Intégration des réseaux énergétiques

Les infrastructures de gaz accélérateur de la transition énergétique

Dossier : Dossier FFEMagazine N°725 Mai 2017
Par Dominique MOCKLY (80)

UNE ÉNERGIE MAL CONNUE

La réduc­tion des gaz à effet de serre est un des objec­tifs de la tran­si­tion énergé­tique. À ce titre, le gaz a pu être con­sid­éré par sa nature fos­sile comme une source d’énergie à lim­iter voire à élim­in­er. Ce rac­cour­ci est un peu rapi­de car il ignore cer­taines ver­tus du gaz et des infra­struc­tures qui l’accompagnent.

AINSI SE PRÉPARENT DE NOUVEAUX MÉTIERS D’INTÉGRATEURS ET DE LOGISTICIENS ÉNERGÉTIQUES

Quelles sont-elles ? C’est tout d’abord dans la liste des éner­gies car­bonées, l’énergie la plus pro­pre tant en niveau de CO2 émis qu’en terme de pro­duc­tion de par­tic­ules fines. Cette énergie plus pro­pre est en out­re immé­di­ate­ment disponible. C’est égale­ment l’énergie du juste à temps et du juste besoin. Sa nature et son sys­tème logis­tique per­me­t­tent en effet de ne met­tre à dis­po­si­tion des con­som­ma­teurs que la molécule en quan­tité juste suff­isante et juste au moment où l’on en a besoin. 

La mise à dis­po­si­tion du gaz se fait en effet à la journée par une adap­ta­tion en con­tinu des prévi­sions et des con­som­ma­tions réelles con­duisant à ce que l’on appelle l’équilibrage quo­ti­di­en : bal­ance glob­ale per­me­t­tant de s’assurer que la quan­tité de gaz entrant dans une zone est égale au gaz sor­tant de cette zone moins le gaz con­som­mé. Ce rôle est assuré en France par GRTgaz et TIGF. 

Le gaz est égale­ment une énergie stock­able instan­ta­né­ment tant dans les canal­i­sa­tions que dans les instal­la­tions dédiées (stock­ages souter­rains ou ter­minaux GNL) et resti­tu­able instan­ta­né­ment. Le gaz est une bioén­ergie par la capac­ité qu’il a à être généré par biodégra­da­tion, mais c’est aus­si une énergie de recy­clage que l’on peut entre autre pro­duire par méthanation. 

Le méthane est égale­ment un gaz non mis­ci­ble avec d’autres élé­ments chim­iques qui par­ticiper­ont demain à la four­ni­ture d’énergie comme l’hydrogène.

Enfin, et ce n’est pas la moin­dre de ses car­ac­téris­tiques, le gaz représente encore dans notre pays une énergie mas­sive avec une con­som­ma­tion équiv­a­lente en vol­ume à celle de l’électricité.

DES INFRASTRUCTURES AU SERVICE DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE

L’ensemble de ces car­ac­téris­tiques sert de cadre aujourd’hui à TIGF et aux opéra­teurs de trans­port et/ou de stock­age de gaz pour con­stru­ire le futur. 

Organ­is­er les réseaux pour rem­plac­er le char­bon au nord et à l’est de l’Europe ain­si que le fioul partout où cela est néces­saire. Organ­is­er les réseaux et les stock­ages pour accom­pa­g­n­er les nou­velles sources d’approvisionnement : moins de gaz en prove­nance du Nord, flu­id­i­fi­er l’accès au gaz en prove­nance du Sud en aug­men­tant les inter­con­nex­ions avec l’Espagne par exem­ple, faciliter l’accès du biogaz au réseau et aux stock­ages, aug­menter la vitesse de mise à dis­po­si­tion du gaz stocké. 

Rac­corder les réseaux à de nou­veaux clients pour per­me­t­tre par exem­ple le déploiement des sta­tions de four­ni­ture de GNV (Gaz Naturel pour Véhicule). Les infra­struc­tures de gaz ont donc un dou­ble rôle, celui de garan­tir à l’échelle européenne l’approvisionnement et la sécu­rité dont l’Europe a besoin en la matière pour encore de nom­breuses années. 

Borne d'avertissement d'une conduite de gazMais elles ont aus­si pour rôle de faciliter, dans les ter­ri­toires, le mail­lage tant pour l’acheminement que pour la dis­tri­b­u­tion des biogaz pour les usages courants comme pour les usages nou­veaux (véhicules et navires par exemple). 

AU CŒUR DE L’INNOVATION

Au-delà de ces réal­i­sa­tions physiques, les opéra­teurs tra­vail­lent égale­ment, sous l’impulsion des régu­la­teurs, à l’unification des tar­ifs de trans­port de gaz. 

LE GAZ, N’EN DÉPLAISE À CERTAINS, A ENCORE UNE LONGUE VIE DEVANT LUI.

La dis­pari­tion annon­cée en France des deux zones tar­i­faires à l’horizon 2018 et la mise en place de mécan­ismes d’équilibrage à la maille nationale puis, demain, à des mailles régionales à l’échelle européenne, vont flu­id­i­fi­er le marché et sim­pli­fi­er le déploiement des offres sur tout le territoire. 

Ils tra­vail­lent égale­ment à l’intégration des nou­velles sources de biogaz dans le réseau. Généra­teurs con­ti­nus de méthane, ces nou­veaux pro­duc­teurs bous­cu­lent en effet des usages tra­di­tion­nels. Si à faible échelle la per­tur­ba­tion reste nég­lige­able, à plus grande échelle elle remet en effet en cause le rôle des acteurs, les mécan­ismes de marchés et légitime le rôle du stockage. 

Les infra­struc­tures gaz­ières se posi­tion­nent enfin à l’interface entre les dif­férentes éner­gies car leurs car­ac­téris­tiques et celles de la molécule le per­me­t­tent. Stock­age d’électricité par métha­na­tion, trans­port d’hydrogène, récupéra­tion du CO2 puis stock­age ou recy­clage. Tous ces pro­jets sont dans les « tuyaux ». Ain­si se pré­par­ent de nou­veaux métiers d’intégrateurs et de logis­ti­ciens énergétiques. 

Le gaz, n’en déplaise à cer­tains, a donc encore une longue vie devant lui. Il sera demain « posi­tif » par sa capac­ité à maîtris­er ses émis­sions de CO2 et « dou­ble­ment posi­tif » par sa capac­ité à aider les autres éner­gies à s’optimiser.

C’est dans cette per­spec­tive que TIGF opéra­teur indépen­dant d’infrastructures gaz­ières s’inscrit.

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