Serge Dassault

Serge Dassault (46), un industriel déterminé et persévérant

Dossier : TrajectoiresMagazine N°737 Septembre 2018Par Jacques MIJONNET (58)

Serge Das­sault est décé­dé bru­ta­le­ment le 28 mai der­nier au terme d’une longue car­rière au cours de laquelle il a su ren­for­cer et élar­gir le groupe indus­triel légué par son père. 

La per­sé­vé­rance fut cer­tai­ne­ment le trait de carac­tère prin­ci­pal de Serge Das­sault. Per­sé­vé­rance et déter­mi­na­tion, dont il fera preuve tout au long de sa longue car­rière de grand industriel. 

Serge Das­sault a suc­cé­dé à la tête du groupe Das­sault en 1986 à la mort de son père Mar­cel, après avoir occu­pé, dès sa sor­tie de l’X, puis de Supaé­ro, dif­fé­rents postes opé­ra­tion­nels au sein du groupe. En par­ti­cu­lier pen­dant quinze années, Serge Das­sault a été pré­sident de Das­sault Élec­tro­nique. De ce long apprentissage
il acquer­ra une connais­sance appro­fon­die des rouages de l’entreprise et de son envi­ron­ne­ment. Durant ses trente années à la tête du groupe Das­sault l’entreprise va connaître un déve­lop­pe­ment hors du commun. 

Du Mirage au Rafale

Après le suc­cès des Mirage qui avait fait la for­tune de Mar­cel Das­sault, son fils défen­dra, non sans mal et avec une belle constance, le pro­jet de l’avion de com­bat Rafale auprès de tous les gou­ver­ne­ments suc­ces­sifs de droite ou de gauche pour abou­tir enfin à la com­mande de série en 1993. Il fau­dra encore de nom­breuses années pour que cet avion, consi­dé­ré comme l’un des plus per­for­mants au monde, soit adop­té par plu­sieurs pays étran­gers face à la très puis­sante concur­rence américaine. 

Le Rafale est ain­si deve­nu l’un des fleu­rons du savoir-faire fran­çais dans le domaine de la haute tech­no­lo­gie et des sys­tèmes com­plexes, et un des vec­teurs de la puis­sance nationale. 

Des diversifications réussies

Conscient de la fra­gi­li­té d’une indus­trie aéro­nau­tique uni­que­ment cen­trée sur les avions de com­bat, Serge Das­sault a uti­li­sé le savoir-faire des équipes tech­niques pour déve­lop­per avec suc­cès les avions d’affaires haut de gamme Fal­con qui repré­sen­te­ront dans la der­nière décen­nie du XXe siècle jusqu’à 70 % du chiffre d’affaires du groupe. 

La diver­si­fi­ca­tion va aus­si bon train, avec la suc­cess sto­ry de Das­sault Sys­tèmes, lea­der mon­dial des logi­ciels de concep­tion assis­tée par ordi­na­teur main­te­nant adop­tés par nombre de grands indus­triels comme Boeing ou Mercedes. 

Serge Das­sault est res­té fidèle à la culture tech­nique pen­sée par Mar­cel Das­sault tour­née vers l’excellence et l’innovation, et mise en œuvre par une équipe mana­gé­riale de grande valeur à laquelle il accor­de­ra conti­nû­ment sa confiance. 

Serge Das­sault laisse donc un groupe indus­triel sen­si­ble­ment élar­gi et dont il a réus­si à pré­ser­ver l’indépendance mal­gré la volon­té de l’État, maintes fois renou­ve­lée, de restruc­tu­rer l’industrie de défense. Après bien des péri­pé­ties il fini­ra même par entrer au capi­tal de Thales – par ailleurs par­te­naire indus­triel prin­ci­pal du pro­gramme Rafale – au prix il est vrai de la ses­sion de sa filiale Das­sault Électronique. 

Du Figaro au Sénat

Comme son père avant lui et comme aus­si de nom­breux grands patrons, il s’intéresse à la Presse et acquiert Le Figa­ro en 2004. Il en favo­ri­se­ra le déve­lop­pe­ment mais sans inter­ve­nir dans la ligne édi­to­riale. Tout au plus tous les 1er jan­vier on pou­vait y lire ses vœux, en pre­mière page, où il affi­chait une belle constance dans les thèmes abor­dés : défense de l’industrie fran­çaise, réduc­tion des charges et des défi­cits publics, par­ti­ci­pa­tion salariale. 

Enfin, on ne peut oublier ses acti­vi­tés poli­tiques où, là aus­si, il fait preuve de son obs­ti­na­tion puisqu’il met­tra plu­sieurs man­da­tures à conqué­rir la ville de Cor­beil-Essonnes, avant de deve­nir sénateur. 

Un travailleur inlassable

Mal­gré son immense for­tune, Serge Das­sault était res­té un homme simple, nul­le­ment por­té aux dépenses osten­ta­toires. Très atten­tif à la cohé­sion de ses équipes, il aimait orga­ni­ser, à l’occasion d’événements fami­liaux, tels que son anni­ver­saire, des fêtes réunis­sant sa famille et quelques col­la­bo­ra­teurs dans les salons du Siège, au Rond-Point des Champs-Ély­sées. C’est là que, tra­vailleur inlas­sable, il sera pré­sent jusqu’au bout à son bureau, là aus­si où la mort vien­dra le surprendre. 

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