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Réinventer l’assurance pour mieux servir les assurés

Dossier : TrajectoiresMagazine N°727 Septembre 2017
Par Raphaël BERGER (01)
Par Hervé KABLA (84)

Le mod­èle d’af­faires de la société créée par Raphaël Berg­er est celui très clas­sique d’un courtier d’as­sur­ances, mais l’of­fre est beau­coup plus per­son­nal­isée grâce aux développe­ments tech­nologiques. On peut regrouper les assurés en petites com­mu­nautés pour se pro­téger de manière sol­idaire, par exem­ple ceux qui ont un mode de vie sem­blable ou ceux qui ont le même comportement. 

Qu’est ce qui est appelé à changer dans le secteur de l’assurance ?

L’assurance en est au tout début de sa trans­for­ma­tion numérique. C’est un secteur qui s’appuie encore sur des modes de fonc­tion­nement sou­vent datés : réseaux de dis­tri­b­u­tions tra­di­tion­nels, ges­tion faible­ment automa­tisée, tar­i­fi­ca­tion fondée sur des mod­èles actu­ar­iels que le big data a sou­vent ren­du obsolètes. 

UN COURTIER MODERNE

Le modèle d’affaires d’Otherwise est celui d’un courtier d’assurances (immatriculé auprès de l’Orias). Partenaire des assureurs, la société est rémunérée pour son rôle de commercialisation et de gestion sous la forme d’une commission en pourcentage des cotisations réglées par les assurés.

Cette trans­for­ma­tion est une réelle oppor­tu­nité pour le secteur : elle pour­rait être une réponse à l’insatisfaction crois­sante des assurés qui voient les tar­ifs aug­menter d’année en année sans con­stater aucune amélio­ra­tion du ser­vice ren­du et sont per­dus face à la com­plex­ité des con­trats comme à la dif­fi­culté à obtenir un remboursement. 

Cette trans­for­ma­tion répond aus­si à des évo­lu­tions dans les com­porte­ments : émer­gence de l’économie du partage et de l’économie à la demande, change­ment des modes de con­som­ma­tion à l’ère des réseaux sociaux. 

D’où le développe­ment de l’« Insurtech » qui, à l’instar de la « Fin­tech », s’appuie sur les développe­ments tech­nologiques pour mieux répon­dre aux attentes des clients. 

De nom­breuses start-up voient ain­si le jour depuis env­i­ron cinq ans avec l’ambition de dépous­siér­er le secteur, attirées par un poten­tiel de marché gigan­tesque et portées par un intérêt crois­sant des investisseurs. 

On parle d’assurance comportementale : de quoi s’agit-il ?

L’assurance com­porte­men­tale désigne le champ des pro­duits d’assurance qui tien­nent compte du com­porte­ment des assurés dans leur fonc­tion­nement con­tractuel, notam­ment au tra­vers de l’utilisation d’objets connectés. 

“ L’assurance comportementale se développe dans de multiples segments de marché ”

L’assurance com­porte­men­tale se développe dans de mul­ti­ples seg­ments de marché. On trou­ve ain­si en assur­ance auto­mo­bile des offres dites Pay how you dri­ve, où le client béné­fi­cie d’un tarif mod­ulé en fonc­tion de son com­porte­ment au volant. 

De plus en plus d’offres se dévelop­pent aus­si en assur­ance san­té qui s’appuient sur les bracelets con­nec­tés et autres pro­grammes de coach­ing bien-être. 

L’enjeu de l’assurance com­porte­men­tale est bien de pro­pos­er des ser­vices et une tar­i­fi­ca­tion plus per­son­nal­isés, pour inten­si­fi­er et amélior­er la rela­tion client. 

L’assurance n’est-elle pas collaborative par essence ?

L’assurance col­lab­o­ra­tive fait égale­ment par­tie des grands axes d’innovation du secteur. Son principe est de regrouper des assurés en petits groupes à taille humaine, réu­nis pour se pro­téger de manière solidaire. 

Chaque année une par­tie des coti­sa­tions per­met au groupe de con­stituer une cagnotte des­tinée à pren­dre en charge leurs presta­tions d’assurance. Les sommes qui n’auront pas été util­isées seront resti­tuées de manière équitable à cha­cun des mem­bres du groupe. Les assurés se con­nais­sent et sont incités à adopter un com­porte­ment respon­s­able au béné­fice de tous. 

À ses orig­ines, l’assurance était effec­tive­ment col­lab­o­ra­tive. Elle reste aujourd’hui fondée sur un principe de mutu­al­i­sa­tion, mais elle a per­du ce qui lui garan­tis­sait l’expérience authen­tique­ment col­lab­o­ra­tive : la dimen­sion humaine et la responsabilisation. 

En quoi Otherwise innove dans ce cas ?

Oth­er­wise innove en réin­ven­tant l’assurance. D’abord, Oth­er­wise pro­pose une assur­ance sim­ple et zéro papi­er. Cela peut paraître indis­pens­able, mais peu d’acteurs le pro­posent aujourd’hui. L’assuré effectue ain­si toutes les démarch­es de manière dématérialisée. 

“ Otherwise permet de récupérer jusqu’à 50 % des cotisations d’assurance ”

Ensuite, Oth­er­wise pro­pose une assur­ance qui « rem­bourse à tous les coups ». Quand vous avez des sin­istres, Oth­er­wise vous rem­bourse, c’est la pri­or­ité. Mais s’il y a peu de sin­istres, Oth­er­wise vous reverse la par­tie de la coti­sa­tion qui n’a pas servi. 

Les assurés peu­vent ain­si bien se cou­vrir : ils en auront for­cé­ment pour leur argent. Alors qu’on ne récupér­era rien avec un assureur tra­di­tion­nel, Oth­er­wise per­met de récupér­er jusqu’à 50 % des coti­sa­tions d’assurance.

Enfin, Oth­er­wise pro­pose une assur­ance humaine et col­lab­o­ra­tive. À la souscrip­tion, les assurés rejoignent un groupe de per­son­nes qui ont toutes un mode de vie sem­blable. Nous pro­posons depuis le début d’année une com­plé­men­taire san­té col­lab­o­ra­tive, et nous tra­vail­lons déjà à con­stru­ire d’autres pro­duits d’assurance qui ver­ront le jour dans les prochains mois. 

Peut-on parler d’ubérisation ?

Il est prob­a­ble­ment abusif de par­ler d’ubérisation avec l’assurance col­lab­o­ra­tive. La plu­part des plate­formes opèrent en tant que courtier : elles ont fait le choix de tra­vailler en parte­nar­i­at avec les assureurs, notam­ment pour répon­dre à des con­traintes régle­men­taires impor­tantes. L’assurance col­lab­o­ra­tive n’a ain­si pas voca­tion à ren­dre les assureurs tra­di­tion­nels obsolètes comme Uber vis-à-vis des taxis. 

La référence à l’économie du partage me paraît plus adap­tée. L’assurance col­lab­o­ra­tive repose sur une notion d’« autoas­sur­ance col­lec­tive » où le partage d’une ressource (le risque) est por­teur de béné­fices pour tous. 

Est-ce que cela concerne les entreprises autant que les particuliers ?

Aujourd’hui, nous pro­posons une mutuelle san­té indi­vidu­elle, et nous nous adres­sons donc à des indi­vidus, aus­si bien à des par­ti­c­uliers qu’à des pro­fes­sion­nels indépendants. 

Le mod­èle est néan­moins tout à fait adap­té à l’échelle d’une entre­prise ou d’un regroupe­ment d’entreprises. Nous tra­vail­lons ain­si à dévelop­per des pro­duits qui cibleront le marché des entreprises. 

Comment réagissent les grands groupes français ?

Depuis le démar­rage du pro­jet, nous avons ren­con­tré plusieurs dizaines d’assureurs, d’abord à notre ini­tia­tive puis à la leur quand nous nous sommes ren­dus vis­i­bles par la profession. 

Glob­ale­ment, nous recevons un accueil très favor­able de leur part. Cet engoue­ment nous per­met d’ailleurs de jouer notre rôle de courtier, et de sélec­tion­ner le meilleur parte­naire sur cha­cun de nos produits. 

Et à l’international ?


Oth­er­wise innove en réin­ven­tant l’assurance.
© KASPARS GRINVALDS / FOTOLIA.FR

L’assurance col­lab­o­ra­tive se développe aus­si à l’international, comme : Lemon­ade aux États-Unis, qui a levé plus de 60 mil­lions de dol­lars depuis sa créa­tion, et Friend­surance qui se déploie en Alle­magne depuis 2012. 

Pour ce qui est d’Otherwise, nous com­mençons par con­solid­er notre présence en France mais nous avons des ambi­tions fortes à l’international.

Pourquoi avoir choisi d’entreprendre ?

J’ai com­mencé ma car­rière au sein d’une start-up un peu par­ti­c­ulière, puisque c’était un fonds d’investissement spé­cial­isé dans les infra­struc­tures. J’ai ensuite rejoint Are­va : j’en suis devenu directeur de la stratégie en 2012 et j’y ai notam­ment mis en place un pro­gramme d’innovation.

J’ai quit­té Are­va en 2015 avec la con­vic­tion qu’acculturer un grand groupe à la cul­ture start-up est un exer­ci­ce de longue haleine surtout dans une sit­u­a­tion économique dif­fi­cile et que ma voca­tion était d’aller créer ma pro­pre entre­prise pour trou­ver l’agilité, la rapid­ité qui fait défaut aux grands groupes. 

Et en venant d’un grand groupe, est-ce plus compliqué ?

Je trou­ve au con­traire que venir d’un grand groupe présente beau­coup d’avantages pour entre­pren­dre. D’abord, cela m’a per­mis de con­stru­ire un réseau pro­fes­sion­nel solide. Ce pas­sage par un grand groupe ren­force la crédi­bil­ité de notre équipe donc de notre projet. 

Il per­met aus­si de dévelop­per une bonne com­préhen­sion des enjeux poli­tiques des grandes organ­i­sa­tions et d’être plus effi­cace dans le développe­ment des rela­tions avec ce type de partenaires. 

Commentaire

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Peter Burépondre
26 mars 2018 à 10 h 29 min

Ques­tion à R. Berg­er sur Otherwise 

R.Berger affirme : “À la souscrip­tion, les assurés rejoignent un groupe de per­son­nes qui ont toutes un mode de vie sem­blable.” A quel pub­lic Oth­er­wise est-il réservé ? Com­ment l’as­sureur opère-t-il sa sélec­tion ? Cela aurait mérité un développement.

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