Portrait de Gaëlle Monteiller-Gibert

Gaëlle Monteiller-Gibert (88), valeur et nombre des années

Dossier : TrajectoiresMagazine N°728 Octobre 2017
Par Pierre LASZLO

Tout au long de son tra­jet sco­laire, elle fut con­stam­ment la plus jeune. À qua­tre ans, elle savait déjà lire. Elle sor­tit de l’École, plus jeune en moyenne de presque trois ans com­parée aux autres élèves du corps des Mines.

Cette sin­gu­lar­ité lui fut surtout un atout, lui don­nant une pré­cieuse spon­tanéité, à laque­lle elle reste attachée. Comme le nota si juste­ment La Rochefou­cauld : « La jeunesse est une ivresse con­tin­uelle, c’est la fièvre de la raison. »

LA SAGESSE EN PARTAGE

Autre atout, la dis­so­ci­a­tion d’avec la men­tal­ité ado­les­cente, ouvrant très tôt à une sagesse, attrait de son car­ac­tère : elle vise la « sim­plic­ité et la vérité des rela­tions humaines vraies, l’empathie, le rire et la joie.

Dessin : Lau­rent SIMON

J’ai une grande capac­ité à voir le posi­tif, les solu­tions avant les prob­lèmes et les difficultés. »

Elle aime écrire : « J’exprime beau­coup plus facile­ment les choses au tra­vers de l’écriture et des actes, les paroles s’envolent trop vite. »

Mais d’abord, les grandes étapes de son par­cours. D’un père poly­tech­ni­cien (pro­mo­tion 1964) et d’une mère agrégée de math­é­ma­tiques, elle tient à la fois tant l’intrépidité que le sérieux.

Elle eut des enseignants hors pair : Mon­sieur Gut­tierez à l’école pri­maire, « maître d’école impres­sion­nant et entraî­nant », Mon­sieur Streiff pro­fesseur de math­é­ma­tiques en classe pré­para­toire et Hel­man le Pas de Sécheval « qui me pré­parait aux con­cours en physique alors qu’il était encore étu­di­ant à l’ENS Ulm » (il devint lui aus­si ingénieur des Mines et il est à présent, entre autres, secré­taire général du groupe Veolia).

À l’adolescence, elle voulait devenir pilote de chas­se : « J’ai appris à pilot­er et j’ai eu mon brevet », racon­te-t-elle. Mais son ambi­tion d’entrer dans l’armée de l’air fut con­trar­iée : « J’ai décou­vert que j’étais myope. »

DE LA MINE AU CIMENT, EN PASSANT PAR L’AUTOMOBILE

À sa sor­tie de l’École, entrée dans le corps des Mines, elle con­trôle à 24 ans la mine de Gar­danne, dans les Bouch­es-du- Rhône. Elle y décou­vre les mineurs, « des gens entiers ». « J’adorais descen­dre dans les galeries à plus de 1 100 m sous terre. »

“ Voir le positif, les solutions avant les problèmes et les difficultés ”

Cela va de pair avec sa dilec­tion pour Zola, peut-être son romanci­er préféré, car « il par­le des gens, de la vie ».

Puis, elle fait par­tie du cab­i­net de François Huwart, secré­taire d’État chargé du Com­merce extérieur de 1999 à 2002. Elle est alors égale­ment sous-direc­trice respon­s­able des indus­tries auto­mo­bile, fer­rovi­aire et navale au sein du min­istère des Finances et de l’Industrie.

De 2002 à 2005, elle dirige les affaires publiques et de l’environnement du cimen­tier Lafarge : Bertrand Col­lomb, PDG du groupe, l’axa très tôt sur le développe­ment durable. De 2005 à 2007, tou­jours dans le groupe Lafarge, elle y dirige l’activité « bétons » de la val­lée de Seine.

Puis, de 2008 à 2010, encore chez Lafarge, elle est DG des activ­ités « bétons » de la moitié nord du ter­ri­toire national.

En mars 2011, PSA la recrute pour diriger son site de Pois­sy. 400 000 véhicules y sont pro­duits chaque année ; 7 000 per­son­nes y travaillent.

Elle y super­vise en 2012 le lance­ment du nou­veau mod­èle Peu­geot 208, sur lequel PSA mis­ait pour insuf­fler de l’oxygène à ses résultats.

Quit­tant PSA en sep­tem­bre 2013, elle prend quelques mois pour se ressourcer, don­ner libre cours à la fièvre de la rai­son, écrire un livre, un Traité de l’hap­py man­age­ment – cen­tré sur la telle­ment néces­saire excel­lence des rela­tions humaines : « Je ne con­stru­is que pier­res vives, ce sont hommes », pour citer Rabelais.

En mai 2014, elle retrou­ve le ciment en rejoignant Hol­cim. Elle par­ticipe au pro­jet de fusion avec Lafarge.

S’ACCOMPLIR DANS L’HUMAIN

En juil­let 2016, elle devient directeur asso­ciée chez Val­tus : société spé­cial­isée dans le man­age­ment de tran­si­tion, avec un impres­sion­nant vivi­er de pas moins de 4 000 ges­tion­naires expéri­men­tés, à détach­er dans les firmes en trans­for­ma­tion – nom­breuses dans l’économie d’aujourd’hui – ou en difficulté.

“ Mettre l’humain au cœur de la performance ”

Elle voit cette activ­ité comme le levi­er d’une approche nou­velle du man­age­ment des tal­ents, met­tant l’humain au cœur de la per­for­mance de l’entreprise, prô­nant le partage et l’enrichissement per­ma­nent des hommes au prof­it de la réus­site de l’entreprise.

Cette mère de famille, aux qua­tre enfants, a con­servé l’esprit d’enfance. C’est une grande sen­ti­men­tale, que la beauté – d’un texte, d’un film, d’une œuvre – émeut jusqu’aux larmes.

Pour la résumer, comme l’exprima l’un de ses cama­rades de pro­mo­tion, « elle est lumineuse ».

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