Carte des 13 campus en région Auvergne-Rhône-Alpes et projets 2017

Une refondation de l’enseignement professionnel

Dossier : ExpressionsMagazine N°733 Mars 2018
Par Daniel BLOCH
Par Jacques DENANTES (49)

Pour rap­procher l’é­cole et le monde économique, l’É­d­u­ca­tion Nationale a créé en 2013 les Cam­pus des métiers regroupant des étab­lisse­ments d’en­seigne­ment sec­ondaire et d’en­seigne­ment supérieur, de for­ma­tion ini­tiale ou con­tin­ue. Ces Cam­pus sont con­stru­its autour d’un secteur d’ac­tiv­ité d’ex­cel­lence cor­re­spon­dant à un enjeu économique nation­al ou région­al soutenu par la col­lec­tiv­ité et les entreprises. 

C’est pour reval­oris­er l’enseignement pro­fes­sion­nel en France que le min­istère de l’Éducation nationale a lancé en 2013 une vaste réor­gan­i­sa­tion con­sis­tant à regrouper des étab­lisse­ments de tous les niveaux au sein des « Cam­pus des métiers et des qualifications ». 

MIEUX RÉPONDRE À L’OFFRE DE L’EMPLOI ET AUX ASPIRATIONS DES DEMANDEURS

Les cam­pus ont été insti­tués par la loi du 8 juil­let 2013 dite de « Refon­da­tion de l’École » :

« Il con­vien­dra de faire émerg­er des cam­pus des métiers, pôles d’excellence offrant une gamme de for­ma­tions pro­fes­sion­nelles, tech­nologiques et générales dans un champ pro­fes­sion­nel spé­ci­fique. Ces cam­pus pour­ront accueil­lir dif­férentes modal­ités de for­ma­tions (statut sco­laire, appren­tis­sage, for­ma­tion con­tin­ue, val­i­da­tion des acquis de l’expérience) et organ­is­er des pour­suites d’études supérieures. » 

Un objec­tif majeur de cette refon­da­tion est de mieux répon­dre à l’offre d’emplois tout en réduisant les fins de sco­lar­ité sans qual­i­fi­ca­tion et aus­si de relancer l’ascenseur social en facil­i­tant l’accès des adultes à des for­ma­tions qualifiantes. 

FORMER LES JEUNES MAIS AUSSI LES ADULTES

Bien au-delà d’un amé­nage­ment des dis­posi­tifs exis­tants, l’institution des cam­pus traduit la volon­té d’une refon­da­tion de l’enseignement et de la for­ma­tion pro­fes­sion­nelle. Sous l’impulsion des recteurs et des prési­dents de région, chaque cam­pus asso­cie, sur un site ter­ri­to­r­i­al et autour d’un champ pro­fes­sion­nel, des étab­lisse­ments d’enseignement sec­ondaire et supérieur, de statuts publics et privés, avec l’objectif de for­mer des élèves et des appren­tis, mais égale­ment des adultes. 

Un Guide des Cam­pus énumère les rela­tions qu’ils doivent établir avec les entre­pris­es du périmètre du campus : 

  • con­cer­ta­tion sur les con­tenus et les cal­en­dri­ers des alter­nances, sur les con­cor­dances entre référen­tiels et stages, sur la co-util­i­sa­tion des équipements techniques ; 
  • pos­si­bil­ité de con­stru­ire des par­cours de for­ma­tion adap­tés à tous les pro­fils en util­isant la diver­sité des établissements ; 
  • organ­i­sa­tion du droit au retour en for­ma­tion des adultes salariés en vue d’accroître leur qualification ; 
  • appel à con­tri­bu­tion de for­ma­teurs d’horizons divers ; trans­ferts de tech­nolo­gie et veille technologique. 

ALLIER LE RECTORAT ET LA RÉGION

Le label « Cam­pus des métiers et des qual­i­fi­ca­tions » est nation­al et inter­min­istériel. Il est attribué, pour qua­tre années, par les min­istres en charge de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur, de l’Économie et de l’Emploi.


Carte des 13 cam­pus en région Auvergne-Rhône-Alpes et pro­jets 2017.

Un groupe inter­min­istériel d’expertise des cam­pus – avec un prési­dent nom­mé par arrêté min­istériel – en liai­son avec le Con­seil nation­al édu­ca­tion économie ani­me la procé­dure d’appels à projets. 

Il analyse les pro­jets présen­tés, il apporte une assis­tance aux maîtres d’ouvrage dans la con­struc­tion de ces dis­posi­tifs et il con­tribue à éval­uer en temps réel leur fonctionnement. 

Les cam­pus fonc­tion­nent sous la dou­ble respon­s­abil­ité du recteur et du prési­dent de région qui en ont pro­posé la créa­tion. Une fois label­lisés, ce sont eux qui en assurent la maîtrise d’ouvrage.

Chaque cam­pus se con­stitue autour d’un ou quelque­fois deux étab­lisse­ments choi­sis comme pilotes. Ils sont pourvus d’une direc­tion opéra­tionnelle qui prend appui sur la struc­ture d’un de ces étab­lisse­ments pilotes ou éventuelle­ment sur un groupe d’intérêt pub­lic (GIP) spé­ci­fique recou­vrant l’ensemble des cam­pus de l’académie et de la région. 

Au niveau région­al, chaque admin­is­tra­tion con­cernée (région, rec­torat, Onisep, Direc­cte, agri­cul­ture…) désigne désor­mais le plus sou­vent en son sein un « référent campus ». 

DES PARCOURS DE RÉUSSITE DE BAC ‑3 À BAC +5

Chaque cam­pus accueille les apprenants sous dif­férents statuts : élèves, appren­tis, sta­giaires de la for­ma­tion pro­fes­sion­nelle, salariés en con­trat de qual­i­fi­ca­tion. Il s’occupe de résoudre les prob­lèmes d’hébergement et d’accès aux ressources cul­turelles en s’appuyant sur les régions. 

“ Le campus donne à chacun les moyens de la construction progressive d’un projet professionnel ”

En for­ma­tion ini­tiale, la sco­lar­ité peut s’arrêter au bac pro­fes­sion­nel mais aus­si se pour­suiv­re jusqu’au BTS et au-delà, au niveau mas­tère ou diplôme d’ingénieur.

À ceux qu’il accueille, le cam­pus donne les moyens d’une con­struc­tion pro­gres­sive d’un pro­jet pro­fes­sion­nel qui peut aller du niveau bac ‑3 jusqu’au niveau bac +5, en inter­venant en amont, dès le col­lège, pour con­tribuer à l’orientation des col­légiens, et en s’efforçant de réduire les « décrochages » en cours de chemin. 

Il met à la portée de cha­cun la pour­suite d’un par­cours de réus­site avec une ori­en­ta­tion active tout au long de la for­ma­tion, avec une ouver­ture à la cul­ture et à l’international et la con­struc­tion de com­mu­nautés d’appartenance.

DES CAMPUS EN PRISE DIRECTE AVEC LES TERRITOIRES

Le rôle du directeur opéra­tionnel est essen­tiel. La plu­part d’entre eux pos­sè­dent des com­pé­tences acquis­es à la fois dans le monde académique et dans le monde pro­fes­sion­nel. Compte tenu de l’ancrage des cam­pus, à la fois sec­to­riel et ter­ri­to­r­i­al, ils ont pour mis­sion, en prise directe avec les réal­ités opéra­tionnelles, de créer une dynamique en fédérant les étab­lisse­ments du campus. 

Ces derniers ont le plus sou­vent un car­ac­tère « local­isé » afin de faciliter la mise en place de plate­formes tech­niques com­munes et la con­struc­tion de par­cours de for­ma­tions croisés entre les divers étab­lisse­ments du cam­pus, quels qu’en soient les statuts, tout en don­nant corps à une poli­tique d’aménagement des ter­ri­toires. Ces directeurs opéra­tionnels peu­vent inter­venir, en tant que con­seils, dans l’élaboration de la carte des for­ma­tions académiques et régionales. 

Vision augmentée
Tête de pont de la révo­lu­tion numérique en Drôme-Ardèche, le Cam­pus des métiers et qual­i­fi­ca­tions image numérique et indus­trie créa­tive met en réseau lycéens, étu­di­ants, ingénieurs, chercheurs et entre­pris­es. © ROMASET

L’EXEMPLE DE LA RÉGION AUVERGNE-RHÔNE-ALPES

Un livret des bonnes pra­tiques rend compte des con­di­tions dans lesquelles le réseau de cam­pus se met en place. Chaque région pos­sède un sché­ma de développe­ment de ses campus. 

À titre d’exemple, voici celui de la région Auvergne- Rhône-Alpes avec ses trois académies et ses douze départe­ments. Treize cam­pus sont déjà lancés et trois autres sont en pro­jet. Il y a des référents cam­pus ter­ri­to­ri­aux et un coor­don­na­teur pour chaque académie et pour la région académique. 

Out­re son référent région­al, la Direc­cte a désigné un cor­re­spon­dant pour cha­cun des treize cam­pus. Ces cam­pus con­tribuent à la cohérence des for­ma­tions pro­fes­sion­nelles de la nou­velle région, par exem­ple pour le tourisme ou encore pour la con­struc­tion durable. 

UNE VOLONTÉ POLITIQUE À L’ÉCHELLE DU TERRITOIRE NATIONAL

78 cam­pus déjà sont label­lisés en France mét­ro­pol­i­taine et dans les Dom-Tom. Leur nom­bre devrait attein­dre la cen­taine en 2018. 

Cette démul­ti­pli­ca­tion traduit une volon­té poli­tique à l’échelle du ter­ri­toire nation­al ; en for­ma­tion ini­tiale, les cam­pus sont au cœur des dis­cus­sions sur l’apprentissage, et leur voca­tion à accueil­lir les adultes les con­stitue en acteurs de pre­mier rang dans la for­ma­tion continue. 

RÉFÉRENCE :

  • Réconcilier les Français avec leur industrie pour lutter contre son déclin, Forum social, JR n° 731, janvier 2018.
  • Le guide des Campus des métiers et des qualifications, sous la direction de Daniel Bloch, février 2017, consultable sur le site du ministère de l’Éducation nationale
  • Onisep : Office national d’information sur les enseignements et les professions.
  • Direccte : Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi.
  • Les bonnes pratiques des Campus des métiers et des qualifications, sous la direction de Daniel Bloch, février 2017, consultable sur le site du ministère de l’Éducation nationale

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