Les pôles de compétitivité : Rôle du groupe de travail X‑Clusters

Dossier : Le Sursaut, 2e partieMagazine N°621 Janvier 2007
Par Jérôme FOUREL (92)

Des cen­taines de poly­tech­ni­ciens ont été impliqués dans la genèse des « pôles de com­péti­tiv­ité », et des mil­liers de poly­tech­ni­ciens (cadres et dirigeants d’en­tre­pris­es, entre­pre­neurs, chercheurs et pro­fesseurs, hauts fonc­tion­naires, acteurs de la « société civile », etc.) s’im­pliquent aujour­d’hui jour et nuit dans la mise en place et le développe­ment des 66 pôles, à com­mencer bien sûr par les 6 pôles mon­di­aux1

  • en Île-de-France, le pôle SYSTEM@TIC Paris Région (www.systematic-paris-region.org), où évidem­ment l’É­cole joue et jouera un rôle important ;
     
  • dans la région PACA, le pôle Solu­tions com­mu­ni­cantes sécurisées (www.pole-scs.org), où évidem­ment Sophia-Antipo­lis (1er clus­ter « à la française » porté à bout de bras par notre cama­rade Pierre Laf­fitte il y a trente ans) joue et jouera un rôle moteur ;
     
  • à Greno­ble, le pôle MINALOGIC (www.minalogic.org) ;
     
  • dans le Sud-Ouest, le seul pôle biré­gion­al (Midi-Pyrénées/Aquitaine) Aero­space Val­ley (www.aerospace-valley.com
     
  • à Lyon, le pôle LYONBIOPOLE (www.lyonbiopole.org) ;
     
  • en Île-de-France, le pôle MédiTech San­té Paris Région (meditech.paris-region.com).

Le chantier des pôles de com­péti­tiv­ité est un chantier immense, stratégique pour remet­tre à niveau le « ter­ri­toire France » dans la com­péti­tion inter­na­tionale, non seule­ment au plan indus­triel mais aus­si au plan cul­turel, car ces réformes de struc­ture ne réus­siront que si l’on adapte égale­ment la cul­ture de tous :

  • celle des Grandes Écoles (PME ultra­réac­tives, qui ont large­ment réus­si leur « révo­lu­tion cul­turelle » depuis dix ans, notam­ment leur inter­na­tion­al­i­sa­tion ; reste le chantier essen­tiel de la recherche, indus­trielle et fon­da­men­tale, via notam­ment Paris­Tech) et des uni­ver­sités, des entre­pris­es, de la recherche publique et privée ;
     
  • le monde de la finance, car ils financeront les efforts col­lec­tifs et indi­vidu­els : le chantier « réseau fort de Busi­ness Angels » reste un des élé­ments man­quants essen­tiels pour faire croître nos PME, et où les X ont un rôle à jouer pour faire émerg­er une classe de BA à la cul­ture plus industrielle ;
     
  • l’u­nivers des médias, qui pro­jet­tera une image pos­i­tive des tal­ents et réus­sites, tout en met­tant aus­si le doigt sur les points noirs ;
     
  • les citoyens français et les nom­breux émi­grants — notam­ment nos cama­rades inter­na­tionaux (venus notam­ment d’Asie, d’Eu­rope cen­trale et ori­en­tale, d’Amérique latine et d’Afrique), qui for­ment aujour­d’hui plus de 20 % des pro­mo­tions des grandes écoles d’ingénieurs. Il y a un énorme tra­vail pour met­tre ces cama­rades trans­mi­grants2 à leur juste place dans l’é­cosys­tème France, notam­ment du côté recherche et entre­pre­neuri­at. N’ou­blions pas que la Sil­i­con Val­ley, depuis quinze ans, s’est bâtie sur le tal­ent de ces migrants (issus prin­ci­pale­ment des pays dits émer­gents), qui for­ment aujour­d’hui plus de 50 % des PhD en sci­ence et ingénierie des USA et cofondent plus de 60 % des entre­pris­es high-tech de la Sil­i­con Valley.

Les pleins effets de ces réformes ne se fer­ont sen­tir que dans une généra­tion, et les poly­tech­ni­ciens ont une grande respon­s­abil­ité pour per­me­t­tre la mon­tée en puis­sance de ces pôles, comme les anciens du MIT l’ont eue dans le clus­ter de la Route 128, et ceux de Stan­ford dans la Sil­i­con Val­ley. Trois valeurs fon­da­men­tales de la com­mu­nauté poly­tech­ni­ci­enne lui don­nent une impor­tance particulière :

1) l’in­tégrité et l’ex­i­gence de la rai­son, qual­ités qui avaient fait au XIXe siè­cle de « l’é­cosys­tème X » (et de tous ses spin-offs napoléoniens à tra­vers l’Eu­rope) le précurseur des clus­ters d’in­no­va­tion sci­en­tifique et indus­trielle, dont le MIT et d’autres se sont ensuite inspirés à la fin du XIXe siè­cle, et qui l’ont ensuite fait énor­mé­ment mon­ter en puis­sance dans les années 1950 et 1960 ;

2) « l’e­sprit de corps », qual­ité (et défaut) qui a notam­ment per­mis dans les années 1960 et 1970, via les mem­bres des corps d’É­tat et les « grands pro­grammes », de rat­trap­er un lourd retard indus­triel face à l’An­gleterre et à l’Alle­magne, et de créer-con­solid­er les géants indus­triels qui for­ment aujour­d’hui l’os­sa­t­ure de la puis­sance indus­trielle française ;

3) la con­fi­ance et la méri­to­cratie, qui per­me­t­tent l’ac­ti­va­tion de réseaux trans­ver­saux de con­fi­ance, intergénéra­tionnels et désor­mais inter­na­tionaux, véhicule « marchant à l’air frais », essen­tiel pour faire obsta­cle à la bureau­crati­sa­tion-ver­ti­cal­i­sa­tion inévitable de toute struc­ture formelle, et pour per­me­t­tre une « économie du presque chaos », où l’on puisse fédér­er les éner­gies et trans­former en géants inter­na­tionaux une nou­velle généra­tion de PME.

Face à cela, quel sera le rôle du petit groupe de tra­vail X-Clus­ters ? Sim­ple­ment essay­er de faire en sorte que tous les poly­tech­ni­ciens (et « amis ») impliqués dans la dynamique des clus­ters, et que ceux ayant le pro­jet de s’y impliquer :

  • se con­nais­sent — vous pou­vez vous inscrire d’ores et déjà sur la liste clusters@x‑sursaut.polytechnique.org via http://www.polytechnique.net/X‑Sursaut/lists ;
     
  • échangent entre eux — vous pou­vez via le site d’X-Sur­saut http://x‑sursaut.polytechnique.org accéder à la page « clus­ters-pôles de com­péti­tiv­ité », et y éditer du texte et exporter des doc­u­ments. Des volon­taires sont les bien­venus pour s’oc­cu­per (analyse et action) d’une prob­lé­ma­tique don­née et organ­is­er, à Paris ou en région ou à l’in­ter­na­tion­al, des réu­nions de travail ;
     
  • appor­tent des solu­tions-propo­si­tions con­crètes sur cer­tains sujets — le chantier « pôles de com­péti­tiv­ité » est encore plein de « prob­lèmes à résoudre » (au niveau micro ou macroé­conomique ; tech­nique-organ­i­sa­tion­nel-financier), les X aiment résoudre des prob­lèmes com­plex­es, et il y en a à foison.

Sur ce dernier point, compte tenu du fait que nous sommes tous très occupés et très pris, une vraie plate­forme de tra­vail col­lab­o­ratif en ligne (Xwiki.com, dévelop­pée par un X 90) est néces­saire, est en cours d’adap­ta­tion, devrait être prête sous trois mois, et est déjà util­isée pour répon­dre à un cas con­cret : com­ment rac­crocher une jeune start-up (Gostai.com, qui a un mid­dle­ware robo­t­ique révo­lu­tion­naire, qui est entre autres le cerveau logi­ciel du robot Aibo de Sony made-by-X94) au pôle SYSTEM@TIC et au Japon, et lui trou­ver des finance­ments adéquats sous six mois.

Toutes les éner­gies sont les bien­v­enues pour rejoin­dre le groupe X-Clus­ters, la seule chose qui soit ban­nie du groupe est la langue de bois.

Le « squelette » des clus­ters « à la française » est en cours de mise en place, nous espérons y apporter à un très mod­este niveau :

  • un peu de « mus­cle » poly­tech­ni­cien, via une classe très diver­si­fiée de poly­tech­ni­ciens, de toutes généra­tions, dévelop­pant aujour­d’hui les clus­ters dans chaque région,
     
  • un peu de « sang » poly­tech­ni­cien, venu de France mais aus­si de l’in­ter­na­tion­al, où de nom­breux cama­rades (notam­ment par­mi les jeunes pro­mo­tions) sont immergés dans d’autres clus­ters, et espèrent jouer un rôle pour tiss­er des liens de codéveloppe­ment avec les clus­ters français, car la crois­sance de ces clus­ters devra se faire sou­vent via le développe­ment dans de grands marchés por­teurs, en Europe mais aus­si aux États-Unis et en Asie, car un vrai corps poly­tech­ni­cien, plein de vie, est com­posé de ces trois élé­ments (et assumant que le cerveau est opérationnel).

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1. De nom­breuses infor­ma­tions sont disponibles sur le por­tail gou­verne­men­tal de pro­mo­tion des pôles : http://www.competitivite.gouv.fr
2. Désig­nant par ce terme de « trans­mi­grant » nos cama­rades français ayant migré dans d’autres pays et souhai­tant revenir, ain­si que nos cama­rades inter­na­tionaux venus étudi­er, tra­vailler et s’in­té­gr­er à notre pays.

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