Technologies de l’Information et Optimisation des Performances

Dossier : Les consultantsMagazine N°528 Octobre 1997
Par Hervé HILLION (80)

Rôle et enjeux des technologies de l’information

Rôle et enjeux des technologies de l’information

La mon­di­al­i­sa­tion des marchés et de la con­cur­rence, comme la réal­ité économique le démon­tre quo­ti­di­en­nement, ne cesse de s’ac­célér­er dans la plu­part des secteurs indus­triels. Cette glob­al­i­sa­tion boule­verse pro­fondé­ment l’en­vi­ron­nement dans lequel les entre­pris­es, même celles ayant une implan­ta­tion inter­na­tionale de longue date, ont eu l’habi­tude d’évoluer : les lignes de pro­duits sont désor­mais gérées glob­ale­ment et non plus par pays, les équipes de développe­ment des nou­veaux pro­duits sont inter­na­tionales, les sites de pro­duc­tion sont spé­cial­isés par pro­duit et gérés à l’éch­e­lon d’un con­ti­nent, les four­nisseurs sont mondiaux.

Ce nou­v­el envi­ron­nement a con­sid­érable­ment aug­men­té la com­plex­ité de ges­tion et de coor­di­na­tion des opéra­tions indus­trielles et logis­tiques. Les entre­pris­es ne peu­vent plus s’ac­com­mod­er de modes de com­mu­ni­ca­tion informels et de sys­tèmes d’in­for­ma­tions locaux. L’in­té­gra­tion et la par­faite maîtrise des sys­tèmes et des nou­velles tech­nolo­gies de l’in­for­ma­tion sont désor­mais des fac­teurs-clés de com­péti­tiv­ité. Leur mise en oeu­vre doit per­me­t­tre d’at­tein­dre trois objec­tifs majeurs :

  • une coor­di­na­tion effi­cace de l’ensem­ble des activités,
  • l’op­ti­mi­sa­tion et le sup­port à la prise de décision,
  • l’é­val­u­a­tion de la per­for­mance globale.


Bien enten­du, si les tech­nolo­gies de l’in­for­ma­tion jouent un rôle majeur dans la coor­di­na­tion et l’op­ti­mi­sa­tion des proces­sus opéra­tionnels, d’autres fac­teurs-clés sont indis­so­cia­bles. La mise en réseau des sys­tèmes, le déploiement d’In­ter­net, l’ac­qui­si­tion de progi­ciels ERP (Entre­prise Ressource Plan­ning) par exem­ple, n’ap­por­tent en soi aucune solu­tion. Exploiter les tech­nolo­gies de l’in­for­ma­tion pour obtenir des gains majeurs de per­for­mance néces­site une approche struc­turée et focal­isée sur trois enjeux :

  • la déf­i­ni­tion des besoins de manière glob­ale et cohérente,
  • l’op­ti­mi­sa­tion des proces­sus et de l’organisation,
  • l’in­té­gra­tion des sys­tèmes d’informations.

Définition des besoins de manière globale et cohérente

L’ob­jec­tif est de met­tre en cohérence des besoins dis­parates et spé­ci­fiques à chaque domaine-clé de la ges­tion des opéra­tions, de façon à assur­er une opti­mi­sa­tion glob­ale de la per­for­mance. Les leviers majeurs d’amélio­ra­tion rési­dent aujour­d’hui dans la maîtrise des inter­faces et non dans les opti­mi­sa­tions locales de chaque activité.

Le sys­tème d’in­for­ma­tions doit pou­voir gér­er et coor­don­ner à l’échelle de l’en­tre­prise des flux de don­nées et les proces­sus de traite­ment asso­ciés, tels que :

  • don­nées tech­niques produit/process
     — créa­tion d’un référen­tiel com­mun et partagé,
     — ges­tion de con­fig­u­ra­tion sur la total­ité du cycle de vie,
     — ges­tion des modifications…
  • don­nées logistiques
    — prévi­sions agrégées par famille/ marché/pays,
    — équili­brage glob­al des stocks,
    — plan­i­fi­ca­tion glob­ale des flux de distribution,
    — affec­ta­tion des deman­des clients…
  • don­nées de production
    — prévi­sions détail­lées par référence produit,
    — plan­i­fi­ca­tion glob­ale de la production,
    — planification/ordonnancement par site,
    — inté­gra­tion suivi de production…
     
  • don­nées fournisseurs
     — con­sol­i­da­tion des deman­des d’approvisionnements,
     — plan­i­fi­ca­tion glob­ale des achats,
     — suivi fournisseurs…

Optimisation des processus et de l’organisation

Inté­gr­er les sys­tèmes et tech­nolo­gies de l’in­for­ma­tion sans remet­tre en cause les proces­sus et modes d’or­gan­i­sa­tion exis­tants est un fac­teur cri­tique d’échec des pro­jets. Il est en effet indis­pens­able de recon­fig­ur­er les proces­sus opéra­tionnels par rap­port aux nou­velles con­traintes imposées par le marché, la con­cur­rence, etc. Pour attein­dre cet objec­tif, les démarch­es de BPR (Busi­ness Process Reengi­neer­ing) sont utiles mais insuff­isantes. Il faut impéra­tive­ment répon­dre aux deux questions-clés :

  • com­ment réor­gan­is­er les proces­sus pour exploiter au mieux les nou­velles tech­nolo­gies de l’information ?
  • quel doit être le degré d’in­té­gra­tion organisationnelle ?


En ce qui con­cerne les nou­velles tech­nolo­gies de l’in­for­ma­tion et leur impact dans l’en­tre­prise, il suf­fit d’ob­serv­er ce qui se passe aux États-Unis depuis deux ans. On assiste au déploiement sans précé­dent de logi­ciels spé­cial­isés, des­tinés à inté­gr­er et opti­miser les proces­sus-clés des entre­pris­es indus­trielles, par exemple :

  • les progi­ciels de PDM (Prod­uct Data Man­age­ment) : ces sys­tèmes per­me­t­tent de con­stituer et de gér­er un référen­tiel unique et partagé de toutes les don­nées tech­niques de l’en­tre­prise (plans, nomen­cla­tures, dossiers…). Le con­cur­rent engi­neer­ing devient une réalité…
  • les progi­ciels de SUPPLY CHAIN : ces sys­tèmes per­me­t­tent de plan­i­fi­er et de gér­er glob­ale­ment les flux d’ap­pro­vi­sion­nement, de pro­duc­tion et de dis­tri­b­u­tion à l’éch­e­lon mon­di­al. L’in­té­gra­tion glob­ale de la chaîne logis­tique devient égale­ment une réalité…


Néan­moins, l’im­pact de ces tech­nolo­gies est forte­ment lié à leurs modal­ités de mise en œuvre dans les entre­pris­es. Quel est l’in­térêt de dis­pos­er d’un référen­tiel pro­duit unique partage­able par toutes les fonc­tions de l’en­tre­prise (mar­ket­ing, études, indus­tri­al­i­sa­tion, pro­duc­tion…) si les équipes restent cloi­son­nées ? Com­ment tir­er par­ti d’un sys­tème de plan­i­fi­ca­tion glob­al des flux sans met­tre en place une véri­ta­ble fonc­tion logis­tique trans­ver­sale (approvisionnements/production/distribution) ?

D’où la néces­sité de remet­tre en cause le mod­èle de l’or­gan­i­sa­tion et son degré d’in­té­gra­tion : fonc­tions centralisées/décentralisées, fonctionnelles/hiérarchiques, répar­ti­tion des niveaux de respon­s­abil­ité, mécan­ismes de coordination.

Intégration des systèmes d’informations

Une autre dif­fi­culté existe dans la mise en oeu­vre des tech­nolo­gies de l’in­for­ma­tion, pré­cisé­ment en ce qui con­cerne les solu­tions d’in­té­gra­tion des appli­cat­ifs et des matériels : faut-il inté­gr­er des sys­tèmes spé­cial­isés (par exem­ple par domaine fonc­tion­nel) ou met­tre en oeu­vre des sys­tèmes stan­dard pré-inté­grés tels que les progi­ciels ERP (Entre­prise Ressource Planning).

Il s’ag­it d’une ques­tion déter­mi­nante à plusieurs égards :

  • l’of­fre en matière de solu­tions applica­tives évolue de plus en plus vite avec un foi­son­nement à la fois d’ap­pli­ca­tions “ver­ti­cales” métiers et de nou­velles “couch­es” tech­nologiques (dataware­house…) ;
  • les efforts d’adap­ta­tion des entre­pris­es devi­en­nent per­ma­nents, que ce soit sous la pres­sion des marchés, le renou­velle­ment de plus en plus rapi­de des pro­duits, le rythme d’évo­lu­tion des technologies…


Dans ce con­texte, la notion de progi­ciel “stan­dard” déployé dans la total­ité de l’en­tre­prise et imposant une struc­ture com­mune et uni­verselle de ges­tion à l’ensem­ble des fonc­tions n’est plus adap­tée. Les sys­tèmes d’in­for­ma­tions de demain seront struc­turés par “objets” métiers, aisé­ment recon­fig­urables en fonc­tion de l’évo­lu­tion des proces­sus de l’entreprise.

L’impact sur la performance globale

Bien exploitées, les tech­nolo­gies de l’in­for­ma­tion sont à l’o­rig­ine de gains spec­tac­u­laires en per­for­mance. Dans le domaine indus­triel et logis­tique, les résul­tats sont par­ti­c­ulière­ment élo­quents : 50 % de réduc­tion des cycles de développe­ment des pro­duits, niveaux de stock divisés par 2 ou 3, pro­duc­tiv­ité accrue de 30 à 40 %… au prix cepen­dant d’une réor­gan­i­sa­tion pro­fonde des proces­sus opérationnels.

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