Emploi : pourquoi choisir la chimie ?

Dossier : L'industrie chimique, un renouveauMagazine N°664 Avril 2011
Par Guillaume BERTRAND
Par Damien CORNU

REPÈRES

REPÈRES
À pre­mière vue, l’avenir s’an­nonce som­bre pour nous, futurs diplômés en chimie : l’in­dus­trie chim­ique a per­du en 2009 2,3 % de ses emplois. Le cli­mat est morose pour nos per­spec­tives d’emploi : une étude du CEREQ mon­tre que les doc­teurs en chimie de 2004 avaient, trois ans après l’ob­ten­tion de leur diplôme, un taux de chô­mage par­mi les plus élevés, entre celui des diplômés d’é­coles d’art et celui de la licence de psy­cholo­gie, bien supérieur à celui des doc­teurs d’autres disciplines.

Nous restons con­fi­ants : l’in­dus­trie va avoir besoin de nos com­pé­tences. Les offres d’emploi aux États-Unis s’améliorent grande­ment en 2011. L’in­dus­trie chim­ique anticipe ces muta­tions, étant au pre­mier rang pour ses investisse­ments de recherche et développe­ment. Les défis qui l’at­ten­dent sont nom­breux, nous en lis­tons quatre.

Protéger la santé

La phar­ma­colo­gie et ses 600 mil­liards de chiffre d’af­faires per­me­t­tent de lut­ter con­tre une grande par­tie des pathogènes. Autre chantier immense et à peine entamé : la pro­tec­tion des indi­vidus con­tre la chimie elle-même, via le pro­gramme Reach. Out­re l’ex­pan­sion des métiers de tox­i­colo­gie, Reach pour­rait provo­quer le retrait de 1 à 30 % des pro­duits chim­iques actuels : trou­ver des sub­sti­tuts à ces molécules sera un enjeu con­sid­érable pour les chimistes de cette décennie.

L’in­dus­trie chim­ique est la pre­mière pour ses investisse­ments en ter­mes de R&D

Développer le recyclage

Les ressources d’avenir ne sont plus minières, elles doivent être extraites de nos déchets. Ain­si, la con­som­ma­tion d’indi­um au Japon, métal rare dont le prix a dépassé celui de l’ar­gent, est assurée à plus de 50 % par l’ex­trac­tion de ce dernier des déchets électroniques.

La règle de Lavoisi­er ” Rien ne se perd, tout se trans­forme” fait tout naturelle­ment du chimiste un adepte du recyclage.

Produire à partir du végétal

Dans la réal­i­sa­tion des blocs élé­men­taires dont sont issus la plu­part des matéri­aux que nous util­isons, les hydro­car­bu­res issus de la pétrochimie doivent être rem­placés par des sub­stances issues de la bio­masse (la catal­yse des trans­for­ma­tions de ces molécules est l’ob­jet de la thèse de Damien Cornu).

Produire et stocker de l’énergie

Les com­pé­tences des chimistes sont req­ui­s­es dans le domaine de l’én­ergie, que ce soit pour la stock­er dans des bat­ter­ies — pour les appareils de haute tech­nolo­gie ou les futures voitures élec­triques — ou pour la pro­duire. Ain­si, la tech­nolo­gie actuelle des pan­neaux pho­to­voltaïques requiert du sili­ci­um ultra-pur, dont la pro­duc­tion, coû­teuse en énergie, s’ac­com­pa­gne de déchets tox­iques. La solu­tion par la chimie est d’éla­bor­er des matéri­aux organiques pour capter l’én­ergie solaire (sujet de la thèse de Guil­laume Bertrand).

Attirer des talents

Le site Inter­net : lesmetiersdelachimie.com pro­pose aux jeunes une ori­en­ta­tion et un panora­ma des for­ma­tions et des métiers.

BIBLIOGRAPHIE

• Cen­tre d’é­tudes et de recherch­es sur les qual­i­fi­ca­tions — La généra­tion 2004, trois ans après, 2008.

• Délé­ga­tion générale à l’emploi et à la for­ma­tion pro­fes­sion­nelle, Syn­thèse n° 49 de mai 2008 disponible sur : www.observatoireindustrieschimiques.com/fr/etudes.php

• P. Bihouix, B. de Guille­bon, Quel futur pour les métaux ? EDP Sci­ences, 2010.

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