Les grands vins de la rive gauche (Médoc)

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°603 Mars 2005Rédacteur : Laurens DELPECH

La taille de cette région, le nom­bre de châteaux ont ren­du néces­saires des classe­ments, comme le classe­ment de 1855 qui n’a con­nu qu’une seule mod­i­fi­ca­tion, en 1973, quand Mou­ton-Roth­schild est passé du statut de sec­ond cru classé à celui de pre­mier cru classé. L’arrêté a été signé par le min­istre de l’Agriculture d’alors, un cer­tain Jacques Chirac… Cette hiérar­chi­sa­tion des vins rouges et blancs de la Gironde (con­cer­nant en fait unique­ment le Médoc et Sauternes et Barsac, à la seule excep­tion de Haut-Brion, situé dans les Graves) était basée sur le prix des vins sur une péri­ode de trente ans. C’est donc un classe­ment entière­ment fondé sur les réal­ités du marché, ce qui explique sa péren­nité, bien qu’il mérit­erait aujourd’hui quelques adap­ta­tions. Mal­heureuse­ment, c’est un classe­ment sans clause de révi­sion, ce qui rend tout change­ment très difficile.

Ces crus pres­tigieux sont chers, mais ils devi­en­nent plus abor­d­ables si on achète le sec­ond vin pro­duit par chaque pro­priété. Le sec­ond vin est fait à par­tir d’assemblages qui ont été écartés pour le grand vin, qui est le résul­tat d’une sélec­tion impi­toy­able. Il n’en reste pas moins qu’il provient du même ter­roir que le grand vin et béné­fi­cie du savoir-faire de l’équipe tech­nique d’un grand château. Dans toutes les pro­priétés que nous citons et où nous recom­man­dons l’achat du sec­ond vin, nous citons son nom entre par­en­thès­es, après celui du grand cru. On trou­ve ces sec­onds vins entre 10 et 50 euros, selon le mil­lésime et la répu­ta­tion du cru.

Dans le Médoc, les qua­tre com­munes qui abri­tent la qua­si-total­ité des crus classés sont Mar­gaux, Saint-Julien, Pauil­lac et Saint-Estèphe.

D’une super­fi­cie de 1 350 hectares (9 % du vig­no­ble du Médoc), l’appellation Mar­gaux rassem­ble 21 crus classés en 1855, dont un pre­mier (Château Mar­gaux) et cinq sec­onds. Cette appel­la­tion présente la par­tic­u­lar­ité de fig­ur­er à cha­cun des cinq degrés du classe­ment de 1855. Les crus classés représen­tent 69% de la pro­duc­tion. Déli­cats et élé­gants, les Mar­gaux, qui dévelop­pent sou­vent des arômes de vio­lette, sont égale­ment des vins solides et de grande garde.

Meilleurs vins : Château Mar­gaux (Pavil­lon Rouge de Château Mar­gaux), Château Palmer (Alter Ego de Palmer), Château d’Issan (Bla­son d’Issan), Kir­wan (Les Charmes de Kir­wan), Brane-Can­tenac (Baron de Brane) et Can­tenac-Brown (Canuet).

Située au cen­tre du Médoc, entre Mar­gaux et Pauil­lac, l’appellation Saint-Julien peut être con­sid­érée comme rel­a­tive­ment peu éten­due, avec 900 hectares, mais elle rassem­ble une des plus impor­tantes con­cen­tra­tions de crus classés dans le Médoc (11 crus classés dont 5 sec­onds). On dit des vins de Saint-Julien qu’ils ont “ la force des Pauil­lac et la finesse des Mar­gaux”. Ce sont des vins rouges racés et puis­sants, qui ont beau­coup de dis­tinc­tion. Ils s’expriment pleine­ment après quelques années de garde.

Meilleurs vins : Château Léoville-Las Cas­es (Clos du Mar­quis), Château Léoville-Poy­fer­ré (Moulin-Riche), Château Gru­aud-Larose (Le Sar­get de Gru­aud-Larose), Château Lagrange (Fiefs de Lagrange), Château Branaire (Duluc).

L’appellation Pauil­lac, d’une super­fi­cie de 1 200 hectares, est entre Saint-Julien et Saint-Estèphe. C’est l’appellation la plus pres­tigieuse du Médoc. Dix-huit châteaux situés de cette com­mune fig­urent dans le classe­ment des vins de Bor­deaux de 1855, dont trois des cinq pre­miers crus classés. Les vins de Pauil­lac représen­tent à bien des égards l’archétype du grand cru de Bor­deaux. Ce sont des vins rouges très pleins, austères quand ils sont jeunes, mais qui s’assouplissent avec l’âge. Dans les grands mil­lésimes, ils ont un fab­uleux poten­tiel de vieillissement.

Meilleurs vins : Château Lafite-Roth­schild (Car­ru­ades de Lafite), Château Mou­ton-Roth­schild (Le Petit Mou­ton de Mou­ton-Roth­schild), Château Latour (Les Forts de Latour), Pichon-Longueville Comtesse de Lalande (Réserve de la Comtesse), Pichon-Longueville Baron (Les Tourelles de Longueville), Lynch-Bages (Haut- Bages-Avérous), Duhart-Milon (Moulin de Duhart), Pon­tet-Canet (Les Hauts de Pontet).

Saint-Estèphe est l’appellation la plus septen­tri­onale et – avec 1 245 hectares –, la plus éten­due des appel­la­tions com­mu­nales du Médoc. Elle compte cinq crus classés en 1855 (dont deux sec­onds crus classés : Cos d’Estournel et Mon­trose, qui fig­urent par­mi les meilleurs vins du Médoc) et de nom­breux crus bour­geois. Les vins de Saint-Estèphe sont des vins puis­sants, char­nus et fruités. Ils peu­vent vieil­lir longtemps tout en con­ser­vant jeunesse et fraîcheur.

Meilleurs vins : Château Cos d’Estournel (Les Pagodes de Cos), Château Mon­trose (La Dame de Mon­trose), Château Calon-Ségur (Mar­quis de Calon), Château Phélan-Ségur (Franck Phélan), Château Les Ormes de Pez.

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