L’innovation : un levier de performance et de croissance pour la chimie pharmaceutique

Dossier : Dossier FFEMagazine N°731 Janvier 2018
Par Laurence JACQUES (88)
Par Laurent PETIT (D2010)

Quelques mots sur le marché des intermédiaires et principes actifs pharmaceutiques ?

Aujourd’hui, 70 % des prin­cipes actifs sont pro­duits en Inde ou en Chine. Ces trans­ferts ont été à l’origine de plu­sieurs scan­dales sani­taires et ont entraî­né une aug­men­ta­tion des rup­tures d’approvisionnement en Europe. 

Alors que les groupes phar­ma­ceu­tiques éthiques rapa­trient une grande par­tie de leurs appro­vi­sion­ne­ments vers l’Occident, les fabri­cants de géné­riques, sou­mis à une très forte pres­sion éco­no­mique, cherchent des prin­cipes actifs euro­péens capables de riva­li­ser avec des prix asiatiques. 

Seule l’innovation, à tous les niveaux, chi­mique, tech­no­lo­gique, orga­ni­sa­tion­nel et mana­gé­rial, peut per­mettre de résoudre cette équa­tion difficile. 

Quel est le positionnement de Minakem sur ce marché ?

Mina­kem est une socié­té de chi­mie fine qui inter­vient comme sous-trai­tant auprès des grands groupes phar­ma­ceu­tiques et qui four­nit des prin­cipes actifs aux socié­tés géné­riques. Nous avons deux usines dans le nord de la France, une usine en Bel­gique et une en Allemagne. 

Mina­kem fait par­tie du Groupe Mina­fin, une socié­té fon­dée en 2005 par Fré­dé­ric Gau­chet, qui a réa­li­sé en 2016 un CA de 160 M€ avec 6 usines et 780 col­la­bo­ra­teurs. Le groupe Mina­fin, qui avait démar­ré avec une seule usine et 140 col­la­bo­ra­teurs, s’est for­te­ment déve­lop­pé depuis sa fon­da­tion, par crois­sance orga­nique et externe, en rache­tant suc­ces­si­ve­ment 5 sites industriels. 

Comment Minakem fait face à la concurrence des pays émergents ?

Dès 2014, nous avons mis en place une stra­té­gie qui s’appuie sur 3 piliers : 

  • Construire une offre mieux adap­tée aux besoins de nos dif­fé­rents clients : nous avons fait évo­luer nos pro­po­si­tions en fonc­tion des clients (géné­riques et « Big Phar­ma ») en met­tant notam­ment en place une ges­tion de pro­jet adap­tée et des sup­ports tech­niques sur mesure.
    Nous avons rené­go­cié des contrats et trans­fé­ré quelques pro­duc­tions pour pou­voir inté­grer des pro­duits à plus haute valeur ajoutée.
    Dès 2015, nous avons pu redres­ser signi­fi­ca­ti­ve­ment nos marges et amé­lio­rer notre rela­tion avec nos clients en valo­ri­sant nos capa­ci­tés industrielles ; 
  • Capi­ta­li­ser sur notre inven­ti­vi­té chi­mique recon­nue : nous dis­po­sons d’un labo­ra­toire de R&D sur le site de Beu­vry-la-Forêt qui regroupe 38 cher­cheurs et tech­ni­ciens qui trans­posent des syn­thèses chi­miques en pro­cé­dés indus­triels stables. Nous opti­mi­sons constam­ment nos pro­cé­dés et cher­chons de nou­velles routes chi­miques pour amé­lio­rer les coûts de pro­duc­tion des molé­cules récurrentes.
    En paral­lèle, nous expé­ri­men­tons et met­tons en œuvre de façon indus­trielle de nou­velles tech­no­lo­gies pour élar­gir notre por­te­feuille de solutions.
    Nous pri­vi­lé­gions les meilleures méthodes et dès 2014, nous avons for­mé nos équipes à la méthode « Qua­li­ty by Desi­gn ». Cette for­ma­tion a débou­ché en 2017 sur la créa­tion d’un labo­ra­toire dédié au « QbD » ; 
  • Faire évo­luer notre outil indus­triel pour répondre aux besoins du mar­ché : nous avons spé­cia­li­sé les usines en fonc­tion de leur savoir-faire et nous avons ajou­té des équi­pe­ments pour aug­men­ter la capa­ci­té des ate­liers existants.
    Nous avons ren­for­cé les moyens tech­niques et humains en qua­li­té et en ana­ly­tique. Enfin, nous démar­rons cette année la construc­tion de deux nou­velles lignes sur deux de nos sites. 

Et pour conclure ?

La mise en place de cette stra­té­gie a été accom­pa­gnée par une pro­fonde évo­lu­tion de la culture d’entreprise. Depuis 3 ans, nous avons réus­si à croître de 18 % par an dans un mar­ché qui croît de 5 % par an. 

Nous avons créé plus de 60 postes qua­li­fiés dans le nord de la France. Nous pour­sui­vons nos inves­tis­se­ments avec plus de 20 M€ pré­vus en 2017 et 2018 sur les usines de Dun­kerque et Lille pour per­mettre de déve­lop­per les capa­ci­tés de production. 

Le démar­rage de ces capa­ci­tés début 2019 per­met­tra de rame­ner de la valeur ajou­tée asso­ciée à l’industrie phar­ma­ceu­tique et d’améliorer la sécu­ri­té d’approvisionnement en Europe.

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