Les Mèdes

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°629 Novembre 2007Par : Pierre-Henri MULTON (84)Rédacteur : François VALÉRIAN (83)Editeur : Éditions Amalthée - 2006 - 2, rue de Crucy, 44005 Nantes Cedex 1.

Pierre-Hen­ri Mul­ton nous livre avec Les Mèdes un roman his­to­rique pas­sion­nant. L’écriture en est simple et claire, ce qui n’est pas aisé quand on touche à un sujet aus­si éloi­gné de nous que la Grèce du début du Ve siècle avant notre ère. Ce roman se dévore, et nous entraîne du champ de bataille de Mara­thon à celui de Pla­tées, sur un peu plus de dix ans de guerres entre les cités grecques et le for­mi­dable Empire perse.

Chronique d’une époque

Les Mèdes de Pierre-Henri MultonIl a beau se lire vite, il offre néan­moins plu­sieurs niveaux de lec­ture. C’est tout d’abord la chro­nique d’une époque, de la riva­li­té entre les cités et de leur union dif­fi­cile face à un enne­mi mor­tel. Il faut saluer ici l’intelligence de la Grèce antique chez notre cama­rade, et son apti­tude à faire revivre les débats poli­tiques à par­tir des grands auteurs, Plu­tarque et Héro­dote en par­ti­cu­lier. Les sys­tèmes de pou­voir, les cultes reli­gieux sont retra­cés dans leur diver­si­té et per­mettent de mieux com­prendre les péri­pé­ties du conflit.

Roman d’apprentissage

Cepen­dant, cette époque nous la décou­vrons par les yeux d’un jeune homme que la guerre avec les Perses ini­tie à la vie. Chro­nique his­to­rique, le livre, Les Mèdes, forme donc aus­si un roman d’apprentissage. Aké­las, le héros, affronte dou­lou­reu­se­ment son père dès les pre­mières pages, puis il part pour Sparte où il découvre une orga­ni­sa­tion poli­tique en tout point dif­fé­rente de celle de son Athènes natale. Il retrouve Sparte dix ans plus tard, lors de la deuxième guerre médique.

L’éveil à la poli­tique et à la guerre s’accompagne d’un éveil au sen­ti­ment amou­reux, à Athènes comme à Sparte, dans le deuil pro­gres­sif de la rela­tion au père et à la mère. Enfin, Pierre-Hen­ri Mul­ton nous invite à per­ce­voir dans cette his­toire grecque une dimen­sion intem­po­relle, celle d’un jeune homme sen­sible pré­ci­pi­té dans la guerre par une cause qui le dépasse. Dans un éton­nant der­nier cha­pitre, sur lequel je n’insiste pas pour ména­ger la curio­si­té du lec­teur, l’auteur mêle Charles Péguy à la des­crip­tion d’une mêlée furieuse. Le résul­tat est émou­vant, comme d’ailleurs l’ensemble du roman, plein de finesse et de sensibilité.

Un roman à lire donc, pour une ten­ta­tive de plon­gée dans les sen­ti­ments com­plexes d’un jeune homme grec d’il y a deux mille cinq cents ans. 

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