L’espace à la conquête des femmes !

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°777 Septembre 2022
Par Caroline LAURENT (X82)

Encore lar­ge­ment mécon­nu des jeunes diplô­mées, le sec­teur du spa­tial peut offrir aux ingé­nieures des car­rières pas­sion­nantes ancrées dans les enjeux d’aujourd’hui et de demain. Caro­line Laurent (X82), direc­trice des sys­tèmes orbi­taux et des appli­ca­tions, revient sur son par­cours dans ce domaine et nous en dit plus sur ses métiers.

De la fonction publique au CNES, comment cette transition professionnelle s’est-elle opérée ? 

J’ai débu­té ma car­rière au minis­tère des Armées en 1987 à la direc­tion des mis­siles et de l’espace. J’ai suc­ces­si­ve­ment occu­pé des postes de mana­ge­ment de pro­jets tech­niques, de recherche dans le domaine satel­li­taire, océa­no­gra­phique et de la recon­nais­sance spa­tiale. J’ai aus­si eu l’opportunité de tra­vailler sur la poli­tique spa­tiale fran­çaise au sein du minis­tère de l’Industrie.

J’ai ensuite occu­pé diverses fonc­tions au sein de la DGA dans le domaine du spa­tial, des télé­com­mu­ni­ca­tions, de l’aéronautique : direc­trice du pro­gramme spa­tial de télé­com­mu­ni­ca­tions mili­taires, puis de l’ensemble des réseaux opé­ra­tifs et tac­tiques. J’ai aus­si diri­gé les pro­grammes aéro­nau­tiques puis l’ensemble des pro­grammes espaces et sys­tèmes d’information et télé­com­mu­ni­ca­tions. En décembre 2014, j’ai été nom­mée direc­trice de la stra­té­gie de la DGA et à ce titre en charge de la mise en place des coopé­ra­tions euro­péennes, de la repré­sen­ta­tion à l’OTAN, de la pré­pa­ra­tion de l’avenir (Lire : L’Espace, enjeu de sou­ve­rai­ne­té pour la France et pour l’Europe).

Cinq ans plus tard, soit en 2019, j’ai fait le choix de quit­ter l’administration pour rejoindre le CNES en tant que direc­trice des sys­tèmes orbi­taux et des applications.

Quelles sont vos missions au sein CNES ?

Mon poste est très opé­ra­tion­nel. Je dirige les pro­jets de déve­lop­pe­ment et d’exploitation des infra­struc­tures spa­tiales, de valo­ri­sa­tion des don­nées pour des appli­ca­tions allant de la défense à l’exploration de l’univers en pas­sant par les sciences de la terre, le climat…

Mon poste couvre éga­le­ment une très forte com­po­sante humaine : mana­ge­ment des équipes, déve­lop­pe­ment des com­pé­tences… La dimen­sion tech­nique est aus­si omni­pré­sente avec des pro­jets com­plexes et sou­mis à de nom­breux aléas et la néces­si­té de com­bi­ner délais, per­for­mance et coûts ! La com­po­sante inter­na­tio­nale est éga­le­ment impor­tante avec des coopé­ra­tions avec la NASA, la JAXA ou la CNSA ou l’ESA. Nous accom­pa­gnons aus­si les nou­veaux entrants, notam­ment les start-up et les PME, afin de tra­vailler sur des sujets à forte valeur ajou­tée et pro­mou­voir l’innovation, la valo­ri­sa­tion de la don­née, les nou­veaux usages du spa­tial, sus­ci­ter ou accom­pa­gner de nou­veaux marchés.

En paral­lèle, je siège au sein de plu­sieurs conseils d’administration dont l’ONERA, Aeros­pace Val­ley, l’Agence Natio­nale des Fré­quences que je pré­side depuis mai. Je suis aus­si membre de l’Académie des Technologies.

Le monde spatial reste assez masculin. Quel regard portez-vous sur la mixité dans votre secteur ?

Tout comme les écoles d’ingénieurs, nos métiers, qui ont une conno­ta­tion tech­no­lo­gique forte, peinent à atti­rer les jeunes filles. Il est dom­mage que le sec­teur de l’es­pace ne compte pas plus de femmes alors qu’il traite de sujets d’actualité et à fort impact socié­tal comme l’amélioration de la connais­sance du réchauf­fe­ment cli­ma­tique, l’impact de la tran­si­tion éner­gé­tique, la ges­tion des crises géo­po­li­tiques, météo­ro­lo­giques, encore géo­lo­giques… autant de domaines qui peuvent offrir de très belles pers­pec­tives de car­rières et d’épanouissement personnel.

Justement, quelles sont les opportunités de carrières proposées par le CNES ?

Le spa­tial fait appel à l’imaginaire. C’est un uni­vers pas­sion­nant qui fas­cine les hommes et les femmes depuis des décen­nies. Au-delà des pro­jets pure­ment spa­tiaux, les jeunes talents peuvent être ame­nés à tra­vailler sur des pro­jets de valo­ri­sa­tion de la don­née, des pro­jets en col­la­bo­ra­tion avec des labo­ra­toires et des cher­cheurs scien­ti­fiques comme les spé­cia­listes du GIEC…

En paral­lèle au CNES, nous avons un rôle impor­tant à jouer dans l’amélioration de la connais­sance du cli­mat et de la place de notre terre au sein de l’univers ! Au-delà de la diver­si­té des métiers, le CNES offre une cer­taine mobi­li­té géo­gra­phique et intel­lec­tuelle : on peut ain­si évo­luer d’un poste d’expert tech­nique à Tou­louse ou Paris à celui de chef d’opérations en Guyane, de chef d’un grand pro­jet scien­ti­fique en charge de repré­sen­ter le CNES à Washing­ton, Tokyo ou dans une struc­ture de l’Union euro­péene, en encore de bas­cu­ler dans les RH ou la com­mu­ni­ca­tion selon ses appétences…

Et pour conclure ? 

J’invite les lec­trices à se ren­sei­gner sur le monde du spa­tial. C’est un uni­vers où elles pour­ront s’épanouir et sur­tout lais­ser libre court à leur ima­gi­na­tion et faire preuve d’audace tout en ayant un impact fort sur notre société !

Poster un commentaire