Portrait Marguerite GRAVELEAU, polytechnicienne

Marguerite Graveleau (2011), une solidarité chaleureuse avec autrui

Dossier : TrajectoiresMagazine N°732 Février 2018
Par Pierre LASZLO

Juvénile et enjouée, éprise de con­ver­sa­tion, curieuse de bien des sujets, tout atten­tive aux répons­es à ses ques­tions, facile­ment admi­ra­tive, elle irradie une énergie, une joie de vivre con­tagieuses. Je la ren­con­tre dans un bureau de San Fran­cis­co, vaste et lumineux, très XXIe siè­cle et Sil­i­con Valley.

Elle y tra­vaille, ana­lyste du marché de l’énergie, en une start-up, dénom­mée Kayrros, fondée par Lau­rent El Ghaoui (82), pro­fesseur à Berkeley.

UNE ENFANCE AVIGNONNAISE

Son père poly­tech­ni­cien, Jean Grav­e­leau (65), tra­vail­lait au CEA, dans les cen­trales de Pier­re­lat­te et Cadarache. Mar­guerite eut ain­si une enfance avignonnaise.

De ses par­ents, elle tient « une bien­veil­lance à l’égard des gens qui m’entourent, et un opti­misme glob­al. Mon père m’a prob­a­ble­ment trans­mis ma rigueur sci­en­tifique, étant lui-même ingénieur.

Dessin Lau­rent SIMON

Ma mère, nous a fait voy­ager mon frère et moi dès notre plus jeune âge et nous a trans­mis sa curiosité et sa pas­sion pour l’aventure. »

De sa sco­lar­ité au lycée Aubanel, elle retient « des profs de maths géni­aux ». Elle con­quit le troisième prix aux Olympiades de maths, sec­tion S, en 2008. Après avoir hésité à faire médecine, elle choisit la pré­pa à Ginette (2008–11). Elle y fut interne, très bonne élève et ado­ra cette phase.

Elle inté­gra l’X en 3/2, choisit le vol­ley comme sport (« Mes meilleurs sou­venirs du cam­pus ? ceux de ma sec­tion sportive ») et fut très active dans la vie asso­cia­tive à l’École (« mais, grosse décep­tion de ne pas avoir par­ticipé à la vie de l’École via la Kès »).

Ce furent deux années idylliques : « L’esprit col­lec­tif était au beau fixe. » Des enseigne­ments de l’École, elle retient surtout la neu­ro­bi­olo­gie, « un domaine et un enseigne­ment extraordinaires ».

Ce fut ensuite (2011–12), un SMA (ser­vice mil­i­taire adap­té) en Guade­loupe, « extrême­ment for­ma­teur, ça m’a beau­coup fait grandir, d’un coup ». L’été 2013, elle par­tit en stage au Brésil, dans la région de São Paulo.

Elle fut séduite par ce pays et sa men­tal­ité : « Les Français, qui s’empressent de caté­goris­er gens et choses ; et les Brésiliens, que cela exaspère. »

L’ATTRAIT DE LA CALIFORNIE

Après l’École, elle s’en fut pré­par­er un mas­ter à Stan­ford (2014–16). Elle y suiv­it des cours en pro­gram­ma­tion, opti­mi­sa­tion, réseaux d’énergie et mécanique des flu­ides en milieu poreux : elle y rédi­gea un mémoire sur la dif­fu­sion à l’interface de deux milieux micro­p­oreux – comme, par exem­ple, la migra­tion du bitume dans une roche-mère.

“ Je ne me suis jamais sentie autant européenne que depuis mon arrivée aux US ”

« Je n’étais pas prête à faire une thèse (de doc­tor­at) de plusieurs années sur ce sujet… J’aime bien la recherche, je ferai peut-être une thèse dans quelques années. » Les nom­breux étu­di­ants chi­nois, com­parés à ceux qu’elle avait côtoyés à l’X, étaient « autrement moins sympathiques ».

Durant ses années à Palo Alto, elle fut active dans l’Association des Français à Stan­ford : « À Stan­ford, j’ai surtout lié des ami­tiés au sein de la com­mu­nauté française : j’y ai retrou­vé des anciens cama­rades de pré­pa, des gens ren­con­trés occa­sion­nelle­ment en France, qui ont con­sti­tué au fur et à mesure un tis­su très solide d’amitiés.

Mais j’ai aus­si vécu deux ans avec des Améri­caines, et je suis très proche de l’une d’elles, chez qui je passe Thanks­giv­ing par exem­ple, et avec qui je pense garder con­tact longtemps.

C’est par con­tre la seule per­son­ne améri­caine avec qui je me con­sid­ère amie, les rela­tions étant d’expérience assez dif­fi­ciles à nouer (je ne me suis jamais sen­tie autant européenne que depuis mon arrivée aux US). »

Elle déci­da de con­tin­uer à vivre et à tra­vailler dans la région de San Fran­cis­co : « J’adore la Cal­i­fornie. Petit à petit, à force d’habiter ici, l’idée s’est faite en moi de con­tin­uer à tra­vailler ici. J’aime beau­coup le dynamisme des gens.

Il y a de plus une com­mu­nauté française très impor­tante. » Fer­vente de camp­ing, elle explore durant les week-ends cette région, ses nom­breux sites pro­tégés et parcs nationaux. Dans son tra­vail, elle a recours au machine learn­ing, en fait des hybrides de sta­tis­tiques et de modélisation.

Curieuse de tout, elle suit l’avancement des sci­ences par les jour­naux et les mag­a­zines. Elle est tout allè­gre d’avoir décou­vert sur la Toile un site Youtube tenu par un chercheur français, « Sci­ence éton­nante » : « Une trentaine de vidéos de 20 min­utes trait­ent de sujets sci­en­tifiques divers, très clairs et instructifs. »

Au car­refour du tra­vail en équipe et du piano en solo, de la ran­don­née en pleine nature, de la décou­verte d’altérités, elle con­serve de sa pre­mière aisance en math­é­ma­tiques le goût d’une con­fig­u­ra­tion com­plexe, de s’y forg­er un chemin, celui d’une intel­li­gi­bil­ité com­mu­ni­ca­ble et d’une sol­i­dar­ité chaleureuse avec autrui.

Commentaire

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Joelle Lali­gandrépondre
4 mars 2018 à 5 h 34 min

Racisme
Ces arti­cles me plaisent d’or­di­naire beau­coup. Celui-ci me choque par son racisme ordi­naire “Les nom­breux étu­di­ants chi­nois, com­parés à ceux qu’elle avait côtoyés à l’X, étaient « autrement moins sympathiques ».”. 

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