Jean DUMORT (46)

Jean Dumort (46)

Dossier : ExpressionsMagazine N°679 Novembre 2012
Par Olivier de DINECHIN (56)

Après sa pré­pa à Charle­magne, Jean Dumort intè­gre en 1946. Ses cocons gar­dent mémoire de ses tal­ents à l’escrime, sport qu’il pra­ti­qua jusqu’à 75 ans, et qui a sans doute mar­qué sa longue et droite sil­hou­ette, accom­pa­g­nant dans l’École son regard souriant.

L’Évangile, vivant appel

À la ren­trée 1949, il entre à l’École d’application de l’armement ter­restre. Son pre­mier poste le con­duit à Lyon, comme ingénieur d’études à l’arsenal. Dans ses années de lycée « il se com­por­tait en ratio­nal­iste et mépri­sait les croy­ants ». Mais c’est alors qu’une recherche per­son­nelle va le con­duire vers l’orientation déci­sive de sa vie. À Lyon, il ren­con­tre des ingénieurs chré­tiens de sen­si­bil­ité sociale, et, auprès d’un prêtre, il décou­vre l’Évangile comme un vivant appel. Il entre au novi­ci­at de la Com­pag­nie de Jésus en novem­bre 1953.

Il suit alors le cur­sus de for­ma­tion des jésuites en philoso­phie, puis en théolo­gie, entre­coupé d’une année d’enseignement des math­é­ma­tiques. Il est ordon­né prêtre en 1962. Peu après, c’est avec joie et élan qu’il accueille, pour la ren­trée 1964, sa nom­i­na­tion comme aumônier catholique de l’École poly­tech­nique. Il sait qu’il va retrou­ver de futurs ingénieurs et cadres, et qu’il pour­ra apporter à leur for­ma­tion ce que lui-même a découvert.

Proche et serviable

Être aumônier, pour le père Dumort, c’est se ren­dre de façon proche et servi­able auprès de tous. Les élèves, mais aus­si les cadres mil­i­taires et le per­son­nel civ­il de l’École. Plus d’un témoigne aujourd’hui de cette présence inspi­rante. Après qua­tre années « royales » vien­dront les remous de Mai 68, où il aura à nav­iguer entre les plus agités des élèves et la « strass » dont il se sent sol­idaire, au milieu d’inquiétudes mul­ti­ples où il se voudrait homme de paix.

Un homme droit et sensible, au-delà d’une apparence stricte

Suiv­ent sept années dif­fi­ciles. Vers 1975, l’orage se calme, des jeunes filles intè­grent désor­mais, elles apporteront volon­tiers un sou­tien. Mais c’est un autre épisode qui s’ouvre, avec le trans­fert de l’École à Palaiseau en 1976. Dans ce con­texte élar­gi, les aumôner­ies trou­veront l’espace dont elles béné­fi­cient aujourd’hui.

Au-delà de l’École et au fil des années, plusieurs exten­sions des respon­s­abil­ités de Jean Dumort sont à retenir. Du côté des jeunes, l’aumônerie nationale des Chré­tiens en Grande École, qu’il assure de 1979 à 1985. Du côté mil­i­taire, à la demande de l’évêque aux armées, l’animation de l’équipe nationale d’officiers catholiques.

Fidèle à l’X

La trace de Jean Dumort demeure vive pour sa par­tic­i­pa­tion atten­tive à X‑Mémorial, à la mémoire de nos morts. Et, du côté des Antiques, à ce Comité catholique des X, organ­i­sa­tion d’une journée annuelle de réflex­ion qui per­dure aujourd’hui. Les sujets vont des ques­tions de société aux ques­tions spirituelles

Passé l’âge de la retraite mil­i­taire, ses ser­vices furent demandés à l’aumônerie du Sec­ours catholique. Et, fidèle à ses débuts, il accom­pa­gna au long des années des équipes du Mou­ve­ment chré­tien des cadres. Tout cela sans refuser la « tenue de ser­vice » auprès de ses con­frères jésuites prenant de l’âge.

Son supérieur dis­ait, au jour de son jubilé : « Vous aviez une grande aisance avec tous et une facil­ité de con­tact hors du com­mun, grâce à votre intel­li­gence des hommes, à votre grande sim­plic­ité. Vous aviez aus­si un immense respect pour autrui quel qu’il fût, fait d’intelligence, de com­préhen­sion de tous les prob­lèmes humains et d’un tact immense. »

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