Un écosystème dans la société française

Dossier : Les prépasMagazine N°703 Mars 2015
Par Maurice BERNARD (48)

Les class­es pré­para­toires for­ment un écosys­tème com­posé de pro­fesseurs, d’élèves, êtres bien vivants, plongés dans un envi­ron­nement qui est en par­tie matériel, géo­graphique, lycées, rési­dences, mais aus­si social, cul­turel, voire poli­tique : famille, par­ents, amis, opin­ion publique, insti­tu­tions du secteur pub­lic, milieu édu­catif, for­ma­tion sec­ondaire, con­cours de recrute­ment des grandes écoles, etc.

La par­tic­u­lar­ité d’un écosys­tème, c’est que son fonc­tion­nement repose sur de mul­ti­ples inter­ac­tions entre élé­ments et entre élé­ments et envi­ron­nement. Ces inter­ac­tions peu­vent com­pren­dre des boucles de réac­tion et de con­tre-réac­tion, plus ou moins apparentes.

“ La particularité d’un écosystème, c’est que son fonctionnement repose sur de multiples interactions ”

Il en résulte que le fonc­tion­nement d’un tel sys­tème est par­ti­c­ulière­ment com­plexe. Ce qui veut dire que, pour en bien com­pren­dre le fonc­tion­nement, il faut en avoir iden­ti­fié toutes les com­posantes et analysé toutes les actions et con­tre-réac­tions. Il est donc déraisonnable d’en par­ler sans une étude approfondie.

Touch­er à un tel écosys­tème ne déclenche pas néces­saire­ment de cat­a­stro­phe, mais peut sou­vent entraîn­er des con­séquences qui ne sont pas directe­ment causales, des con­séquences qui ne sont pas a pri­ori aisé­ment prévis­i­bles. Il est évidem­ment légitime de chercher à l’améliorer, à l’aune du bien com­mun, mais très dan­gereux de le faire en fonc­tion d’une idéolo­gie incer­taine ou au prof­it d’intérêts catégoriels.

Con­cer­nant le ressen­ti par les élèves eux-mêmes, le tableau est très con­trasté : l’image d’Épinal du taupin ou du gnio­u­fard, stressé et privé de jeunesse, ne sem­ble pas cor­re­spon­dre à la réal­ité contemporaine.

Il est bon de garder à l’esprit la métaphore de l’éléphant (voire du mam­mouth) dans le mag­a­sin de porce­laine : la sagesse, pour les réfor­ma­teurs éventuels, est de tou­jours expéri­menter à petite échelle toute per­tur­ba­tion envis­age­able, et de se méfi­er des grands principes.

À lire : l’excellent ouvrage de Bruno Bel­hoste, For­ma­tion d’une tech­nocratie (Belin, 2003) qui, via l’étude des recrute­ments des élèves de l’École poly­tech­nique au cours du XIXe siè­cle, mon­tre ce qu’est la genèse des CPGE actuelles, com­ment cet écosys­tème s’est for­mé depuis deux cents ans.

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