Pichon-Longueville Comtesse de Lalande

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°563 Mars 2001Rédacteur : Laurens DELPECH

Le domaine du châ­teau Pichon-Lon­gue­ville Com­tesse de Lalande est pour l’essentiel loca­li­sé sur la com­mune de Pauillac (seuls onze hec­tares, sur un total de soixante-quinze, sont situés sur la com­mune de Saint- Julien). Pauillac est une des appel­la­tions les plus pres­ti­gieuses du Médoc. Dix-huit châ­teaux situés dans cette com­mune figurent dans le clas­se­ment des vins de Bor­deaux de 1855, dont trois des cinq pre­miers crus clas­sés : Latour, Lafite et Mouton-Rothschild.

Les vins de Pauillac se situent donc tout à fait au som­met de la gamme des vins de Bor­deaux, et Pichon-Com­tesse (qu’on appelle ain­si pour le dif­fé­ren­cier de son voi­sin, Pichon-Baron, un autre second cru clas­sé rache­té par Axa-Mil­lé­simes en 1987) compte par­mi les domaines qui sou­tiennent cette répu­ta­tion, immé­dia­te­ment après le trio des pre­miers crus classés.

Voi­sin de châ­teau Latour, Pichon-Com­tesse par­tage avec cet illustre pre­mier cru la carac­té­ris­tique d’être situé sur un sol pauvre et avare, consti­tué de graves mêlées d’argile, ce qui per­met d’assurer un excellent drai­nage. Il faut que la vigne souffre pour faire du bon vin, et il est sur­tout indis­pen­sable que les racines aillent trou­ver l’eau à plu­sieurs mètres de profondeur.

Sis sur la com­mune de Pauillac, Pichon-Com­tesse se trouve donc pla­cé entre la Gironde et l’océan Atlan­tique. La pré­sence de ces masses d’eau favo­rise les dépla­ce­ments d’air qui chassent les nuages et dimi­nuent la plu­vio­si­té ; la rela­tive séche­resse qui en résulte favo­rise la concen­tra­tion des raisins.

L’encépagement de Pichon-Com­tesse est com­pa­rable à celui des autres pauillac, à quelques nuances près. C’est à Pauillac que le caber­net sau­vi­gnon trouve sa meilleure expres­sion. Asso­cié au bois neuf des bar­riques, il déve­loppe dans les plus grands vins des arômes inimi­tables de tabac, de vio­lette, de cas­sis et de fruits mûrs mais aus­si des notes presque métal­liques, de “ mine de crayon ”, qui per­mettent de dif­fé­ren­cier les vins de Pauillac de ceux des autres appel­la­tions du Médoc.

Tou­te­fois, le Pichon- Com­tesse ne contient que 45 % de caber­net sau­vi­gnon, un pour­cen­tage assez bas pour un pauillac (son voi­sin, châ­teau Latour, l’archétype du pauillac, contient 80% de caber­net sau­vi­gnon); en revanche les mer­lots comptent pour 35 %, une pro­por­tion qui rap­pelle l’encépagement de cer­tains mar­gaux (comme Pal­mer) ou de cer­tains saint-julien.

Le mer­lot pré­sente l’avantage d’arriver à matu­ri­té plus vite que le caber­net sau­vi­gnon, ce qui per­met de répar­tir les risques (rien n’est pire que de ven­dan­ger sous la pluie, c’est l’un des inté­rêts qu’il y a à dis­po­ser de plu­sieurs cépages arri­vant à matu­ri­té à des moments dif­fé­rents). Il apporte au vin une ron­deur et une saveur épi­cée très appréciées.

L’encépagement est com­plé­té par 12% de caber­net franc et 8% de petit ver­dot, un cépage qui mûrit dif­fi­ci­le­ment, mais qui, pour cette rai­son, apporte dans les années chaudes une fraî­cheur et une finesse extraordinaires.

Comme dans toutes les grandes pro­prié­tés du Médoc, on ne connaît pas à Pichon-Com­tesse la machine à ven­dan­ger : les ven­danges sont faites chaque année à la main, par la même équipe de vendangeurs.

Pichon-Com­tesse dis­pose natu­rel­le­ment d’installations de vini­fi­ca­tion tout à fait modernes (avec vingt-huit cuves inox de deux cent cin­quante-quatre hec­to­litres, ther­mo­ré­gu­lées par ordi­na­teur). En décembre, lorsque le vin a ter­mi­né sa seconde fer­men­ta­tion (la fer­men­ta­tion malo­lac­tique) et qu’il a pas­sé en cuves quelques semaines, com­mencent les sélec­tions, sous l’autorité vigi­lante de la com­tesse May Éliane de Lenc­que­saing, qui a repris en 1978 le domaine qu’elle a héri­té de son père, le cour­tier Édouard Miailhe. Elle veille chaque année, avec un soin jaloux, à ce que les meilleures cuvées soient sélec­tion­nées et assem­blées pour obte­nir le “ grand vin ”, dont il est pro­duit bon an mal an envi­ron deux cent mille bouteilles.

Une seconde sélec­tion per­met d’assembler la “ Réserve de la Com­tesse ”, un excellent second vin au rap­port qua­li­té-prix inté­res­sant. La Réserve de la Com­tesse joue dans le registre de la ron­deur et de la finesse, avec ses arômes de fruit rouge et son boi­sé déli­cat. La pre­mière mise sur le mar­ché de ce second vin remonte à 1973. Après l’assemblage, le vin est mis en bar­riques de chêne (50% de fûts neufs), afin de lui don­ner plus de tan­nins et mieux le struc­tu­rer pour une longue garde.

Voi­ci nos com­men­taires sur quelques mil­lé­simes récents.

Réserve de la Comtesse 1997

Nez très ouvert de fruits noirs avec une note vanillée et épi­cée. La bouche est ronde et plai­sante. Bonne per­sis­tance sur des notes fruitées.

Réserve de la Comtesse 1996

Robe rouge sombre. Nez de fruits rouges, de café et de tabac brun. La bouche est intense, avec de beaux tan­nins char­nus et frui­tés. L’ensemble est bien rele­vé par un boi­sé déli­cat et par­fai­te­ment fondu.

Château Pichon-Longueville Comtesse de Lalande 1996

Robe sombre, presque noire. Nez encore réser­vé, intense, com­plexe, avec des arômes très purs de cas­sis et une note de cèdre. En bouche, on décèle une solide struc­ture tan­nique et une magni­fique lon­gueur mais aus­si beau­coup de race. Un très beau vin, dense, com­plexe et élé­gant, à garder.

Château Pichon-Longueville Comtesse de Lalande 1995

Robe sombre aux reflets pourpres. Nez opu­lent et concen­tré avec des arômes de cas­sis, de cacao et de can­nelle. En bouche, la sen­sa­tion tac­tile est à la fois raf­fi­née et volup­tueuse et per­met d’apprécier une trame tan­nique soyeuse. Belle lon­gueur sur des notes fruitées.

Châ­teau Pichon-Lon­gue­ville Com­tesse de Lalande, 33250 Pauillac. Tél. : 05.56.59.19.40.
Site Web : www.pichon-lalande.com

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