Les vignerons polytechniciens

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°680 Décembre 2012Rédacteur : Lady GastronomiX

Une fois n’est pas cou­tume, je ne suis pas allée au restau­rant, j’ai bu pour vous. Quel plaisir de ren­con­tr­er des X‑Vignerons tous très impliqués et engagés dans leurs vig­no­bles, affaires de famille ou pro­priétés per­son­nelles. Ils par­lent de leur vigne comme d’une vieille maîtresse aimée, respec­tée et choyée : on cède à ses caprices, on devine ses désirs. Cette amante exigeante, capricieuse, luna­tique, extrav­a­gante par­fois, livre alors des crus d’exception.

Je pen­sais ren­con­tr­er des investis­seurs élar­gis­sant leurs porte­feuilles, nous en con­nais­sons tous, et je me suis retrou­vée face à des amoureux tran­sis dou­blés de tech­ni­ciens aver­tis (j’en viens à rêver d’être un cep de vigne). Mais, las, c’est en Bac­chus aviné que j’ai ter­miné ma tournée.

De nom­breuses régions étaient représen­tées par quinze pro­prié­taires-exploitants, qui fab­riquent leur vin sur de petits ter­roirs bichon­nés famil­iale­ment. Leur mot d’ordre : Qual­ité ! Selon Leriche (57), pro­duc­teur de l’AOP château Le Sartre, en Pes­sac- Léog­nan, il n’y a pas d’avenir pour des pro­duits quel­con­ques.

J’ai goûté le sauternes de Granboulan (74), qui m’a expliqué avec orgueil qu’un pied de vigne pro­duit un verre de sauternes ou une bouteille de cham­pagne ; moi qui pré­tends devenir raisonnable, j’ai été séduite par le car­ac­tère peu chargé en sucre bien que très fruité de son Grand- Jourgey, et je suis par­tie avec six bouteilles. Plus loin, humant l’armagnac du Chais de Muret, j’en ai emporté pour Noël une bouteille du mil­lésime 96.

Je n’ai pas non plus su résis­ter aux bulles rosées de Loué (87), dont le prix est plus que raisonnable. Et l’expérience de Leroy (83) m’a émue : après une thèse de biolo­gie, il s’est lancé, d’abord comme locataire, puis comme pro­prié­taire, dans la cul­ture du côtes-du-Jura, un ter­roir rus­tique et moins onéreux. Après des années de rigueur et de labeur, il a pu m’affirmer fière­ment que le soleil ne se couche jamais sur [ses] vins, puisqu’il exporte du Québec au Dane­mark. Son vin, L’Aigle à deux têtes, fera un beau cadeau pour un amateur.

Autre his­toire éton­nante, celle du beau-père d’Accary (68), Mau­rice Mar­chal (32), père de onze enfants, qui réno­va le château La Rolière (huit hectares de vig­no­bles clos de murs) pour y héberg­er sa nom­breuse cou­vée et en fit une aven­ture famil­iale en y asso­ciant ses dix gen­dres pour pro­duire du côtes-du-rhône et des fruits.

Les Bour­guignons étaient noble­ment représen­tés, notam­ment avec le mer­curey de Coëf­fé (70), le meur­sault de Bénéz­it (74), et last but not least, par le prési­dent du groupe X‑Vinicole, Col­let (65), six­ième généra­tion sur son domaine de Fontag­neux, pro­duc­teur de moulin-à-vent.

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Anonymerépondre
14 décembre 2012 à 9 h 54 min

Excel­lent et très sym­pa­thique
Excel­lent et très sym­pa­thique article

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