RENAULT SCÉNIC IV.

Une industrie en pleine transformation

Dossier : L'automobileMagazine N°717 Septembre 2016
Par Carlos GHOSN (74)

Une énergique présen­ta­tion de l’évo­lu­tion de l’au­to­mo­bile par le prési­dent de l’Al­liance Renault-Nis­san. Les con­struc­teurs en sor­tiront vain­queurs s’ils ont la taille — cela implique d’être mon­di­al — le souci con­stant du client et la pas­sion du pro­duit. Qua­tre défis doivent être relevés, la sécu­rité, l’en­vi­ron­nement, la volon­té du client d’être con­nec­té et la liber­té apportée par le pilotage automatique. 

Les acteurs de l’automobile sont con­fron­tés à un para­doxe : le marché a plus que dou­blé en quar­ante ans, mais il s’est telle­ment trans­for­mé que les dif­fi­cultés locales masquent la dynamique d’ensemble. En 1976, 40 mil­lions de véhicules env­i­ron étaient ven­dus tous les ans dans le monde. 

Trente ans plus tard, en 2005, la barre des 60 mil­lions de véhicules ven­dus était franchie, et en 2015, dix ans plus tard, nous avons atteint les 85 mil­lions de véhicules ven­dus, en dépit de la crise finan­cière de 2008. 

REPÈRES

L’Alliance Renault-Nissan a été créée en 1999 comme réponse stratégique au mouvement de consolidation de l’industrie automobile. C’est ce qui en fait le 4e groupe automobile mondial avec plus de 8,5 millions de véhicules vendus en 2015, soit 10 % du marché mondial. L’Alliance est un formidable moyen qui permet à Renault et Nissan d’avoir une empreinte mondiale, d’accéder à une innovation technologique au meilleur niveau du marché, et de maîtriser les coûts de production, d’achat et de R & D.

UN MARCHÉ MONDIALISÉ ET EN CROISSANCE

Le marché auto­mo­bile mon­di­al s’accélère et on prévoit 100 mil­lions de véhicules ven­dus en 2020. C’est l’accès à l’automobile dans les pays émer­gents et l’augmentation de la pop­u­la­tion mon­di­ale qui tirent cette expansion. 

Le secteur auto­mo­bile est donc très por­teur, en forte crois­sance, et les oppor­tu­nités nom­breuses. Les béné­fices de cette crois­sance seront cap­tés par les acteurs les plus inno­vants, les plus agiles et les plus compétitifs. 

UNE CONSOLIDATION TIRÉE PAR LA TAILLE ET L’EMPREINTE MONDIALES

Depuis cinquante ans, l’industrie s’est con­tinû­ment consolidée. 


Aujourd’hui le marché s’est resser­ré autour de dix grands constructeurs.
© SCHNABEL, MICKAËL / PRODIGIOUS PRODUCTION — RENAULT SCÉNIC IV.

Dans les années 1970, sur un marché pour­tant beau­coup plus étroit, on ne comp­tait pas moins d’une quar­an­taine de groupes auto­mo­biles, dont beau­coup de petits con­struc­teurs qui dévelop­paient des mar­ques prestigieuses. 

Aujourd’hui, le marché s’est resser­ré autour de dix grands con­struc­teurs qui représen­tent près de 90 % de la pro­duc­tion mon­di­ale de véhicules. 

Les coûts d’accès aux tech­nolo­gies atten­dues par nos clients et celles exigées par le lég­is­la­teur sont tels qu’il faut être un acteur de grande taille pour les financer. Mais la taille n’est pas le seul critère. 

Il faut aus­si avoir une empreinte mon­di­ale pour ne pas être pris­on­nier de cycles économiques régionaux qui peu­vent être fatals dans une indus­trie lourde en investisse­ments et dont la sou­p­lesse aux vari­a­tions de vol­ume reste limitée. 

Ain­si, lorsque l’Europe est en crise, les marchés émer­gents ou les États- Unis peu­vent com­penser, et inverse­ment. Être un groupe de taille et d’empreinte mon­di­ales est un atout con­sid­érable pour nous dévelop­per de façon durable. 

QUATRE DÉFIS SOCIÉTAUX

L’industrie auto­mo­bile vit sous la lumière des pro­jecteurs médi­a­tiques et des attentes socié­tales. Nous sommes atten­dus sur qua­tre thèmes en particulier. 

RENAULT TALISMAN ESTATE
Le pre­mier défi de l’automobile est la sécu­rité des personnes.
© HECKMANN, ULI / PRODIGIOUS PRODUCTION — RENAULT TALISMAN ESTATE

Le pre­mier défi de l’automobile est la sécu­rité des per­son­nes. 1,2 mil­lion de per­son­nes meurent encore chaque année dans le monde d’un acci­dent de voiture, à 95 % dans les pays émergents. 

Dans ces pays, il faut accélér­er le pas­sage au point de bas­cule de la mor­tal­ité routière que nous avons con­nu en France dans les années 1970 grâce à une action con­jointe des con­struc­teurs, du lég­is­la­teur, des infra­struc­tures et des comportements. 

Dans les pays dévelop­pés, la ten­dance à la baisse de la mor­tal­ité se pour­suit. La con­duite autonome va per­me­t­tre une véri­ta­ble rup­ture en ce domaine. Notre objec­tif est d’approcher le zéro acci­dent une fois la tech­nolo­gie maîtrisée. 

Nos inno­va­tions le per­me­t­tront dès lors que les cadres régle­men­taires seront adap­tés à ce nou­v­el environnement. 

MOINS DE CO2 ET DE POLLUANTS

Ensuite, l’industrie doit pour­suiv­re sa con­tri­bu­tion à la diminu­tion des émis­sions de CO2. C’était le grand sujet de la COP 21, et cela demeure un objec­tif pri­or­i­taire : réduire les émis­sions de CO2 des nou­veaux véhicules. 

Notre antéri­or­ité sur le véhicule élec­trique fait de l’Alliance le leader incon­testé du véhicule « zéro émis­sion » avec déjà plus de 300 000 véhicules ven­dus dont Zoé, leader du seg­ment en Europe. La con­duite élec­trique va de plus en plus devenir une évidence. 

La même respon­s­abil­ité nous incombe dans le domaine des pol­lu­ants (par­tic­ules, hydro­car­bu­res imbrûlés, monoxyde de car­bone, oxy­des d’azote). Il y a déjà eu ces dernières années une réduc­tion de plusieurs ordres de grandeur dans l’émission de ces pro­duits et cela va se pour­suiv­re sur l’ensemble des marchés mondiaux. 

L’actualité récente a attiré l’attention sur le sujet des émis­sions, et il est notam­ment apparu des écarts impor­tants entre les con­di­tions nor­mal­isées et les con­di­tions clients. 

Il est main­tenant acquis que les pro­grès atten­dus des con­struc­teurs iront de pair avec une régle­men­ta­tion plus per­ti­nente, et c’est un des enjeux des années à venir. 

Renault ZOE et Nissan LEAF pour la COP 21
Son antéri­or­ité sur le véhicule élec­trique fait de Renault-Nis­san le leader incon­testé du véhicule « zéro émission ».
© MARTIN−GAMBIER, OLIVIER — VÉHICULES ÉLECTRIQUES POUR LA COP 21.

PRIORITÉ AU TOUT-ÉLECTRIQUE

Pour apporter la meilleure réponse aux contraintes environnementales, l’Alliance Renault-Nissan a opté pour la technologie 100 % électrique. L’hybride est bien sûr une solution intéressante. Nous y sommes et nous y serons dès lors que le business case le justifie.
Le frémissement que nous observons sur le marché du véhicule électrique va s’accélérer : les modèles sont là, les consommateurs sont très satisfaits et prennent confiance. Les infrastructures de charge se développent, l’autonomie des batteries progresse vite.
Le décollage du marché annoncera la fin, pour nous, de la dépendance aux hydrocarbures et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le Groupe Renault-Nissan a été pionnier et est leader sur le segment du véhicule électrique.

PLUS DE RECYCLAGE

Enfin, l’industrie va devoir s’intégrer tou­jours davan­tage dans une logique d’usage de matéri­aux recy­clables, et mieux encore, de matéri­aux recy­clés. L’importance du marché (100 mil­lions de véhicules par an à brève échéance) impose que les com­posants de la voiture de demain soient per­pétuelle­ment réem­ployés, soit pour con­stru­ire un autre véhicule, soit pour un autre produit. 

Les fil­ières de recy­clage auto­mo­bile se met­tent en place et Renault est plus par­ti­c­ulière­ment impliqué dans celles dites « en boucles cour­tes », qui assurent ain­si le réem­ploi de nos pro­pres produits. 

ENTRE PERSONNALISATION ET COLLABORATION

Au-delà des exi­gences de pro­grès, c’est de nos clients que vien­dra la rup­ture. L’innovation dans le numérique va pro­fondé­ment trans­former notre rap­port au véhicule auto­mo­bile. La voiture con­nec­tée va nous offrir la con­ti­nu­ité de notre véhicule à notre bureau et à notre maison. 

Ecran 7 pouces sur planche de bord
Notre véhicule sera tou­jours plus per­son­nal­is­able et plus per­son­nal­isé.. © RENAULT MARKETING 3D−COMMERCE — RENAULT TALISMAN

Des temps con­sid­érables, qui étaient aupar­a­vant per­dus, com­men­cent déjà à être util­isés pour tra­vailler, organ­is­er sa vie per­son­nelle ou encore prof­iter de sa famille ou de ses amis. 

Les mar­ques et l’univers de l’Internet qui peu­plent désor­mais nos maisons sont en train de pénétr­er dans notre voiture : on y sera aus­si bien, voire mieux, que chez soi ou au bureau. 

La ques­tion de la con­fi­den­tial­ité et de la sécu­rité des don­nées est posée et prise très au sérieux, car tout faux pas affectera durable­ment la répu­ta­tion d’un constructeur. 

LA RÉVOLUTION DU PILOTAGE AUTOMATIQUE

Le véhicule autonome va lui aus­si peu à peu pro­fondé­ment trans­former les usages. C’est pour gag­n­er le coût du con­duc­teur et pro­pos­er des plages horaires éten­dues que l’industrie des trans­ports de per­son­nes (com­pag­nies de taxis ou de VTC) investit mas­sive­ment dans la recherche sur le véhicule sans chauffeur. 

Nous, con­struc­teurs, voyons le véhicule autonome essen­tielle­ment comme une liber­té sup­plé­men­taire offerte à nos clients. La pos­si­bil­ité de pass­er en « pilotage automa­tique » va rad­i­cale­ment trans­former l’expérience de con­duite. Il sera pos­si­ble de con­duire quand on veut, pour la durée que l’on veut. On pour­ra décom­pos­er un tra­jet en plusieurs phas­es, dont celle de con­duite pour un plaisir choisi. 

Cette révo­lu­tion, qui sera pro­gres­sive, s’étendra ain­si dans les pays dévelop­pés puis à l’ensemble du globe. 

AUTONOMIE ET CONNECTIVITÉ

Notre véhicule sera tou­jours plus per­son­nal­is­able et plus per­son­nal­isé, l’expérience y sera presque intime. Rap­pelons-nous le rap­port que nous avions avec les pre­miers télé­phones mobiles : nous pou­vions sans gêne le prêter à un incon­nu pour un rapi­de coup de fil. 

Aujourd’hui, nous entretenons au con­traire un rap­port très intime à notre smart­phone, c’est le nôtre et il ne ressem­ble pas à celui de nos amis ou de nos voisins. Le véhicule autonome et con­nec­té sera pour nous un objet de notre intim­ité, nous en pren­drons véri­ta­ble­ment soin. 

En même temps, une par­tie des con­som­ma­teurs souhaite partager son véhicule avec d’autres con­som­ma­teurs et ne fait pas de sa pro­priété une priorité. 

Un seg­ment du marché sera donc organ­isé autour du partage auto­mo­bile et du cov­oiturage, cor­re­spon­dant à des âges de la vie, à des con­traintes économiques ou spa­tiales. L’industrie devra suiv­re avec atten­tion le développe­ment de cette économie col­lab­o­ra­tive et pro­pos­er les ser­vices et inno­va­tions lui per­me­t­tant de con­serv­er sur ces véhicules le lead­er­ship qu’elle souhaite con­serv­er sur l’ensemble du marché. 

UN MYTHE PLUS QUE CENTENAIRE

Dans dix ans, nul doute que le paysage des acteurs auto­mo­biles mon­di­aux aura pro­fondé­ment évolué. 

Le retour d'Alpine
Alpine, retour gag­nant dès cette année aux 24 Heures du Mans.

Ceux qui demeureront dans la course auront réus­si à jouer à fond la carte de l’innovation, à anticiper les deman­des de leurs clients, à capter la valeur ajoutée tout en répon­dant aux légitimes deman­des sociétales. 

Mais, plus durable­ment, les con­struc­teurs qui gag­neront auront su préserv­er et cul­tiv­er la pas­sion de l’automobile, son mythe plus que centenaire. 

C’est le secret de cette indus­trie qui pas­sionne tant et qui se trans­forme tou­jours. C’est égale­ment le pari de Renault, une mar­que de passion. 

Notre nou­v­el engage­ment en For­mule 1 depuis cette année en témoigne ; le retour d’Alpine, sa vic­toire aux 24 Heures du Mans dès cette année, et sa renais­sance sur nos routes l’an prochain, en est une autre illustration. 

C’est parce que nous aimons pas­sion­né­ment l’automobile que nous investis­sons pour la réinventer. 

Renault en FI avec Kevin MAGNUSSEN
Renault est présent en For­mule I

Renault en FE avec Nicolas PROST
comme en For­mule E

Voir dans ce numéro l’ar­ti­cle con­sacré à Éric BARBAROUX (81) qui est à l’o­rig­ine de la For­mu­la E où la part de Renault dans le développe­ment de cette formule

Commentaire

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Zacharie Ger­vaisrépondre
30 septembre 2016 à 10 h 33 min

Arti­cle per­ti­nent sur le
Arti­cle per­ti­nent sur le sujet de l’au­to­mo­bile, mais à quand les appareils entière­ment élec­triques ? Cela per­me­t­trait d’éviter l’u­til­i­sa­tion d’én­er­gies fos­siles dont on manque de plus en plus. Il y a plusieurs sites dédiés à ce sujet, qu’il faut selon moi par­courir car l’élec­tric­ité est l’avenir.

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