rouler plus légers sur les pistes caill­ou­teuses. Les paysages sur ces pistes étaient grandios­es, mais il nous man­quait un sen­ti­ment d’aventure car en Nou­velle-Zélande tout est très (trop ?) bien balisé !

Forêt tropicale menant au glacier Franz Josef
Chemins de tra­verse dans la forêt trop­i­cale menant au glac­i­er Franz Josef.

Magie des Tropiques et tabou maori

Dans un tout autre style, nous avons adoré le Wilder­ness Trail sur la côte ouest de l’île. La Nou­velle-Zélande a quelque chose de mag­ique : en quelques kilo­mètres seule­ment, le cli­mat change du tout au tout. On passe de pistes arides, à une ambiance trop­i­cale avec quelques degrés en moins. La forêt humide bien préservée réserve des moments de pédalage mémorables, avec les rayons de soleil fil­trés à tra­vers les arbres. Sur la côte ouest, nous avons tout de même été sur­pris de voir plusieurs dra­peaux con­fédérés. La mar­gin­al­i­sa­tion des Maoris est un sujet encore tabou, et lorsque nous l’avons abor­dé avec les familles que nous avons ren­con­trées, nous avons tou­jours sen­ti une cer­taine gêne.

Vaches Nouvelle-Zélande
Petite pause avec nos copines bien curieuses :
elles accourent de tout le champ pour venir nous voir !

Des vaches qui nous font rire

Après la côte ouest, nous décou­vrons les grandes plaines agri­coles du sud. Après dis­cus­sion avec des fer­miers, nous apprenons que l’économie de la Nou­velle-Zélande est très dépen­dante de l’export de la viande de mou­ton et de vache : 20 mil­lions de mou­tons par an sont exportés vers la Chine et vers l’Europe. Nous pas­sons donc de longues journées à longer les champs, à par­ler aux vach­es et aux mou­tons. Nous rigolons beau­coup car lorsque les vach­es nous voient pass­er à vélo, elles se met­tent à courir pour nous suiv­re. Nous avons eu l’explication, ce n’est pas parce que nous leur dis­ons des mots doux, mais tout sim­ple­ment que les fer­miers les nour­ris­sent à la main, du coup elles ne se mon­trent pas très farouch­es avec les passants !

Variété des climats en un tour de roue

Le cli­mat de la Nou­velle-Zélande nous a réservé quelques semaines bien plu­vieuses à l’ouest de l’île du Sud, mais aus­si dans le sud au niveau des Catlins. Cela a été vite oublié dès que nous avons rejoint le cen­tre de l’île, où les pistes comme le Clutha Gold Trail sil­lon­nent des val­lées arides en pas­sant dans d’anciens vil­lages de chercheurs d’or. Les paysages ont changé rapi­de­ment : en une cinquan­taine de kilo­mètres, nous pas­sons de la côte humide du sud à l’aridité.

Ascension du Haast Pass
Ascen­sion du Haast Pass, col très humide de la côte ouest.

À contre-courant et entre parenthèses

Avant de rejoin­dre Christchurch, nous avons roulé sur le trail Alps to Ocean, mais dans le sens Ocean to Alps avec de belles mon­tées. Nous avons une nou­velle fois sus­cité la sur­prise des Kiwis qui y roulaient en sens inverse. Nous préférons gravir les mon­tagnes que les descendre !

Nous avons passé sept semaines sur l’île du Sud de la Nou­velle-Zélande qui ont été comme une par­en­thèse dans le voy­age. Avec une cul­ture très occi­den­tale, c’était moins dépaysant que d’autres pays mais aus­si très con­fort­able. Nous avons pu presque tous les jours nous baign­er dans la mer, les lacs ou les riv­ières. La présence de nom­breux trails est un des aspects que nous avons le plus appré­cié là-bas.

Lac Pukaki : eau bleu turquoise du glacier Mont Cook.
Lac Puka­ki : eau bleu turquoise du glac­i­er Mont Cook.

Prochain épisode : les pays du matin calme et du Soleil levant…

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