Les missaires de la Khômiss 16

Auriane Cozic (2016) garante du désordre et des traditions !

Dossier : Nouvelles du PlatâlMagazine N°746 Juin 2019
Par Alix VERDET

Auriane est en 3e année d’école, en stage de recherche en bio-infor­ma­tique à l’uni­ver­si­té de New York (NYU). L’an pro­chain, elle effec­tue­ra sa 4A à l’EPFL en Suisse dans le dépar­te­ment de bio-ingé­nie­rie. Durant son temps sur le pla­teau, elle a été la troi­sième fille à faire par­tie de la Khômiss.

Elève polytechnicienne en Grand Uniforme

Quel est ton parcours ?

Je viens de Tou­louse et j’ai fait ma pré­pa au lycée Pierre-de-Fer­mat. J’étais bonne en sciences au lycée sans trop savoir ce que je vou­lais faire donc j’ai été assez natu­rel­le­ment orien­tée vers une pré­pa. Puis là-bas, j’ai été diri­gée vers l’X que j’ai décou­verte par le biais d’informations reçues et du témoi­gnage des anciens de Fer­mat. J’ai inté­gré en 32. Chaque année, il y a une ving­taine d’élèves de Fer­mat qui entrent à Poly­tech­nique, ce qui faci­lite l’intégration à l’École. La for­ma­tion mili­taire y aide aus­si beau­coup car l’administration fait en sorte de mélan­ger les pré­pas, les pro­ve­nances, etc.

Qu’as-tu aimé à l’École ?

J’ai beau­coup appré­cié toutes les oppor­tu­ni­tés offertes, la grande diver­si­té tant dans le choix des cours et de car­rière que dans les asso­cia­tions d’élèves dans les­quelles on peut tous trou­ver sa place. J’ai fait par­tie de la Khô­miss, du BôBar, du binet Rug­by fémi­nin, du binet Orga­ni­sa­tion du week-end ski bipro­mo, du binet Sud-Ouest.

Venons-en à la Khômiss. Sais-tu pourquoi le GénéK t’a sélectionnée ?

On ne sait pas exac­te­ment pour­quoi on est sélec­tion­né. C’est le GénéK qui, après son élec­tion, choi­sit douze per­son­na­li­tés pour for­mer une équipe de mis­saires à ses côtés. Avoir une fille dans le groupe était jusque-là assez inha­bi­tuel, mais ça a très bien fonc­tion­né. Il fal­lait juste que je fasse par­ti­cu­liè­re­ment atten­tion pen­dant nos appa­ri­tions, pour gar­der mon ano­ny­mat. En effet, je por­tais la même tenue que les autres (le « GU tra­di » mas­cu­lin) mais pou­vais être recon­nais­sable par ma démarche ou ma silhouette.

Selon toi, le nombre minoritaire de filles est-il un problème ?

Dans la sec­tion hand­ball dont je fai­sais par­tie, les filles sont 25 %, donc je ne le res­sen­tais pas trop dans la vie de sec­tion. Et dans les binets comme le BôBar et la Khô­miss où j’étais la seule fille, on ne fai­sait pas de dif­fé­rence, on ne me consi­dé­rait pas dif­fé­rem­ment du fait que j’étais une fille. Grâce à l’IK au fémi­nin le sujet est assez pré­sent sur le pla­teau et les gens font atten­tion. Per­son­nel­le­ment, je me suis tou­jours sen­tie en sécu­ri­té même s’il est bon de conti­nuer à faire évo­luer les mentalités.

Qu’as-tu fait pendant ton mandat secret ?

La Khô­miss se veut garante du désordre et des tra­di­tions. Nous avons donc pré­pa­ré cer­tains ren­dez-vous annuels comme les céré­mo­nies de remise du bicorne et de la tan­gente mais aus­si l’inkhôrpo des 2018. Nous sommes là pour faire le lien avec toute l’histoire de l’École et pour per­pé­tuer cer­taines tra­di­tions par exemple faire un tour dans les « soutes » de l’École (lors de la nuit des « sou­ter­rains »), en mémoire du bahu­tage des géné­ra­tions précédentes.

Mais la Khô­miss est aus­si une des voix des élèves en dehors de la Kès car le GénéK est élu par les élèves. En cas de désac­cord avec l’administration, le GénéK essaie de por­ter la voix des élèves d’une autre manière. Or notre année avait eu des désac­cords avec le direc­teur de l’enseignement et de la recherche qui était en dis­cus­sion avec les repré­sen­tants d’élèves, notam­ment la Kès, sans que cela abou­tisse. Il s’agissait d’un chan­ge­ment dans le règle­ment des études à pro­pos de l’absentéisme, et aus­si plus géné­ra­le­ment d’une cri­tique sur la manière dont la réforme avait été ame­née. La Khô­miss est donc inter­ve­nue, après avoir son­dé les élèves, pour faire connaître son désac­cord auprès du direc­teur de l’enseignement et du reste de l’administration.

L’une des autres mis­sions de la Khô­miss est d’organiser des gags pen­dant cer­taines céré­mo­nies mili­taires internes pour mon­trer une des valeurs de l’X : l’impertinence poly­tech­ni­cienne, c’est-à-dire savoir prendre les choses au second degré et faire preuve de créativité.

Polytechnicien déguisé avec un masque à gaz et son colonel sur un tandem

Quel est ton meilleur souvenir de la Khômiss ?

Je crois que c’était la soi­rée finale où nous avons révé­lé nos iden­ti­tés. Parce que nous avons pas­sé beau­coup de temps à treize, à réflé­chir sérieu­se­ment, à se poser des ques­tions, à s’amuser… Donc c’était un peu par­ti­cu­lier de ne pas pou­voir se voir ouver­te­ment le reste du temps pour pré­ser­ver l’anonymat du groupe. C’était une vraie satis­fac­tion à la fin de pou­voir nous révé­ler aux autres, d’avoir leur retour direct sur ce que nous avions fait pen­dant l’année et de pou­voir enfin pas­ser du temps ensemble.

Être mis­saire a été très ins­truc­tif. Je ne m’attendais pas à un binet comme celui-ci. Ça m’a appris par exemple à tra­vailler avec douze autres per­sonnes qui avaient le même objec­tif que moi mais pas for­cé­ment la même manière de faire. Ensuite, pour faire entendre notre voix, nous devions réflé­chir à la manière d’avoir de l’impact, ce qui n’est pas for­cé­ment évident à faire en res­tant « poli­ti­que­ment cor­rect ». Nous nous sommes beau­coup inter­ro­gés sur ce que nous vou­lions pour l’École et sur la manière de le faire. Et nous avons appris à ne pas prendre les choses trop au sérieux, à lâcher prise et avoir recours au second degré dans nos liens avec l’École.

Quel regard portes-tu sur les traditions de l’X ? Sont-elles surannées ou gardent-elles leur sens ?

Je pense qu’elles sont assez essen­tielles. Car c’est une des choses qui contri­buent à ce que nous ayons un réseau si puis­sant, si entre­te­nu. Nous don­nons du sens à notre par­cours à tra­vers les tra­di­tions entre autres parce que ça fait un lien entre les générations.


Pour en savoir plus sur la Khômiss, voir JR spéciale Traditions : 

« La Khô­miss fait son koming-out »

« La Khô­miss quand la Khô­miss n’existait pas : le Déco­no­mi­cron (72−73) »

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