Entrée au Tadjikistan, par la Pamir Highway

Tour du monde à vélo

Dossier : ExpressionsMagazine N°734 Avril 2018
Par Anne-Flore PERRIN (07)
Par Martin PERRIN (07)

Épisode 2 : la route de la soie à travers les républiques en ‑stan

Nous retrou­vons les aven­tures cyclistes et ini­tia­tiques d’Anne-Flore (2007) et Mar­tin Per­rin (2007), dans les anciennes répu­bliques de l’Union sovié­tique : Turk­mé­nis­tan, Ouz­bé­kis­tan, Tad­ji­kis­tan, Kir­ghi­zis­tan et Kazakhstan.

Épi­sode 1 : de la Tur­quie à l’Iran


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Après l’Iran, nous entrons au Turk­mé­nis­tan. Nous avons la chance d’avoir obte­nu le visa de tran­sit de 5 jours, accor­dé à envi­ron un voya­geur sur deux.

Après avoir pas­sé 3 heures à la douane, nos sacoches fouillées de fond en comble, nous avons 5 jours (enfin 4 et demi main­te­nant, il est déjà midi !) et pas un de plus pour tra­ver­ser 500 km de désert.

Nous gar­dons du Turk­mé­nis­tan des sou­ve­nirs étranges : les litres d’eau comp­tés entre les ravi­taille­ments par­fois dis­tants de plus de 70 km, les hommes et les femmes qui balayent les routes presque vides, ces bâti­ments flam­bant neufs et très dorés (!), cette cha­leur et ce vent de face qui nous accablent et ces cafés par­fois cli­ma­ti­sés en bord de route, véri­tables petites oasis pour cyclistes où nous fai­sons la sieste pour évi­ter le soleil de plomb.

EN OUZBÉKISTAN, DES ROUTES ET DES ARAIGNÉES MYTHIQUES

C’est avec sou­la­ge­ment tout de même que nous entrons en Ouz­bé­kis­tan. Cette fois, seule notre trousse à phar­ma­cie est exa­mi­née conscien­cieu­se­ment par les doua­niers. Nous arri­vons le len­de­main à Bou­kha­ra, et notre arri­vée à vélo dans le centre his­to­rique avec ses murs de briques et ses toi­tures tur­quoise nous laisse un sou­ve­nir fort.

La route que nous emprun­tons en Ouz­bé­kis­tan est ter­ri­ble­ment plate, mais notre moti­va­tion est forte, le pro­chain pays sur notre route est le Tad­ji­kis­tan. Nous y emprun­te­rons la Pamir high­way « M41 » amé­na­gée par les Sovié­tiques à la fin du XIXe siècle, qui tente de se frayer un che­min au cœur de la chaîne de mon­tagnes du Pamir pour relier les prin­ci­pales villes de cette région d’Asie centrale.

C’est une route mythique pour les cyclistes, avec des cols à plus de 4 000 m. Nous choi­sis­sons pour notre der­nière nuit en Ouz­bé­kis­tan une ber­ge­rie aban­don­née pour lieu de bivouac, et nous nous aper­ce­vons trop tard, à la fin du repas, que s’y trouve éga­le­ment un nid de camel spi­ders (arai­gnées aus­si inof­fen­sives qu’impressionnantes) !

De quoi nous moti­ver encore plus pour par­tir rapi­de­ment le len­de­main matin.

ÇA SE CORSE AU TADJIKISTAN

À Dou­chan­bé, la capi­tale tad­jike, nous nous pré­pa­rons pour le Pamir. Dans notre auberge, il y a de nom­breux cyclistes qui ont fait la route dans l’autre sens. Des ques­tions, on en a beau­coup : à quels endroits peut-on se ravi­tailler en nour­ri­ture ? Et l’altitude ? Vous n’avez pas été trop malades ? À telle bifur­ca­tion, vous avez choi­si quelle route et pourquoi ?

Puis le jour du départ arrive, et c’est avec six autres cyclistes que nous pre­nons la route. Et fina­le­ment, nous allons pas­ser un mois entier ensemble sur les routes tad­jikes et kirghizes.

Nous avons ado­ré rou­ler à plu­sieurs, car, dans ce cadre dif­fi­cile, la logis­tique en a été faci­li­tée mais sur­tout, nous nous sommes beau­coup sou­te­nus. Le Tad­ji­kis­tan a été dur phy­si­que­ment car, à l’altitude et aux pistes sableuses, s’ajoutent des condi­tions sani­taires mauvaises.

Même en fai­sant très atten­tion, nous avons tous été malades et il est qua­si impos­sible de trou­ver de la nour­ri­ture cor­recte (Sni­ckers, pâtes col­lantes, pain ras­sis et ket­chup ont consti­tué notre régime pen­dant ces quelques semaines).

À notre arri­vée au Kir­ghi­zis­tan, nous avions tous per­du quelques kilos. Mais le Tad­ji­kis­tan nous a émer­veillés et reste un des moments les plus forts de notre périple. La dif­fi­cul­té a contri­bué à rendre cette expé­rience encore plus mémo­rable. Sur le pla­teau, à 4 000 m, règne un silence incroyable et nous avions vrai­ment le sen­ti­ment d’être cou­pés du monde.

Nous rou­lons dans des pay­sages lunaires et, le soir, le ciel nous réser­vait un véri­table spectacle.

La douane au Tadjikistan

Une route au Kirghizistan

ENFIN LA PLUIE AU KIRGHIZISTAN

Un der­nier col avec un fort vent de face et nous pas­sons la fron­tière sans encombre pour arri­ver au Kir­ghi­zis­tan. Le chan­ge­ment de pay­sage est aus­si sur­pre­nant qu’à notre arri­vée en Iran depuis l’Arménie. En quelques kilo­mètres, nous pas­sons d’un pay­sage miné­ral à une val­lée verte et ses yourtes fumantes.

Nous sommes d’ailleurs accueillis par une pluie de grê­lons. Nous n’avions pas vu la pluie depuis de longs mois !

En quelques jours nous sommes à Och, qui nous semble un véri­table éden culi­naire, et pour­tant, on reste en Asie cen­trale avec un choix limi­té dans les magasins.

C’est à Och que notre fine équipe de cyclistes se sépare et nous espé­rons tous nous revoir pour des week-ends en Europe. Rou­ler pen­dant un mois ensemble forge une vraie amitié.

ROUTES DÉSERTES ET PAYSAGES SPLENDIDES

Les jours sui­vants, nous res­sen­tons un cer­tain vide et devons nous réha­bi­tuer à rou­ler à deux. Le Kir­ghi­zis­tan, comme le Tad­ji­kis­tan, est idéal pour nous qui aimons rou­ler sur des pistes presque désertes immer­gées dans la nature.

Col au Tadjikistan
Le Tad­ji­kis­tan a été dur phy­si­que­ment car, à l’altitude et aux pistes sableuses s’ajoutent des condi­tions sani­taires mauvaises.

Le soir, il est très facile de trou­ver un bivouac au calme. Les points de ravi­taille­ment sont assez espa­cés et nous rou­lons avec 23 jours de nour­ri­ture avec nous, ce qui nous donne un grand sen­ti­ment de liber­té. Après plu­sieurs cols assez exi­geants, nous arri­vons au somp­tueux lac Song Kul, avec ses che­vaux, ses yourtes éparses et ses pistes, un moment qui res­te­ra gra­vé dans notre mémoire.

Nous pas­sons ensuite quelques jours à Bich­kek pour orga­ni­ser la suite de notre voyage. Et après une petite semaine au Kaza­khs­tan, nous nous apprê­tons à fran­chir la fron­tière vers l’Empire du Milieu, et la Chine va énor­mé­ment nous inté­res­ser et nous surprendre.

CONSTAMMENT ÉTRANGERS

Ces pre­miers mois de voyage ont été denses et riches : tant de cultures dif­fé­rentes tra­ver­sées, de ren­contres. Sur nos vélos, nous sommes constam­ment les étran­gers, habillés dif­fé­rem­ment, avec des visages dif­fé­rents, des habi­tudes dif­fé­rentes et cette remise en pers­pec­tive est riche en apprentissages.

À suivre…

Route au Tadjikistan

Rivière au Tadjikistan

Carte des pays en -stan

2 Commentaires

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Phi­lippe Genouxrépondre
15 avril 2018 à 16 h 54 min

Impré­ci­sion his­to­rique sans impor­tance…
chers Anne-Flore et Martin,

Un grand bra­vo pour votre magni­fique aven­ture que je découvre avec envie et admi­ra­tion, car je serais bien inca­pable d’une telle prouesse physique !

Tou­te­fois, vous indiquez :
« Nous y emprun­te­rons la Pamir high­way « M41 » amé­na­gée par les Sovié­tiques à la fin du XIXe siècle, … »

Ceci est une contre-véri­té his­to­rique puisque l’U­nion sovié­tique (1922 – 1991) n’exis­tait pas au XIX siècle… En revanche, cette route a bien été construite sous l’ére sovié­tique, mais de 1931 à 1934.

Bonne conti­nua­tion pour votre voyage, ou bonne reprise !

Phi­lippe Genoux (76)

Anne-Flore et Martin répondre
17 avril 2018 à 1 h 38 min
– En réponse à: Philippe Genoux

Pamir high­way
Mer­ci Phi­lippe pour ton com­men­taire, tu as bien raison.
Est ce que tu sais si elle n’a pas été com­men­cée pen­dant le grand jeu par les russes pour aider aux manœuvres de troupes dans la région ?

Cor­dia­le­ment

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