L'X et la Covid-19

L’X sous la Covid-19

Dossier : Nouvelles du PlatâlMagazine N°758 Octobre 2020
Par Dominique ROSSIN (94)
Par Robert RANQUET (72)

Comme pour tous les étab­lisse­ments d’enseignement supérieur, la Covid-19 a sin­gulière­ment com­pliqué le déroule­ment des sco­lar­ités à l’X. Nous faisons le point avec le directeur adjoint de l’enseignement de l’École polytechnique.

Dominique Rossin, comment s’est passée la fin de l’année 2019–2020 ?

Comme vous vous en doutez, cela a été un peu com­pliqué ! Nous avons reçu l’ordre de fer­me­ture des étab­lisse­ments d’enseignement supérieur un ven­dre­di. Nous nous sommes accordés une semaine de bat­te­ment, d’une part pour per­me­t­tre aux élèves d’aller se con­fin­er au lieu de leur choix, dans leur famille ou ailleurs – cer­tains ont d’ailleurs préféré rester con­finés sur le cam­pus, et d’autre part pour nous per­me­t­tre de nous organ­is­er avec les enseignants et pré­par­er la mise en ligne des cours. Nous ne par­tions pas de rien puisque nous avons une cel­lule chargée de l’enseignement numérique à dis­tance, qui a pro­duit les nom­breux MOOCs de l’École.

Grâce à cette cel­lule, nous avons pu organ­is­er de nom­breuses séances de for­ma­tion à la péd­a­gogie en ligne, qui était une nou­veauté pour la plu­part des pro­fesseurs, et nous avons pu bas­culer com­plète­ment en ligne dès le lun­di suiv­ant. Et ça a bien marché ! Les pre­miers con­cernés étaient les bach­e­lors [NDLR : voir l’interview de deux bach­e­lors con­finés dans notre n° 755] et les ingénieurs poly­tech­ni­ciens en deux­ième année. Les troisième année avaient déjà fini leurs cours et pour eux le prob­lème était la réal­i­sa­tion de leurs stages. En revanche, il y avait une vraie dif­fi­culté pour l’accueil de la pro­mo 2019, qui était jusqu’alors en stage FHM et qui aurait dû arriv­er sur le cam­pus en avril, donc au plus fort du con­fine­ment. Ce n’était évidem­ment pas pos­si­ble, et ils ont donc fait une ren­trée « virtuelle ».

J’imagine que tout n’a pas été simple ?

Non ! Nous avons eu à relever deux défis impor­tants. Le pre­mier était la mise en ligne inté­grale des cours : cela a été un tra­vail con­sid­érable, en par­ti­c­uli­er de la part des pro­fesseurs. La deux­ième dif­fi­culté était la réal­i­sa­tion des stages à l’extérieur, pour les stages de recherche des 3A comme pour les stages en entre­prise des 2A. Évidem­ment, la plu­part des stages prévus ont été annulés, même si quelques-uns ont eu la pos­si­bil­ité de faire leur stage en télé­tra­vail. Nous avons dû rechercher des for­mules de sub­sti­tu­tion. Je dois dire qu’il y a eu une mobil­i­sa­tion extra­or­di­naire de l’AX et de la Fon­da­tion pour aider l’École à trou­ver des stages dans cette con­fig­u­ra­tion excep­tion­nelle. Grâce à cette mobil­i­sa­tion, on a pu trou­ver des stages pour la plu­part. On a com­plété le dis­posi­tif par un mod­ule « recherche » pro­posé par l’École pour quelques 3A.

Donc tout s’est bien terminé ?

Pas tout à fait. Il n’y a pas que l’aspect péd­a­gogique : cer­tains étu­di­ants, prin­ci­pale­ment inter­na­tionaux, comptent sur les rémunéra­tions de stage pour com­pléter le finance­ment de leurs études. Ils étaient devant une grosse dif­fi­culté. Là encore, la mobil­i­sa­tion des anciens avec l’AX et la Fon­da­tion a été essen­tielle, mais aus­si celle des élèves eux-mêmes qui ont fait jouer la sol­i­dar­ité pour aider leurs cama­rades en dif­fi­culté. Une « com­mis­sion de sol­i­dar­ité » a été créée entre tous ces parte­naires pour étudi­er au cas par cas la sit­u­a­tion des élèves en dif­fi­culté. D’ailleurs, la mobil­i­sa­tion des élèves pour faire face à cette sit­u­a­tion de crise excep­tion­nelle ne s’est pas arrêtée là : beau­coup d’élèves sont allés spon­tané­ment prêter main-forte dans dif­férents domaines à l’extérieur de l’École, sou­vent là où ils avaient fait leur stage FHM : chez les pom­piers, dans les forces de l’ordre, dans les hôpi­taux, etc.

“Nous avons maintenant
un dispositif très au point
pour la formation des enseignants
à la pédagogie en ligne.”

Quels sont les enseignements de cette crise pour l’École, à ce stade ?

Nous retirons des acquis impor­tants de cette pre­mière phase de ges­tion de la crise. Nous avons main­tenant un dis­posi­tif très au point pour la for­ma­tion des enseignants à la péd­a­gogie en ligne. Nous avons mis en place un sys­tème automa­tisé de ges­tion des Zooms calé sur le cal­en­dri­er des cours. Il faut dire que le tra­vail des enseignants a été tout sim­ple­ment fab­uleux, sans oubli­er l’apport essen­tiel de la DFHM pour tout ce qui a con­cerné l’organisation de la vie à l’École ou l’organisation du concours.

Mal­gré tout, il y a des choses qu’on n’a pas réus­si à faire. C’est en par­ti­c­uli­er le cas des « pales clas­santes » (les exa­m­ens qui entrent dans le classe­ment de sor­tie). Autant nous avons pu met­tre en place des solu­tions sat­is­faisantes pour les éval­u­a­tions courantes (oraux, sou­te­nances de pro­jet, devoirs clas­siques, QCM aléa­toires…), autant cela été dif­fi­cile pour les exa­m­ens qui con­di­tion­nent le classe­ment final : il y a des enjeux impor­tants pour les élèves et on ne pou­vait courir le risque de voir ces exa­m­ens con­testés ou invalidés. Nous avons donc décidé de les reporter à sep­tem­bre, pour qu’ils puis­sent se pass­er dans des con­di­tions plus satisfaisantes.

Mais, glob­ale­ment, nous pou­vons être sat­is­faits de cette pre­mière phase. Nous avons sondé les élèves pour savoir com­ment ils éval­u­aient cette ges­tion de la crise : 75 % se sont déclarés très satisfaits !

Et la rentrée 2020, comment s’est-elle déroulée ?

Il y a d’abord eu le con­cours 2020. Grande nou­veauté, les oraux se sont faits en décen­tral­isé. En fait, nous sommes revenus aux fonde­ments de l’École, puisque c’est ain­si que se recru­taient les toutes pre­mières pro­mo­tions. Des tandems d’examinateurs ont donc sil­lon­né la France pour faire pass­er les oraux aux can­di­dats dans le cen­tre de leur choix : c’était quand même plus rationnel et plus pru­dent, dans les cir­con­stances actuelles, que de con­vo­quer tout le monde à Paris ! Cette pro­mo­tion 2020 est arrivée en sep­tem­bre, mais pour repar­tir rapi­de­ment vers La Courtine.

Entre-temps, les pro­mos déjà présentes ont fait leur ren­trée physique sur le plateau (sauf peut-être pour cer­tains inter­na­tionaux qui ont eu des dif­fi­cultés à revenir en France, et qui pour­suiv­ent en télé-enseigne­ment), mais avec des mesures par­ti­c­ulières : nous gérons la capac­ité des amphis, avec de plus petits nom­bres d’élèves, nous avons des amphis par vidéo… Il est impor­tant que les élèves aient pu recom­mencer à vivre et étudi­er physique­ment ici à l’École : dans notre sondage, 85 % des élèves étaient deman­deurs de revenir en présen­tiel. La péd­a­gogie en ligne c’est bien, mais ça ne répond pas à toutes les attentes.


Au moment où nous pub­lions, l’École poly­tech­nique a fer­mé ses portes pour deux semaines à la suite de la révéla­tion de quelques cas posi­tifs à la Covid-19 par­mi les élèves. L’enseignement est assuré à distance.

Commentaire

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MOLYrépondre
23 avril 2021 à 18 h 09 min

Bon­jour, c’est un plaisir de par­courir la jaune et la rouge et d’en lire des arti­cles. C’est aus­si un plaisir de voir des pho­tos de l’é­cole. Elle a changé depuis que je l’ai quit­tée et je ne vois pas de rai­son pour pou­voir y retourn­er même (surtout) en tant que sim­ple vis­i­teur. N’ou­bliez pas, à l’oc­ca­sion, de faire un panora­ma des lieux. Merci

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