RSE, le temps de l’action

Dossier : RSEMagazine N°751 Janvier 2020
Par Nicolas MOTTIS (D93)

Par­ler de RSE est devenu d’une grande banal­ité pour beau­coup d’entreprises. Pour­tant, il y a peu, abor­der le sujet n’inspirait auprès de nom­breux dirigeants que des réflex­ions du type : « Oui, c’est sym­pa­thique, mais croyez-moi, la réal­ité du busi­ness, c’est autre chose » ; ou alors, dans les grands groupes en par­ti­c­uli­er : « Oui, nous avons effec­tive­ment une direc­tion RSE ou (au choix) une fon­da­tion, qui lance de nom­breuses actions pour l’insertion des jeunes en dif­fi­culté, les économies d’énergie, l’aide au développe­ment, etc. »

Cette époque est aujourd’hui révolue. Beau­coup d’entreprises ont com­pris que le sujet n’était pas périphérique, mais au cœur du busi­ness mod­èle. Plaidant depuis une dizaine d’années pour la sup­pres­sion des direc­tions RSE ou développe­ment durable et en faveur d’une prise en charge de ces sujets par l’ensemble des entités de l’entreprise, j’observe que l’idée est beau­coup moins sif­flée aujourd’hui. Les thèmes liés à la RSE sont mieux con­nus et accep­tés. Ils posent tou­jours néan­moins quelques sérieux prob­lèmes techniques.

Le pre­mier reste celui des per­for­mances obtenues : peut-on effec­tive­ment con­cili­er per­for­mances économiques, d’une part, envi­ron­nemen­tales, sociales et de gou­ver­nance (ou ESG pour repren­dre un acronyme de plus en plus util­isé) d’autre part ? Cer­taines recherch­es con­clu­ent à une cor­réla­tion pos­i­tive, d’autres à une cor­réla­tion néga­tive, d’autres encore à l’absence de cor­réla­tion… Mais une con­clu­sion recueille un relatif con­sen­sus : « Il est tout à fait pos­si­ble d’obtenir des per­for­mances ESG sans for­cé­ment dégrad­er la per­for­mance finan­cière. » Anodine en apparence, cette con­clu­sion est en fait majeure. Alors qu’une par­tie de la théorie finan­cière clas­sique pos­tule qu’intégrer d’autres fac­teurs que la stricte per­spec­tive de ren­de­ment con­duit à dégrad­er la per­for­mance du porte­feuille, elle ouvre grand les portes à l’action.

La solu­tion est dans les opéra­tions des entre­pris­es elles-mêmes. Si elles s’engagent sur des plans d’action envi­ron­nemen­taux ou soci­aux bien menés, elles peu­vent égale­ment réalis­er de bonnes per­for­mances économiques. Oppos­er finance et ESG n’a pas de sens, la RSE doit être au cœur du business.

La deux­ième ques­tion tech­nique clé est alors celle du « com­ment ? ». C’est juste­ment l’objet de ce dossier que d’apporter quelques élé­ments de réponse à par­tir d’expériences opéra­tionnelles vécues par des mem­bres de la com­mu­nauté poly­tech­ni­ci­enne issus des cycles ingénieurs, doc­tor­at et exec­u­tive mas­ter. Et quoi de mieux pour com­mencer qu’une inter­pel­la­tion dynamique par nos étu­di­ants actuels…


Mais au fait, qu’est-ce que la RSE ? Pour les non-ini­tiés, lire Éty­mologiX de Pierre Avenas.

Commentaire

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robert.ranquet.1972répondre
25 janvier 2020 à 17 h 01 min

Com­men­taire de Lau­rent Barthélémy (76)
chers amis,
con­sul­tant en RSE ISO 26000 j’ai lu avec intérêt le dossier dans la dernière livrai­son J&R.
je me per­me­ts un com­men­taire sur l’im­age d’ou­ver­ture, en pj : elle véhicule l’idée que démarche RSE et per­for­mance économique sont antag­o­nistes. A défaut d’être sta­tis­tique­ment démon­tré (bien que quelques études académiques rel­a­tive­ment sérieuses ail­lent dans ce sens ces dernières années), il est très prob­a­ble qu’il existe une cor­réla­tion pos­i­tive entre RSE et per­for­mance (notam­ment économique, EBITDA pour par­ler clair) sur le moyen et long terme. Il con­viendrait donc d’être pru­dent sur ce sujet, à moins de détenir la preuve du con­traire, ce que ne fait pas le dossier, intéres­sant par ailleurs. D’au­tant qu’à tra­vers la RSE vous remet­tez en cause l’idéolo­gie dog­ma­tique du Développe­ment Durable (de lapin), et là, vous prenez vrai­ment des risques car vous aurez la pen­sée dom­i­nante con­tre vous. Bien cor­diale­ment, Lau­rent Barthéle­my (76)

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