Les frontières de l’aube (1896 – 1931)

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°562 Février 2001Rédacteur : Hervé GOURIO (59)

Paul Vec­chiali est un grand cinéaste.

Certes, aucune de ses quelque trente mis­es en film ciné­ma ou télé n’a con­nu un suc­cès pub­lic ou cri­tique écla­tant. Mais dans presque cha­cune d’elles bril­lent des joy­aux de pas­sion créa­tive qui sont le coeur du coeur, l’épitomé de l’art ciné­matographique. Fusion de l’observation et de l’émotion, de l’introspection morale, de sou­venir per­son­nel et de la déc­la­ra­tion publique, de la pein­ture, de la musique et de la lit­téra­ture, de la réal­ité et du rêve.

Du dia­logue des gestes et des corps entre Hélène Surgère et Sonia Saviange dans Femmes, Femmes plus fort que celui des voix.

Du coup de foudre énorme du mas­sif Nico­las Sil­berg au ton­nerre du Requiem de Gabriel Fau­ré dans Corps à Cœur.

De la vitesse aiguë des regards de la caméra dans Once More.

Il serait aisé d’allonger cette liste.

Alors, il est l’égal des très grands. Ceux qu’il admire avec une fer­veur qui ali­mente son pro­jet d’aujourd’hui : écrire une his­toire per­son­nelle du ciné­ma français dont il vient de nous don­ner le pre­mier tome.

Mais ce roman est aus­si une biogra­phie famil­iale et dans ce pre­mier tome, antérieur à sa nais­sance au ciné­ma, nais­sance véri­ta­ble de Vec­chiali à l’âge de six ans, c’est plus de famille que de ciné­ma dont il parle.

Et nous voilà trans­portés tan­tôt au Mouril­lon avec un grand-père ouvri­er de l’arsenal de Toulon au début du XXe siè­cle, tan­tôt au milieu des oliviers de Canav­aggia avec des dia­logues en “ corse ”.

L’écriture est nerveuse. On lit très sou­vent des dia­logues de ciné­ma ou des voix off.

Mais un per­son­nage domine : celui de Françoise Raf­fali, mère de Paul Vec­chiali. Elle tra­verse tant de moments pathé­tiques qu’on se retrou­ve bien­tôt dans un des films de notre auteur.

“Imi­ta­tion de la vie” ou imi­ta­tion du ciné­ma. La vie n’est-elle pas aus­si un mélodrame ?

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