X‑Action : » L’ascenseur social, une raison d’être de l’École polytechnique »

Dossier : X-Action : du soutien scolaire à l'innovationMagazine N°645 Mai 2009
Par Jacques BOUTTES (52)

« Il y a dans la devise de la Répu­blique la fra­ter­ni­té, syno­nyme de soli­da­ri­té entre les hommes. » C’est ain­si que Jacques Bouttes concluait le Col­loque du bicen­te­naire pour se lan­cer tout aus­si­tôt dans la créa­tion d’X-Action, pre­mier pas pour don­ner aux exclus la digni­té à laquelle ils ont droit à tra­vers un sou­tien sco­laire aux jeunes de milieux défavorisés.

Jacques Bouttes a tou­jours l’âge de lire Tin­tin et il tient à le faire savoir. Il a d’ailleurs bien l’in­ten­tion, par la suite, de conti­nuer à le lire en cachette. Son secret (de la Licorne), ses bijoux (de la Cas­ta­fiore), son tré­sor (de Rack­ham le Rouge), ce sont sa fougue et son éter­nelle jeunesse.

Au len­de­main du Col­loque du bicen­te­naire, qu’il pré­side, il passe immé­dia­te­ment aux actes avec la créa­tion d’X-Action. Il se consacre avant tout à la for­ma­tion des jeunes de milieux défa­vo­ri­sés. D’a­bord asso­cié à Trem­plin et à l’Ins­ti­tut Paul Delou­vrier1, il trouve l’aide pré­cieuse de la Grande Chan­cel­le­rie de la Légion d’hon­neur, qui par­raine chaque année cinq cents jeunes de milieux défa­vo­ri­sés, mais ne se charge pas d’as­su­rer le sou­tien sco­laire indis­pen­sable à une cin­quan­taine d’entre eux.

Priorité au soutien scolaire

Quelques mil­liers de jeunes concernés
Les actions actuelles en faveur des jeunes défa­vo­ri­sés de haut niveau touchent quelques cen­taines d’é­lèves sur la Région pari­sienne. On peut esti­mer le poten­tiel à deux mille sur toute la France. X‑Action sou­haite enga­ger des pro­grammes en pro­vince, en par­ti­cu­lier à Tou­louse, avec l’aide de l’A­ca­dé­mie de l’es­pace dont Jacques Bouttes est membre.

» Le sou­tien sco­laire et l’ac­cès à la culture tech­nique et scien­ti­fique sont prio­ri­taires, assure Jacques Bouttes. Le pre­mier pas consiste à recru­ter des » pro­fes­seurs » qui puissent assu­rer tous les quinze jours deux heures de cours de mathé­ma­tiques ou de phy­sique au niveau des classes de pre­mière et de ter­mi­nale. Je trouve faci­le­ment des retrai­tés, mais aus­si plu­sieurs jeunes cama­rades de trente ou trente-cinq ans, tous béné­voles, bien enten­du. Il faut ensuite trou­ver des salles de cours. La Chan­cel­le­rie m’en assure deux et la Mai­son des X une troisième. »

» Il faut, enfin, des can­di­dats. Ils sont ame­nés par le lycée Col­bert et l’É­du­ca­tion natio­nale qui pro­posent des dos­siers au choix de la Grande Chancellerie. »

Convaincre d’oser

» Il faut convaincre ces jeunes d’o­ser et d’a­bord de ne pas craindre de viser le plus haut niveau. Il faut qu’ils puissent réus­sir les concours nor­maux, au niveau des élites, comme des élites. » » Ce n’est pas tou­jours facile, admet Jacques Bouttes. Ils ne doivent pas rechi­gner à tra­vailler, à faire des efforts pour réus­sir. Le contexte fami­lial est par­fois un obs­tacle. » » Il faut, enfin, bien insis­ter sur le fait qu’on ne fait pas cela par cha­ri­té, mais pour contri­buer à la richesse de la France et qu’eux-mêmes doivent se dire qu’ils tra­vaillent pour le pays. »


X‑Action

Pré­sident : Jacques Bouttes
6, rue du Géné­ral-Camou 75007 Paris
Tél. : 01.45.51.48.36.

Appel aux volontaires
Vous n’avez pas com­plè­te­ment oublié vos mathé­ma­tiques. Vous pou­vez dis­po­ser de quelques heures tous les quinze jours.
Le sou­tien sco­laire aux jeunes issus de milieux défa­vo­ri­sés vous intéresse.

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Jacques Bouttes (52), quatre enfants, qua­torze petits-enfants, ingé­nieur de l’Air, pilote de chasse, consacre ses pre­mières vingt-cinq années de car­rière à l’Onera (Office natio­nal d’études et de recherches aéro­spa­tiales), tout en ensei­gnant à l’École poly­tech­nique. Après avoir exer­cé des postes de haute direc­tion chez Thom­son puis Inter­tech­nique, il dirige l’École supé­rieure des tech­niques aéro­nau­tiques et de construc­tion auto­mo­bile (Esta­ca). Il devient consul­tant à soixante ans et le reste tou­jours, ayant tra­vaillé notam­ment sur les pro­blèmes de bruit du TGV.

Pré­sident de l’AX de 1982 à 1986, il pré­side en 1994 le grand Col­loque du bicentenaire.

Fédérer la nébuleuse

Mais com­ment se place réel­le­ment X‑Action par­mi tous les pro­grammes plus ou moins similaires ? »

Je vou­drais créer une véri­table Fédé­ra­tion, avec la Grande Chan­cel­le­rie de la Légion d’hon­neur, qui serait le porte-dra­peau, l’AX avec X‑Action, les Orphe­lins d’Au­teuil, l’X avec » Une Grande école, pour­quoi pas moi ? « , Trem­plin et l’Ins­ti­tut Paul Delouvrier. »

Pas de contrainte, pas d’argent

» Pas de coti­sa­tion, pas de dépenses. Nous payons en nature en don­nant du temps. J’ai le sou­tien moral des pou­voirs publics, mais je ne veux pas de contrainte, donc sur­tout pas d’argent. Les entre­prises peuvent éga­le­ment déta­cher quelques cadres supé­rieurs quelques heures, comme elles le font déjà avec Tremplin. »

Vers l’innovation

Au-delà de la for­ma­tion, X‑Action sou­haite s’in­té­res­ser au sou­tien de l’in­no­va­tion et à la for­ma­tion à l’innovation. »

La bonne inno­va­tion, selon Jacques Bouttes, c’est un pro­duit véri­table, adap­té aux mar­chés, à forte valeur ajou­tée, réa­li­sable avec des per­sonnes à salaire élevé. »

1. Voir le dos­sier Forum social, en pages 64 à 75 du numé­ro de mars 2009 de La Jaune et la Rouge.

Propos recueillis par Jean-Marc Chabanas (58)

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