Shanghai la nuit.

Une aventure industrielle en Chine : vision et pragmatisme

Dossier : Regards sur la ChineMagazine N°589 Novembre 2003
Par Alain JOLY (58)

Une implantation progressive et ciblée

Une implantation progressive et ciblée

Les années qua­tre-vingt-dix voient la Chine assou­plir ses régle­men­ta­tions, accueil­lir favor­able­ment les investisse­ments étrangers et, plus glob­ale­ment, s’ou­vrir au monde extérieur. Le groupe crée alors une dizaine de sociétés lui per­me­t­tant de s’établir dans les bassins indus­triels exis­tants ou émer­gents de manière à pou­voir répon­dre à la demande de la grande indus­trie. Les prin­ci­pales zones con­cernées par ce développe­ment sont celles de Can­ton au Sud, Shang­hai, au milieu de la façade mar­itime, et la région de Tian­jin-Bei­jing au Nord. Une fil­iale est égale­ment con­sti­tuée dans la province de Sichuan dont la société se retir­era par la suite.

Les gaz indus­triels voy­a­gent mal. Grâce à son cen­tre d’ingénierie de Hangzhou près de Shang­hai, créé en 1995 et employ­ant plus de 160 per­son­nes, le groupe se dote de la capac­ité de con­cevoir, réalis­er et met­tre en ser­vice des instal­la­tions de pro­duc­tion de toutes tailles, aux meilleurs stan­dards inter­na­tionaux, soit en ven­dant des usines de pro­duc­tion, soit en les investis­sant pour fournir les gaz de l’air néces­saires à la grande industrie.

Shanghai la nuit.
Shang­hai la nuit. PHOTO CYRIL TIKHOMIROFF


Après plus de six ans de propo­si­tions et de négo­ci­a­tions, une nou­velle entité a été créée en 2002, la Shang­hai Chem­i­cal Indus­try Park Indus­tri­al Gas­es Com­pa­ny Ltd, pour servir la zone pétrochim­ique en plein essor de Cao­jin, à côté de Shanghai.

Il s’ag­it d’être à la fois mon­di­al et local. Les équipes se met­tent en place. La con­cur­rence aussi !

L’ac­tiv­ité élec­tron­ique, point d’en­trée du groupe en Chine via Shang­hai, se développe très rapi­de­ment et compte à présent plusieurs sociétés inter­na­tionales comme NEC, ASMC, GSMC, SMIC… L’élec­tron­ique représente aujour­d’hui 30 % du chiffre d’af­faires réal­isé par celui-ci en Chine.

Pour servir, en gaz liqué­fiés ou com­primés, les indus­tries de trans­for­ma­tion de moyenne et petite taille dans des domaines allant de l’al­i­men­taire à l’au­to­mo­bile en pas­sant par la phar­ma­cie, le verre ou la fab­ri­ca­tion métallique, notre groupe s’ap­puie sur ses usines de Tian­jin, de Shang­hai, de Wuxi (près de Shang­hai) et de la zone de Canton.

Il a égale­ment large­ment dévelop­pé l’in­stal­la­tion d’ap­pareils “sur le site” pro­duisant le gaz directe­ment chez le client, ce qui sup­prime les prob­lèmes d’a­chem­ine­ment encore dif­fi­cile­ment sur­monta­bles à l’échelle du pays.

L’ac­tiv­ité San­té du groupe reste pour l’in­stant prin­ci­pale­ment lim­itée à la vente de matériels médi­caux et à la four­ni­ture en oxygène de quelques étab­lisse­ments hospitaliers.

Le formidable défi chinois, aujourd’hui et demain

Aujour­d’hui, la société compte une quin­zaine de fil­iales ou de joint ven­tures répar­ties sur la façade de la Chine, là où le développe­ment économique est plus rapi­de. Le chiffre d’af­faires réal­isé en Chine est voisin de 100 mil­lions d’eu­ros et con­naît une crois­sance soutenue. Les nou­veaux investisse­ments sont très impor­tants et per­me­t­tront de franchir une nou­velle étape. Le nom­bre total des salariés du groupe en Chine est actuelle­ment d’en­v­i­ron 800 personnes.

Comme à l’habi­tude, il est fait appel essen­tielle­ment à des col­lab­o­ra­teurs locaux, le nom­bre d’ex­pa­triés tra­vail­lant en Chine restant très limité.

L’at­trait de la Chine ne se dément pas : ce gigan­tesque pays recèle un marché intérieur avide de con­som­ma­tion, d’amélio­ra­tion de son niveau de vie. Il attire désor­mais les investisse­ments étrangers par son taux de crois­sance élevé, par le coût attrayant de la main-d’œu­vre mais aus­si par la pos­si­bil­ité de recruter des cadres chi­nois bien for­més. Les con­traintes ban­caires, admin­is­tra­tives s’al­lè­gent au fur et à mesure que la Chine s’ou­vre au monde.

La Chine est ain­si dev­enue le pre­mier pays au monde en ter­mes de vol­ume de nou­veaux investisse­ments en prove­nance de l’é­tranger. Depuis trois ans, des pro­jets majeurs à l’échelle mon­di­ale ont été lancés dans le domaine de l’én­ergie, la pétrochimie ou l’électronique.

Les atouts de la réussite

La réus­site en Chine passe sans doute par des choix : le pays est si vaste et con­trasté que l’on doit définir des points d’en­trée pou­vant con­stituer des têtes de pont. On se doit égale­ment de choisir soigneuse­ment les marchés, les clients et les partenaires.

Le fac­teur temps prend tout son sens en Asie et par­ti­c­ulière­ment en Chine. Une rela­tion de con­fi­ance dans la durée est un autre atout indis­pens­able pour établir des liens solides avec les clients, les four­nisseurs et les autorités.

Le développe­ment rapi­de de la Chine voit l’émer­gence de grands groupes indus­triels chi­nois qu’il faut iden­ti­fi­er, con­naître. Appren­dre à tra­vailler avec ces nou­veaux acteurs, com­pren­dre et anticiper leurs besoins pour leur pro­pos­er des solu­tions adap­tées, est l’un des enjeux qui nous atten­dent au cours des prochaines années. Rechercher, trou­ver et con­serv­er des col­lab­o­ra­teurs locaux de tal­ent est aus­si l’un des défis majeurs que les entre­pris­es voulant s’im­planter en Chine devront relever : les viviers sont encore en nom­bre lim­ité, les can­di­dats de qual­ité sont très sol­lic­ités et la com­péti­tion est âpre.
Sans rêver d’un marché d’1,3 mil­liard d’habi­tants — la pop­u­la­tion en Chine est essen­tielle­ment rurale -, les seules provinces côtières représen­tent à court terme un poten­tiel com­pa­ra­ble à ce que sont les pre­mières économies mon­di­ales des États-Unis ou du Japon. Fidèle à sa tra­di­tion de développe­ment à l’in­ter­na­tion­al, Air Liq­uide s’at­tache à devenir un acteur de référence dans ses métiers au sein de ce grand pays en pleine évolution. 

Promenade au centre de Shanghaï.
Prom­e­nade au cen­tre de Shang­hai, vue sur plusieurs grat­te-ciels. PHOTO JEAN-MARC DUMAS

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