Variation du chômage

Dossier : Dossier emploiMagazine N°542 Février 1999Par : Jean-François VERNET (40)

En effet, le per­fec­tion­ne­ment de la tech­nique intro­duit dans les fabri­ca­tions de plus en plus de machines auto­ma­tiques, d’ou­tillages pour fabri­quer les pro­duits nou­veaux (par exemple les télé­phones por­tables) dont la vente se déve­loppe, ou de robots qui amé­liorent la fabri­ca­tion de pro­duits dont la pro­duc­tion sature déjà le mar­ché (par exemple des auto­mo­biles). Ce coef­fi­cient a aug­men­té régu­liè­re­ment de 3 en 1964 à 10,36 en 1996.

Il y a une dif­fé­rence entre le taux d’é­pargne et le taux d’in­ves­tis­se­ment, parce qu’une par­tie de la mon­naie est sous­traite au cir­cuit de la pro­duc­tion, ce qui dimi­nue les débou­chés et aug­mente le chômage.

Cette mon­naie est uti­li­sée dans le com­merce de mar­chan­dises non pro­duc­tibles, telles que les œuvres d’art anciennes.

De même les actions bour­sières montent, sans aug­men­ta­tion des inves­tis­se­ments cor­res­pon­dants. C’est la bulle finan­cière. Le CAC 40 a aug­men­té en 1998 de 30 %, et le pro­duit inté­rieur brut seule­ment de 2,9 %. On constate en outre que l’é­pargne varie assez peu dans le temps, alors que l’in­ves­tis­se­ment passe rapi­de­ment par des hauts et des bas pro­non­cés. C’est que pro­ba­ble­ment le déve­lop­pe­ment indus­triel se fait par à‑coups, et que les besoins varient consi­dé­ra­ble­ment d’une année à l’autre. Les capi­taux se trouvent dans une situa­tion d’at­tente jus­qu’à ce qu’une oppor­tu­ni­té se pré­sente de les employer. Cela n’a rien d’a­nor­mal. Il faut seule­ment que la moyenne de l’é­pargne ne dépasse pas la moyenne de l’investissement.

On a remar­qué que chaque fois que le chô­mage se déve­loppe, la clien­tèle des anti­quaires aug­mente, à la recherche de valeurs refuges pour l’argent qui déserte l’économie.

Dans l’hy­po­thèse où la dif­fé­rence entre épargne et inves­tis­se­ment est pro­por­tion­nelle à l’aug­men­ta­tion du chô­mage, on peut pour chaque pays et pour les années 1964 à 1998 tra­cer des courbes de taux d’in­ves­tis­se­ment, d’é­pargne, de chô­mage obser­vé et de chô­mage cal­cu­lé en fonc­tion du temps (ces der­niers mul­ti­pliés par cinq pour la clar­té du gra­phique) ; les don­nées sont celles du Fonds moné­taire inter­na­tio­nal (Sta­tis­tiques éco­no­miques inter­na­tio­nales 1997).

On constate que les deux courbes de chô­mage se suivent à peu près, ce qui confirme l’hy­po­thèse faite. Quand l’é­pargne est plus grande que l’in­ves­tis­se­ment, le chô­mage aug­mente, alors qu’il dimi­nue dans le cas contraire.

Ces courbes per­mettent de voir pour­quoi le chô­mage dimi­nue moins en France qu’aux États-Unis, où le taux d’é­pargne est plus bas, et le taux de crois­sance plus élevé.

En conclu­sion, la cause du chô­mage est le fait que l’é­pargne n’est pas assez inves­tie, parce qu’elle demande une rétri­bu­tion trop éle­vée sous forme d’in­té­rêts ou de dividendes.

Pour que l’é­co­no­mie soit pros­père, il faut faire com­prendre aux épar­gnants que le moyen de s’en­ri­chir est d’en­ri­chir les autres.

Il faut amé­lio­rer la répar­ti­tion de l’argent, dimi­nuer les taux d’in­té­rêt, aug­men­ter le pou­voir d’a­chat des tra­vailleurs et les débou­chés de la production.

Cela sou­lève le pro­blème des retraites, qui se résou­dra quand on per­met­tra au sec­teur pri­vé de ver­ser en via­ger des pen­sions indexées sur les prix. Ces retraites seront ali­men­tées par les éco­no­mies que cha­cun aura consti­tuées dans sa période d’ac­ti­vi­té. La dif­fi­cul­té est que l’in­dexa­tion des prêts est interdite.

Il faut chan­ger cela, afin qu’on puisse prê­ter ses éco­no­mies, et les retrou­ver quand on en a besoin, avec leur pou­voir d’a­chat conservé.

C’est la condi­tion pour qu’on accepte de prê­ter avec un taux d’in­té­rêt faible, en vue de la pros­pé­ri­té générale.

C’est la condi­tion pour résoudre le pro­blème du chômage.

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