Les biotechnologies chez Engie

Dossier : Dossier FFEMagazine N°726 Juin 2017
Par Marianne GALLARDO

Marianne Gal­lar­do est une cher­cheuse qui, durant sa thèse, s’est inté­res­sée aux pro­téines. « Je pra­tique une chi­mie tour­née vers la bio­lo­gie », explique-t-elle. 

En inté­grant ENGIE Lab CRIGEN, elle étu­die l’impact envi­ron­ne­men­tal de la pro­duc­tion, du sto­ckage, du trans­port, de la dis­tri­bu­tion et de l’utilisation du gaz naturel. 

« Puis, j’ai inté­gré un pro­jet qui devait recher­cher les alter­na­tives au trai­te­ment chi­mique des eaux indus­trielles pour une de nos filiales », ajoute-t-elle. 

DES RECHERCHES POUR LE MONDE DES MÉTHANIERS

Pour le compte d’Elengy (ges­tion­naire des ter­mi­naux métha­niers en France), Marianne Gal­lar­do trouve désor­mais le meilleur ter­rain d’expérience pour ses recherches. « Leurs conduits en eau sont sus­cep­tibles d’être dégra­dés par des pro­li­fé­ra­tions de micro et de macro dépôts et donc par exten­sion, leur per­for­mance risque d’être moindre ! » 

Face aux dépôts orga­niques et miné­raux, Marianne Gal­lar­do et l’équipe pro­jet doivent trou­ver une parade contre l’emploi de pro­duits chi­miques. « Même si elles res­pectent la régle­men­ta­tion, ces pra­tiques sont de plus en plus mon­trées du doigt. Elles ont un coût et un impact envi­ron­ne­men­tal indéniable ! » 

Pour trou­ver une alter­na­tive aux solu­tions chi­miques, la cher­cheuse se tourne vers l’utilisation de bio­po­ly­mères marins. « Les études scien­ti­fiques étaient connues. Il man­quait le par­te­naire bio­tech. J’ai trou­vé une jeune start-up bres­toise qui emploie ces bio­pro­duits pour la cos­mé­tique et la para­phar­ma­cie. Je leur ai pro­po­sé de tes­ter leurs bio­tech­no­lo­gies sur les infra­struc­tures industrielles. » 

DES TESTS DURANT TROIS ANS

QUELQUES EXEMPLES DE RÉALISATION DU ENGIE LAB CRIGEN :

  • La biosurveillance. Elle est fondée sur l’emploi d’organismes végétaux réactifs à la pollution atmosphérique, au changement et à la qualité de l’air, comme les lichens, les champignons. « Ces plantes sont des traceurs, des marqueurs », confie la chercheuse.
    « La biosurveillance est pour l’heure déployée sur plusieurs des sites ENGIE. Elle nous permet de disposer d’une connaissance intrinsèque du milieu et de tracer l’origine et l’évolution de la pollution atmosphérique. »
  • AMAZONIA, le bâtiment antipollution. Ce concept inventé par le ENGIE Lab CRIGEN (1 brevet en cours de dépôt) révolutionne le rôle du bâti en lui donnant une nouvelle fonction essentielle à notre bien-vivre : dépolluer l’air urbain.
    « Dotés d’une combinaison modulable de bioprocédés pour le traitement des polluants de l’atmosphère urbaine (bioréacteurs de micro-algues, phytoremédiation par des végétaux en culture hydroponique, lagunage, filtration avec des fibres végétales, etc.), ces nouveaux bâtiments aspirent et traitent la pollution en ville au plus proche de sa source (autoroutes urbaines, périphériques, parkings) grâce à une combinaison de procédés bioinspirés inédite. Cela représente un challenge pour les villes futures. »

LES BIOPROCÉDES

Les bioprocédés sont une thématique explorée et en émergence au ENGIE Lab CRIGEN. On entend par là l’emploi du vivant ou de son inspiration afin de concevoir de nouveaux procédés, de nouveaux matériaux, concevoir de nouveaux bâtiments ou réseaux, etc.

En par­te­na­riat avec les cher­cheurs bres­tois, Marianne Gal­lar­do sélec­tionne trois bio­po­ly­mères pour leur action « fil­mante » et « dis­per­sante », anti­sa­lis­sure, non bio­cide et biodégradable. 

« En les injec­tant dans les cana­li­sa­tions, nous pre­nons le pas sur la nature. Les bac­té­ries sont contra­riées. Elles passent leur che­min et ne se déve­loppent pas. » 

Au regard du poten­tiel envi­ron­ne­men­tal et de déploie­ment de sa solu­tion, ENGIE Lab CRIGEN dépose des bre­vets et pour­suit ses tests. « Nous avons mis en place un pilote non intru­sif et prag­ma­tique qui ne néces­site pas l’immobilisation du pro­cess d’Elengy. »

Dans une pre­mière cuve, l’eau n’est pas trai­tée et dans une autre, chlore et trai­te­ment bio­po­ly­mère sont mixés. « Après quelques essais, notre for­mu­la­tion s’est avé­rée d’un gain envi­ron­ne­men­tal sans pré­cé­dent (95 % en moins de chlore employé par rap­port au trai­te­ment actuel du site). Elle est com­pé­ti­tive avec des per­for­mances iden­tiques aux solu­tions actuelles. » 

D’ici à la fin de l’année, ENGIE Lab CRIGEN ins­tal­le­ra des tests à taille réelle sur le site de Fos. « Nous pour­rons com­pa­rer leur effi­ca­ci­té en temps et échelle réels avec le pro­to­cole actuel. » 

Au regard de la réus­site des pre­miers tests, les solu­tions à base de bio­po­ly­mères sont aus­si tes­tées cette année dans une cen­trale ther­mique du groupe ENGIE à Dun­kerque et sur le site de main­te­nance des sous-marins bres­tois, de la Défense Nationale. 

« Nous avons beau­coup d’espoir. Nos solu­tions sont effi­caces, com­pé­ti­tives et faci­le­ment exploi­tables. Elles n’ont rien de contrai­gnant pour les exploitants. » 

En atten­dant bien­tôt des appli­ca­tions anti­cal­caires et anti­bac­té­riennes dans les réseaux d’eau ter­tiaires et résidentielles.

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