Diabeloop : la pépite française qui transforme la vie des personnes qui vivent avec le diabète

Dossier : Health techMagazine N°773 Mars 2022
Par Erik HUNEKER (95)

Créée en 2015 par le doc­teur Guil­laume Char­p­en­tier et Erik Hunek­er (95), Dia­be­loop facilite la vie des per­son­nes vivant avec un dia­bète de type I grâce au pre­mier dis­posi­tif médi­cal européen pour la ges­tion automa­tisée et per­son­nal­isée du traite­ment : DBLG1 Sys­tem. CEO et cofon­da­teur de cette start-up inno­vante, Erik Hunek­er (95) nous en dit plus.

Quelle a été la genèse de Diabeloop ? 

À l’origine de ce pro­jet, il y a ma ren­con­tre avec le doc­teur Guil­laume Char­p­en­tier, un dia­bé­to­logue qui a dévelop­pé une con­nais­sance fine du besoin des per­son­nes atteintes de dia­bète type I. De mon côté, j’évoluais aus­si dans le monde de la san­té au sein de GE Med­ical. Dans le cadre d’un parte­nar­i­at avec le CEA-Leti et le CERITD, une asso­ci­a­tion loi 1901 dirigée par Guil­laume Char­p­en­tier, en mars 2015, nous avons lancé Dia­be­loop à par­tir d’une feuille blanche.

L’idée orig­i­nale de Dia­be­loop est de créer des dis­posi­tifs qui asso­cient un cap­teur de gly­cémie en con­tinu et une pompe à insu­line et un algo­rithme capa­ble de cal­culer, en per­ma­nence, la quan­tité d’insuline néces­saire pour main­tenir l’équilibre gly­cémique de la per­son­ne équipée. En cap­i­tal­isant sur l’IA et le machine learn­ing, l’algorithme est en mesure de don­ner des ordres à la pompe pour injecter automa­tique­ment l’insuline. On par­le alors d’un sys­tème en « boucle fer­mée ». Con­crète­ment, nous ne fab­riquons pas la pompe ou le cap­teur. Nous dévelop­pons l’algorithme auto-apprenant, hébergé dans un ter­mi­nal dédié, qui cal­cule en per­ma­nence, les besoins per­son­nal­isés en insu­line et com­mande la délivrance à la pompe, ou la sus­pen­sion, à par­tir des valeurs de gly­cémie recueil­lies toutes les cinq min­utes, et les paramètres de la per­son­ne équipée. 

Après les dif­férents pro­jets de développe­ment et les études clin­iques, nous avons obtenu en 2018 le mar­quage CE, puis les pris­es en charge de notre dis­posi­tif et nous sommes aujourd’hui en plein lance­ment com­mer­cial de notre dis­posi­tif aus­si bien en France qu’en Europe. Plusieurs mil­liers de per­son­nes ont déjà été équipés du DBLG1 Sys­tem. Les résul­tats ain­si que les retours sur expéri­ence sont très posi­tifs et encourageants !

Plusieurs milliers de personnes ont déjà été équipés du DBLG1 System de Diabeloop

Avec votre technologie quelles problématiques adressez-vous ? 

Notre sys­tème s’appuie sur une tech­nolo­gie qui va décider de manière automa­tique de la dose d’insuline à administrer. 

Con­crète­ment, il per­met de réduire de plus de moitié l’hypoglycémie, mais aus­si d’augmenter le temps passé dans la cible gly­cémique et par con­séquent dimin­uer le risque de com­pli­ca­tions liées au dia­bète (ampu­ta­tion, céc­ité, prob­lèmes car­dio-vas­cu­laires, perte des reins…). Au-delà, il améliore la qual­ité de vie et réduit la charge men­tale au quo­ti­di­en en soulageant le patient de la prise de mul­ti­ples déci­sions thérapeutiques. 

Au cœur de votre activité, on retrouve l’intelligence artificielle thérapeutique. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette dimension ? 

Nos solu­tions sont les pre­mières à embar­quer du machine learn­ing. Sur ce marché en plein développe­ment, nous ne serons bien évidem­ment pas les seuls acteurs à se posi­tion­ner, mais con­traire­ment à d’autres (fab­ri­quants de pom­pes, de cap­teurs…), Dia­be­loop est une entre­prise avant tout spé­cial­isée en soft­ware et en data sci­ence. En cap­i­tal­isant sur nos exper­tis­es, nous met­tons le machine learn­ing au ser­vice des per­son­nes. D’ailleurs, notre sys­tème a été pen­sé et conçu avec les util­isa­teurs fin­aux pour être au plus près de leur réal­ité et de leurs besoins au quo­ti­di­en dans le traite­ment de cette pathologie. 

Jusqu’ici, en médecine, l’intelligence arti­fi­cielle et le machine learn­ing sont mis au ser­vice du patient dans un dis­posi­tif thérapeu­tique, en ajus­tant en per­ma­nence la dose d’insuline sans val­i­da­tion per­ma­nente du médecin ou du patient.  

Et concrètement, comment cela fonctionne-t-il ? Comment garantissez-vous la fiabilité de la décision prise par cette IA thérapeutique ? 

Dia­be­loop a breveté une série de tech­nolo­gies qui nous per­met de met­tre le machine learn­ing sous con­trôle et super­vi­sion. À chaque moment, si le degré de fia­bil­ité de la com­préhen­sion de la sit­u­a­tion actuelle par l’algorithme est trop faible, on bas­cule sur un sec­ond algo­rithme qui va met­tre en équa­tion la sit­u­a­tion actuelle avec le com­porte­ment qu’aurait le médecin dans ce con­texte pré­cis. 

Cette dual­ité des algo­rithmes et la mise sous con­trôle du machine learn­ing, afin qu’il ne puisse pas pren­dre de déci­sion quand sa com­préhen­sion de la sit­u­a­tion n’est pas suff­isante, ren­dent notre approche et notre dis­posi­tif uniques. Et c’est juste­ment ce qui nous a per­mis d’obtenir le mar­quage CE ain­si que l’ensemble des autori­sa­tions régle­men­taires. Aujourd’hui, le pre­mier dis­posi­tif con­cerne le dia­bète de type I avec util­i­sa­tion d’une pompe, prochaine­ment cela pour­ra s’appliquer au traite­ment par mul­ti-injec­tions au sty­lo, et/ou pop­u­la­tions souf­frant de dia­bète de type II.

Sur le moyen terme, nos tech­nolo­gies pour­ront même être appliquées à d’autres domaines de la médecine où le médecin et le patient ont besoin de pou­voir s’appuyer sur de tels dis­posi­tifs tout en con­ser­vant le con­trôle sur les déci­sions prises.

Aujourd’hui, où en êtes-vous et quels sont vos principaux enjeux ? 

Nous dis­posons de l’ensemble des autori­sa­tions régle­men­taires en Europe et des pris­es en charge dans six pays. En France, par exem­ple, nous sommes mobil­isés sur la com­mer­cial­i­sa­tion à grande échelle du DBLG1 Sys­tem. Avec notre parte­naire Roche, nous dis­tribuons notre pro­duit en Europe et notam­ment en Alle­magne, en Espagne, et en Ital­ie avec déjà plusieurs mil­liers de per­son­nes équipées. 

Avec plus de 2,5 mil­lions de per­son­nes atteintes de dia­bète type I en Europe, notre défi est de pou­voir assur­er une crois­sance rapi­de, tout en adap­tant notre solu­tion pour cou­vrir aus­si rapi­de­ment les besoins des pop­u­la­tions et options de traitement. 

En par­al­lèle, nous tra­vail­lons avec la FDA pour avoir accès au marché améri­cain. Nous prévoyons de soumet­tre notre dossier pour obtenir cet agré­ment cette année. 

Au départ, Dia­be­loop repo­sait sur mon asso­ci­a­tion avec le doc­teur Char­p­en­tier. En jan­vi­er 2022 , c’est plus de dix per­son­nes. Pour relever l’ensemble de ces défis et accélér­er notre crois­sance et développe­ment, nous devons faire grandir nos équipes dans le domaine des opéra­tions, du com­mer­cial, de la for­ma­tion, du développe­ment et de la data science. 

Sur les prochaines années, nous allons recruter plusieurs dizaines de per­son­nes. C’est un très beau chal­lenge que d’aller chercher les com­pé­tences et les tal­ents français qui per­me­t­tront à Dia­be­loop de franchir un nou­veau cap ! 

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