Un éclair dans la nuit

Dossier : ÉditorialMagazine N°683 Mars 2013
Par Cédric VILLANI

L’an​née der­nière a été consa­crée au Cen­te­naire de la dis­pa­ri­tion d’Henri Poin­ca­ré. De nom­breuses ins­ti­tu­tions, à com­men­cer bien sûr par l’Institut de recherche qui porte son nom, ont eu à cœur de rendre l’hommage qui convient à celui qui demeure l’un des plus extra­or­di­naires mathé­ma­ti­ciens qu’ait connus la France.

La Jaune et la Rouge, pour sa part, a consa­cré de nom­breux articles à cet anni­ver­saire, illus­trés par des gra­vures originales.

Poin­ca­ré nous laisse un héri­tage incom­pa­ra­ble­ment riche.

À trente ans à peine, le jeune Poin­ca­ré révo­lu­tionne la méca­nique clas­sique par son étude du pro­blème des trois corps, modèle réduit du sys­tème solaire où le Soleil et les pla­nètes sont en inter­ac­tion gra­vi­ta­tion­nelle. Les méthodes nou­velles de Poin­ca­ré sont aus­si mar­quantes par leur genèse mou­ve­men­tée que par leurs conclu­sions, qui font rêver bien au-delà du cercle des scientifiques.

À cin­quante ans, il n’est pas moins révo­lu­tion­naire quand il achève l’article fon­da­teur de la topo­lo­gie dif­fé­ren­tielle, étude de la forme des espaces à plu­sieurs dimen­sions, fai­sant abs­trac­tion des dis­tances et des angles pour se concen­trer sur l’agencement glo­bal. La fameuse conjec­ture de Poin­ca­ré sur les espaces à trois dimen­sions éclai­re­ra toute la géo­mé­trie du XXe siècle.

La pen­sée n’est qu’un éclair au milieu d’une longue nuit, disait Poin­ca­ré, mais c’est cet éclair qui est tout. De nom­breux éclairs firent de lui le mathé­ma­ti­cien le plus res­pec­té et le plus admi­ré de son temps.

Des ouvrages élé­gants font éga­le­ment de Poin­ca­ré l’un des phi­lo­sophes les plus clairs, pro­fonds et acces­sibles du XXe siècle. On les lira encore avec plai­sir pen­dant bien plus de cent ans.

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