Les ambassadeurs AX à Berlin

Les ambassadeurs AX à Berlin

Dossier : Vie de l'AssociationMagazine N°752 Février 2020
Par Camille METZ (12)
Par Cyriac MASSUÉ (2007)
Par Alix VERDET

Inter­view de Camille Metz (2012) et Cyr­i­ac Mas­sué (2007), ambas­sadeurs AX à Berlin par Alix Verdet.

Depuis combien de temps êtes-vous à Berlin ?

Camille : Je suis à Berlin depuis octo­bre 2018. Je suis au corps des Mines et, en guise de pre­mier poste, j’ai demandé de faire une thèse à l’étranger. Le hasard a fait que j’ai ren­con­tré un pro­fesseur dans un lab­o­ra­toire de recherche rat­taché à l’hôpi­tal de la Char­ité, le grand hôpi­tal de Berlin. J’y ai com­mencé une thèse en bio­mé­canique il y a un an et cherche à simuler la façon dont les os se régénèrent en fonc­tion de l’environnement mécanique dans lequel ils se trou­vent. J’utilise mes com­pé­tences d’ingénieure sur des prob­lé­ma­tiques médi­cales assez stimulantes.

Cyr­i­ac : J’ai séjourné à Berlin pour la pre­mière fois en 2009, dans le cadre de mon stage de recherche de 3A dans un insti­tut Max Planck. Après ma 4A à l’ETH de Zürich, je suis revenu en 2012 dans le même insti­tut pour une thèse sur la pro­duc­tion d’hydrogène vert. Venu pour trois ans, je ne suis jamais repar­ti et tra­vaille à présent au min­istère fédéral de l’Économie et de l’Énergie (BMWi). Je suis en par­ti­c­uli­er impliqué dans les travaux sur le rôle que pour­rait jouer l’hydrogène dans le con­texte de la tran­si­tion énergétique.

Comment s’est fait le choix de l’Allemagne ?

Camille : J’ai effec­tué le par­cours Abibac au lycée avec des cours d’allemand ren­for­cés et d’histoire-géographie en alle­mand. Pen­dant mon cur­sus à l’X, j’ai fait mon stage de recherche de 3A en Alle­magne, à Erlan­gen dans le nord de la Bav­ière, à côté de Nurem­berg. Je suis mar­iée à un X 2012, nous avons cher­ché ensem­ble et trou­vé un poste dans la même ville.

Cyr­i­ac : Né fran­co-alle­mand, la langue n’a pas été un prob­lème. J’avais fait mon Abibac au lycée inter­na­tion­al de Stras­bourg, mais ça n’a pas été un élé­ment déter­mi­nant dans mon choix. J’ai surtout été con­va­in­cu par la qual­ité de vie qu’on trou­ve à Berlin et par les con­di­tions de tra­vail moti­vantes, que ce soit dans la recherche à l’institut Max Planck ou au sein du min­istère fédéral.

Les X sont-ils nombreux à Berlin ?

Nous en avons iden­ti­fié à peu près 25, dont 15 inscrits sur le groupe LinkedIn que nous venons de créer. Lors de notre pre­mière réu­nion en novem­bre, nous étions une douzaine.

Quels sont les profils des X à Berlin ?

Camille : Ils sont plutôt jeunes, deux tiers sont issus de pro­mo­tions postérieures à 2000. Ils sont dans les métiers de la tech et du machine learn­ing car ce sont des indus­tries que Berlin veut dévelop­per. Les par­cours clas­siques vont se retrou­ver dans le trad­ing d’énergie et le secteur des transports.

Cyr­i­ac : Cer­tains sont encore fonc­tion­naires. La plu­part tra­vail­lent à l’ambassade, moi-même au min­istère fédéral de l’Économie et de l’Énergie. On trou­ve égale­ment un flux con­tinu de chercheurs, en par­ti­c­uli­er à l’université tech­nique (TU Berlin) et dans les insti­tuts des sociétés de recherche Max Planck ou Fraunhofer.

Peut-on parler d’inculturation quand on arrive de France ?

Camille : Les rythmes de tra­vail alle­mands sont dif­férents, net­te­ment plus flex­i­bles (on peut facile­ment faire du télé­tra­vail, décaler ou adapter ses horaires), décalés un peu plus tôt (les Alle­mands com­men­cent facile­ment à
8 heures). À Berlin, c’est un peu dif­férent, car c’est une ville assez inter­na­tionale, ça dépend des entre­pris­es dans lesquelles on tra­vaille. Dans mon labo, il y a beau­coup d’étrangers donc le rythme n’est pas trop dépaysant. Sinon, les Alle­mands sont aus­si assez bons en paperasse et procé­dures en tout genre. Quand on arrive, il faut s’enregistrer dans la ville, pour le faire il faut avoir une adresse donc un apparte­ment, mais pour avoir un apparte­ment il faut avoir un compte ban­caire alle­mand pour lequel il faut s’être déjà enregistré…

Cyr­i­ac : Le cadre de tra­vail est effec­tive­ment plus flex­i­ble qu’en France et par­ti­c­ulière­ment adap­té à une vie de famille où les deux con­joints tra­vail­lent. Il est ain­si nor­mal – voire même atten­du pour les hommes – de pren­dre au min­i­mum qua­tre mois de con­gé pater­nité. Le sou­tien financier accordé dans ces cas s’y prête. Dans le con­texte pro­fes­sion­nel, on notera mal­heureuse­ment l’absence du con­cept de déje­uner ou de dîn­er de tra­vail, les repas restant plutôt des paus­es nutri­tives. Par rap­port à la France, les rap­ports restent d’abord plus formels entre col­lègues. Cette impres­sion se rel­a­tivise néan­moins assez vite, surtout lorsque quelques col­lègues bavarois ou étrangers se mêlent à la ronde. Berlin reste une métro­pole inter­na­tionale où l’on trou­ve vrai­ment de tout. Cha­cun y trou­ve donc son compte, que ce soit au tra­vail ou dans ses activ­ités extracurriculaires.

“Nous avons le souhait de former une communauté un peu différente,
de pouvoir échanger sur nos vies professionnelles et d’aider aussi ceux
qui arrivent pour y suivre des études. ”

La vie est-elle agréable à Berlin ?

Camille : Berlin est très agréable à vivre. C’est une ville très éten­due, avec beau­coup d’espaces verts, des forêts et des grands lacs. La vie cul­turelle est encore assez intense depuis la péri­ode foi­son­nante de la réu­ni­fi­ca­tion. Berlin-Est reste bien con­nue pour ses clubs élec­tros, un peu under­ground mais qui se gen­tri­fient pro­gres­sive­ment. Il y a de beau­coup de musées, de salles de con­certs de musique clas­sique, de jazz, de rock. C’est aus­si une ville très agréable quand on a des enfants car, en plus des espaces verts, la poli­tique éduca­tive du Land offre la gra­tu­ité des crèch­es par exemple.

Cyr­i­ac : Excel­lent résumé auquel je n’ai pas grand-chose à ajouter ! Les familles parisi­ennes noteront la den­sité incroy­able de parcs et de ter­rains de jeux ouverts à toute heure. On se balade égale­ment tran­quille­ment le soir.
Du point de vue du loge­ment, on reste bien loin de la sit­u­a­tion à Paris, mais les prix aug­mentent et les loge­ments disponibles se font plus rares.

Camille Metz devant le Bundestag
Camille Metz devant le Bundestag

Que souhaitez-vous pour le groupe X‑Berlin ?

Camille : Comme il n’existait rien de très for­mal­isé ni de pérenne, il y a un bel ent­hou­si­asme à se lancer dans l’aventure. Nous avons le souhait de for­mer une com­mu­nauté un peu dif­férente, de pou­voir échang­er sur nos vies pro­fes­sion­nelles et d’aider aus­si ceux qui arrivent pour y suiv­re des études. Nous tablons sur une ren­con­tre tous les trois mois env­i­ron, autour d’une expo en hiv­er et l’été pourquoi pas une après-midi pétanque bien française ?

Nous souhaitons aus­si faire con­naître l’X en Alle­magne car le con­cept d’école d’ingénieurs est orig­i­nal, il faut l’expliquer à chaque fois. En Alle­magne, il existe un sys­tème de « hautes écoles » mais dont le niveau est en-dessous de celui de l’université. Nous voudri­ons faire la pro­mo­tion de l’École et de ses mas­ters auprès des uni­ver­sités de Berlin par exem­ple, ain­si que du lycée français.

Cyr­i­ac : Nous sommes égale­ment un pre­mier point de con­tact pour les X arrivant à Berlin ou souhai­tant s’y installer. Notre rôle est de servir de relai avec les mem­bres de la com­mu­nauté X de Berlin, mais aus­si à tra­vers nos pro­pres con­tacts pro­fes­sion­nels. Les deman­des d’informations qui nous parvi­en­nent con­cer­nent pour l’instant surtout des X en recherche de stage de 2A ou de 3A, mais nous sommes là pour répon­dre à toutes les demandes.

À terme, nous espérons établir le groupe X de Berlin aus­si comme un forum d’échange entre pro­fes­sion­nels. Nos activ­ités com­por­tent donc bien une com­posante de net­work­ing, per­me­t­tant à tous, quels que soient leur sit­u­a­tion pro­fes­sion­nelle et leur secteur d’activité, de nouer des liens et de join­dre ain­si l’utile à l’agréable.

Un dernier mot pour ceux qui voudraient venir travailler ou étudier à Berlin ?

Camille : Il est très facile de s’installer en Alle­magne car on n’a pas besoin de visa. Les écarts cul­turels ne sont pas fla­grants et, côté cli­mat, l’hiver berli­nois n’est pas très dif­férent de l’hiver parisien, avec une tem­péra­ture entre 0 et 10 degrés et par­fois de belles journées ensoleillées.

Cyr­i­ac : Berlin est une ville qui vous tient en haleine. Du fait de son his­toire, en par­ti­c­uli­er de la réu­ni­fi­ca­tion récente, tout y est en mou­ve­ment. Il y flotte tou­jours une cer­taine atmo­sphère de lib­erté. Les X en stage y trou­veront de quoi ani­mer les cour­tes nuits esti­vales (con­seil : évitez de porter une chemise. Vous n’entrerez pas en boîte). Les plus anciens se réjouiront de l’offre cul­turelle foi­son­nante et de la nature omniprésente. Ten­tez l’expérience !


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