Les Annales de l’École de Paris

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°582 Février 2003Par : Sous la responsabilité de Michel Berry (63)Rédacteur : Gérard PHILIPPOT (62)

Un ami déplo­rait récem­ment devant moi que tout ce qui s’écrit sur le man­age­ment soit d’origine améri­caine. Dans le ciné­ma, la lit­téra­ture, la musique, etc., l’Europe tient toute sa place. Mais, dans la recherche et l’innovation en man­age­ment, en mar­ket­ing…, la dom­i­na­tion améri­caine sem­ble sans limites.

Et pour­tant, quelques vil­lages gaulois résis­tent tou­jours. L’École de Paris1 est de ceux-là. C’est une école sans pro­fesseur ni élève : en fait, un forum de dis­cus­sion de haut niveau où se retrou­vent les prati­ciens de divers­es orig­ines et des chercheurs. Je la suis fidèle­ment depuis une dizaine d’années, sans me lass­er tant sont var­iés les sujets abor­dés, excel­lents les hommes qui débat­tent et tou­jours bien trou­vés les titres des rubriques.

Ceux qui se pro­cureront ce vol­ume VIII con­sacré à l’année 2001 ne seront pas déçus. Tous les sujets sont traités de façon con­crète et par de vrais prati­ciens de haut n i v e a u : c’est Hen­ri Lagarde lui-même qui narre l’aventure de Roy­al Canin, “ le L’Oréal des ani­maux”, c’est Driss Alaoui Mdaghri, ancien min­istre maro­cain, qui par­le de man­age­ment et reli­gion, c’est Thier­ry Sor­tais qui expose la révo­lu­tion Miche­lin : le “Pax sys­tem” qui rem­place le pneu traditionnel.

Je ne peux citer tout le monde. Ce sim­ple échan­til­lon mon­tre à quel point les sujets sont var­iés. J’ai eu plaisir à voir la place qu’y tenait l’informatique : un sujet est même inti­t­ulé “Com­ment gag­n­er de l’argent avec des logi­ciels gra­tu­its ? ” J’ai aimé aus­si les présen­ta­tions rel­a­tives au con­sult­ing, y com­pris celles d’un “ acheteur de con­seil ” , qui avoue sa per­plex­ité face aux divers­es offres.

Pour rebondir sur mon intro­duc­tion, com­ment car­ac­téris­er cette École de Paris par rap­port aux études tra­di­tion­nelles des busi­ness schools​?

La pre­mière car­ac­téris­tique saute aux yeux : presque tous les exem­ples sont français ou européens, tirés de la vie d’aujourd’hui. Pour moi, je l’avoue, ils sont bien plus faciles à com­pren­dre et à méditer qu’un exem­ple tiré de la vie des ban­lieues américaines.

La deux­ième car­ac­téris­tique est égale­ment pré­cieuse : il s’agit de fait brut, d’exemple réel, pas néces­saire­ment en phase avec les grandes théories du moment. C’est donc une source d’information indépen­dante, alors que bien sou­vent les experts se répè­tent les uns les autres.

La troisième car­ac­téris­tique est que ces col­lo­ques sont off record, pas de jour­nal­istes ni de médias à l’affût d’une petite phrase. Le con­férenci­er se sent libre de livr­er le fond de sa pen­sée. Lisez l’article sur “ Renault Vil­vo­orde” , vous serez surpris.

Pas d’endoctrinement, des faits d’aujourd’hui présen­tés dans leur diver­sité, sans fard, pour per­me­t­tre aux respon­s­ables de nour­rir leurs réflex­ions personnelles.

N’est-ce pas ce que souhait­ent secrète­ment tous les prési­dents de société ?

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1. École de Paris du man­age­ment, 94, boule­vard du Mont­par­nasse, 75014 Paris.

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