Les adieux du général de Nomazy à l’École polytechnique

Les adieux du général de Nomazy à l’École

Dossier : ExpressionsMagazine N°607 Septembre 2005

Extraits.

Armée de l’air et nucléaire

Extraits.

Armée de l’air et nucléaire

“ Si mon séjour à l’X ne s’est pas trop mal pas­sé, c’est en très grande par­tie grâce à la for­ma­tion don­née par l’armée de l’air. Mer­ci Richard (N.D.L.R. : le géné­ral Richard Wolsz­tyns­ki, chef d’état-major) pour tout ce que tu fais pour notre armée de l’air (…). Pen­dant mes années pas­sées au ser­vice du nucléaire mili­taire, j’ai ren­con­tré des hommes et des femmes pas­sion­nés par leur métier, dévoués à leur pays, d’une grande rigueur et d’une par­faite hon­nê­te­té intel­lec­tuelle. Je pense en pre­mier lieu aux cadres de la Direc­tion des appli­ca­tions mili­taires du CEA. ”

Entreprise et fonction publique

“ La direc­tion de l’École poly­tech­nique donne à la fois accès à la haute fonc­tion publique et à la direc­tion des grandes entre­prises. En cela c’est un obser­va­toire excep­tion­nel. Un obser­va­toire qui m’a per­mis de consta­ter com­bien ces deux mondes sont dif­fé­rents : d’un côté j’ai ren­con­tré une admi­nis­tra­tion brillante, poli­cée, culti­vée, sou­vent feu­trée, mais aus­si une admi­nis­tra­tion qui, parce qu’elle ne tolère pas l’échec, prend son temps (c’est un euphé­misme) et refuse le risque. De l’autre côté j’ai côtoyé le monde de l’entreprise. C’est un monde en rapide et per­pé­tuelle évolution.

Comme le disait ici même le pré­sident Jean-Louis Bef­fa à pro­pos des entre­prises : “ Hier le gros man­geait le petit, aujourd’hui le rapide mange le lent. ” Ceci explique sans doute la bru­ta­li­té dont ce monde fait par­fois preuve. Mais c’est aus­si un monde où le res­pect des délais, des coûts et des enga­ge­ments, même oraux, est consi­dé­ré comme essen­tiel. Un monde où le pire c’est de ne rien faire, de ne rien ten­ter. Je ne peux que consta­ter que loin de se rap­pro­cher, ces deux mondes s’éloignent tous les jours un peu plus. Plus posi­ti­ve­ment je dois dire que ces deux mondes sont éga­le­ment pas­sion­nants, et que leurs repré­sen­tants qui siègent au conseil d’administration de l’École m’ont beau­coup appris.

Je ne peux que les remer­cier, vous remer­cier pour la confiance et le sou­tien que vous m’avez accor­dés, je dirais même pour les rela­tions franches et sou­vent cha­leu­reuses que vous m’avez réservées. ”

État, collectivités et partenaires

“Je vou­drais remer­cier les res­pon­sables des ins­ti­tu­tions et orga­nismes locaux et régio­naux sans les­quels l’X n’aurait pu se déve­lop­per : la pré­fec­ture de l’Essonne, la sous-pré­fec­ture de Palai­seau, le Conseil régio­nal (de plus en plus pré­sent), le Conseil géné­ral et en par­ti­cu­lier son pré­sident, Michel Ber­son, tou­jours là quand nous avons su nous pré­sen­ter unis, la com­mu­nau­té d’agglomération du pla­teau de Saclay et les maires qui la com­posent avec une atten­tion par­ti­cu­lière pour son pré­sident, qui est aus­si notre dépu­té-maire, Fran­çois Lamy, pour son cou­rage et son dyna­misme ; l’université Paris-Sud avec qui nous avons pas­sé un accord de coopé­ra­tion, HEC, l’IHES, Supé­lec, l’INSTN, IOTA, et bien sûr les orga­nismes de recherche avec les­quels nous sommes mariés, le CNRS, le CEA, l’INRIA, l’INSERM et l’ONERA, ain­si que ceux avec les­quels nous enta­mons une coopé­ra­tion intense, Danone, Thales et demain, je l’espère, l’Institut Pasteur. ”

AX et FX

Général Richard Wolsztynski,
chef d’état-major de l’armée de l’air

“ L’eau coule de la mon­tagne vers la mer, amas­sant beau­coup de choses au pas­sage” : c’est la méta­phore que le chef d’état-major de l’armée de l’air a choi­sie pour décrire le par­cours du géné­ral de Noma­zy, cama­rade de pro­mo­tion qu’il est venu saluer en ouver­ture de la céré­mo­nie de départ du 23 juin.

“ Le métier mili­taire per­met, grâce à la diver­si­té des fonc­tions exer­cées, de por­ter son regard vers d’autres hori­zons”, a rap­pe­lé le géné­ral Wolsz­tyns­ki, en men­tion­nant le “ métier dif­fi­cile et exi­geant de pilote de com­bat ” que le géné­ral de Noma­zy a d’abord exer­cé sur les bases de Nan­cy, Reims, Cam­brai mais éga­le­ment à l’étranger, au Cana­da. Indi­quant ensuite la “ voca­tion qui mène vers les fonc­tions de com­man­de­ment ”, il a rap­pe­lé que le géné­ral de Noma­zy avait été par la suite adjoint au chef de cabi­net du chef d’état-major de l’armée de l’air, com­man­dant de la base aérienne de Dijon, adjoint au chef de la divi­sion “ Emploi des forces ” de l’état-major des armées puis chef de la divi­sion “ forces nucléaires ” de cet état-major avant de deve­nir ins­pec­teur des arme­ments nucléaires et aujourd’hui “direc­teur géné­ral de cette superbe École ”.

Rap­pe­lant que “ cette poly­va­lence fait la force de l’armée de l’air car elle per­met de répondre aux situa­tions de crises ”, le géné­ral Wolsz­tyns­ki a sou­li­gné des atouts autant pro­fes­sion­nels qu’humains : “Capable d’affirmer sans jamais faillir des qua­li­tés de chef mili­taire – dévoue­ment, dyna­misme, dis­po­ni­bi­li­té, volon­té – Gaby est éga­le­ment fidèle en ami­tié, exi­geant envers lui-même et envers les autres ; c’est un déci­deur plei­ne­ment enga­gé dans l’exercice de ses res­pon­sa­bi­li­tés. Toutes ces qua­li­tés ont été déter­mi­nantes dans une socié­té en constante évo­lu­tion. ” Et le géné­ral Wolsz­tyns­ki a conclu : “ Gaby, l’armée de l’air te remercie. ”

“Les anciens élèves m’ont non seule­ment sou­te­nu dans les réformes que nous avons entre­prises mais j’ai aus­si sen­ti entre eux et moi un réel cou­rant de sym­pa­thie. Quant à la Fon­da­tion de l’X, c’est un orga­nisme sans lequel l’internationalisation de l’École n’aurait pas été pos­sible et qui de plus nous apporte le sou­tien des entre­prises, ce dont nous avons abso­lu­ment besoin. Un grand mer­ci donc à Paul Com­beau qui anime avec tant de pas­sion et de dévoue­ment la Fon­da­tion, ain­si qu’au pré­sident Jean- Mar­tin Folz qui mal­gré ses très lourdes res­pon­sa­bi­li­tés trouve tou­jours le temps de nous écou­ter, de nous sti­mu­ler et de nous soutenir. ”

Les cadres de l’École

“ Leurs qua­li­tés intel­lec­tuelles et leur sens de l’intérêt géné­ral faci­litent beau­coup la tâche du direc­teur géné­ral, je ne sau­rais l’oublier. J’aurais une men­tion par­ti­cu­lière pour les membres du comi­té exé­cu­tif, tou­jours soli­daires et prêts au changement. ”

Les enseignants et les chercheurs

“ Je vou­drais remer­cier les pro­fes­seurs de l’École avec les­quels j’ai eu des rela­tions vrai­ment de confiance. Je dois dire mon admi­ra­tion pour le sérieux avec lequel 99 % d’entre eux voient leur rôle d’enseignant. Qui sait qu’un pro­fes­seur de l’X, la veille de ses cours, les répète même après trente ans d’enseignement ? Qui croi­rait que le même pro­fes­seur a tou­jours le trac avant d’entrer en amphi pour déli­vrer son pre­mier cours (dit amphi zéro) à une nou­velle pro­mo­tion pour­tant a prio­ri com­po­sée d’élèves atten­tifs et bien disposés ?

Il est vrai que plus les élèves sont brillants plus ils sont exi­geants et le pire c’est qu’ils ont tou­jours 20 ans ! Mer­ci aus­si aux cher­cheurs, qui sont d’ailleurs sou­vent des ensei­gnants. J’ai retrou­vé à l’X un monde com­po­sé d’hommes et de femmes tout aus­si pas­sion­nés que ceux que j’ai connus au CEA, mais appar­te­nant à une struc­ture peu direc­tive et vrai­ment très peu contrai­gnante (celle du CNRS), ce qui en contre­par­tie favo­rise la créa­ti­vi­té… des meilleurs. Mais pour­quoi donc en avoir fait des fonctionnaires ? ”

Le personnel

“ J’ai été par­ti­cu­liè­re­ment sen­sible à son état d’esprit, qui se tra­duit par un vrai dévoue­ment et une grande dis­po­ni­bi­li­té. J’ajouterai une men­tion toute par­ti­cu­lière pour les repré­sen­tants du per­son­nel : leurs cri­tiques construc­tives et leurs pro­po­si­tions fon­dées sur l’équité et l’intérêt géné­ral nous ont per­mis, ensemble, d’importantes avan­cées sociales. ”

Les cadres militaires

“ Ils ont une posi­tion dif­fi­cile dans une École qui n’est plus mili­taire tout en l’étant encore. Je crois cepen­dant que cette courte et déli­cate affec­ta­tion est et res­te­ra pour eux un moment fort dans leur car­rière, ne serait-ce que par l’estime que leur porte la très grande majo­ri­té des élèves. ”

Les élèves

“ Mer­ci enfin et tout spé­cia­le­ment aux élèves, à “ mes chers élèves ” comme disait le pro­fes­seur Jean-Louis Bas­de­vant, si atta­chants, si accro­cheurs (fer­mez la porte, ils rentrent par la fenêtre), si avides de connais­sances, si vifs et sou­vent si géné­reux de leur temps.

À ceux qui n’ont pas l’occasion de ren­con­trer quo­ti­dien­ne­ment des jeunes, je vou­drais dire mon éton­ne­ment mêlé d’admiration devant cette géné­ra­tion. En arri­vant ici, j’ai décou­vert des jeunes ouverts, francs et prag­ma­tiques, des jeunes bien dans leurs bas­kets, mais aus­si des jeunes inquiets de la san­té éco­lo­gique de notre pla­nète, des jeunes pré­oc­cu­pés par le chô­mage et sou­cieux, une fois dans le monde du tra­vail, de se gar­der du temps pour leur vie extra-professionnelle.

Glo­ba­le­ment, je gar­de­rai avant tout le sou­ve­nir d’une géné­ra­tion en qui nous pou­vons avoir confiance, une géné­ra­tion qui, mal­gré la moro­si­té ambiante, désire s’impliquer dans le deve­nir de notre monde. ”

L’avenir

“ Je sou­haite sim­ple­ment à mon suc­ces­seur, le géné­ral Xavier Michel, qu’il puisse se plaire ici autant que moi. Quant à moi, je vou­drais dire un mot de mon futur emploi. J’ai fina­le­ment choi­si de gar­der un rôle au sein de Paris­Tech, plus pré­ci­sé­ment d’en deve­nir le “ vice-pré­sident exé­cu­tif ”. Paris­Tech est un superbe pro­jet qui abou­ti­ra car c’est une ini­tia­tive qui vient du ter­rain (en l’occurrence des direc­teurs des écoles) mais aus­si car c’est un regrou­pe­ment d’écoles sem­blables dans le fonc­tion­ne­ment et dans l’esprit, donc un regrou­pe­ment qui a vrai­ment du sens. Je dois éga­le­ment dire que le fort esprit de cama­ra­de­rie qui nous unit, nous les onze direc­teurs d’écoles, a beau­coup comp­té dans mon choix. ”

Généraux et présidents

Le géné­ral de Noma­zy a remer­cié Yan­nick d’Escatha :

“ Je ne peux que te dire, Yan­nick, com­bien j’ai été sen­sible à la confiance et à l’amitié que tu m’as accor­dées et com­bien ton sou­tien indé­fec­tible m’a été utile. ”

Il a aus­si salué les trois per­sonnes qui ont pesé dans sa venue à l’X :

“Tout d’abord le géné­ral Mares­caux, qui m’a fait connaître et aimer l’X. Ensuite le géné­ral Tho­rette qui, alors qu’il était chef du cabi­net mili­taire du ministre de la Défense, a joué un rôle déter­mi­nant en faveur de ma nomi­na­tion à l’École polytechnique.

Enfin, Pierre Faurre qui a eu un rôle déci­sif pour mon affec­ta­tion à l’X et pour lequel je ne peux ici que redire toute l’estime, l’admiration et l’amitié que je lui portais.

Vous com­pre­nez ain­si pour­quoi j’ai deman­dé que le plus grand des sept amphis actuel­le­ment en construc­tion porte demain son nom. ”

Yannick d’Escatha,
président du Centre national d’études spatiales (CNES),
président du Conseil d’administration de l’École polytechnique

“ Un “ Adieu aux Armes ” qui n’est pas si “ Adieu ” que ça ” : c’est ain­si que le pré­sident d’Escatha a qua­li­fié la céré­mo­nie du 23 juin en se réjouis­sant de retrou­ver bien­tôt au sein de Paris­Tech le géné­ral de Noma­zy qui quitte cet été ses fonc­tions de direc­teur géné­ral de l’X pour deve­nir vice-pré­sident exé­cu­tif du réseau de grandes écoles d’ingénieurs. Le pré­sident d’Escatha a rap­pe­lé que la tra­jec­toire du Géné­ral avait sou­vent croi­sé la sienne avant l’X, l’un et l’autre ayant consa­cré une par­tie de leur car­rière au nucléaire. Puis en 2001, Yan­nick d’Escatha a suc­cé­dé à Pierre Faurre à la pré­si­dence du Conseil d’administration de l’X : “ J’en pro­fite pour rendre hom­mage à Pierre Faurre et rap­pe­ler l’action déter­mi­nante qu’il a eue dans ce qui est fait à l’École encore aujourd’hui. ” Yan­nick d’Escatha a ensuite indi­qué qu’il avait décou­vert en Gabriel de Noma­zy à l’X “un mana­ger de talent, occu­pé à se battre sur tous les fronts ”. Yan­nick d’Escatha a alors énu­mé­ré les prin­ci­paux chan­tiers dans les­quels le Géné­ral s’est investi.

Le contrat pluriannuel

“ Le contrat plu­ri­an­nuel signé avec l’État fin 2001 consti­tue notre feuille de route pour les années 2002–2006. Il est d’ailleurs essen­tiel à pré­sent de signer le sui­vant. J’en pro­fite pour remer­cier le minis­tère de la Défense pour le sou­tien qu’il nous apporte tous les jours. ”

La réforme X2000

“ Elle fait par­tie du contrat plu­ri­an­nuel. C’est une réus­site. Les pre­mières pro­mo­tions issues de cette réforme sortent en ce moment de l’École. Confor­mé­ment au modèle LM- D, des mas­ters se mettent en place et sont appe­lés à jouer un rôle déterminant. ”

Le développement du campus

“ Les contacts pris avec Thales depuis l’été 2001 ont été féconds. Je remer­cie le pré­sident Denis Ranque à cette occa­sion. Le labo­ra­toire est là. Il vient d’ouvrir. Mais le déve­lop­pe­ment du cam­pus, c’est aus­si IOTA et Sup Optique, l’ONERA, l’ENSTA, des liens ren­for­cés avec Paris-XI ain­si que le Pôle com­mun de recherche en infor­ma­tique (PCRI) qui ras­semble l’X, Paris-XI, l’INRIA et le CNRS. Et déjà, Digi­teo Labs asso­cie aux acteurs du PCRI le CEA et Supé­lec. Mer­ci aux élus et aux col­lec­ti­vi­tés qui ont per­mis de rendre ces pro­jets pos­sibles. Le cam­pus d’aujourd’hui prouve aus­si que Gabriel est un grand bâtis­seur : nou­veaux loge­ments, bien­tôt de nou­veaux amphis. Je remer­cie le Conseil d’administration de nous avoir sou­te­nus sur ces projets. ”

L’internationalisation

“Gabriel est aus­si un grand voya­geur. Je tiens à saluer le tra­vail accom­pli pour le recru­te­ment des élèves étran­gers (ceux de la “ voie 2”) et pour leur inté­gra­tion. Des par­te­na­riats ont été signés avec les meilleures uni­ver­si­tés du monde, avec le sou­tien de par­te­naires industriels. ”

ParisTech

“ L’École est entrée dans le réseau en 2001. Gabriel en a été élu pré­sident trois ans plus tard. Il y a été si appré­cié que Paris­Tech lui a deman­dé de res­ter, au poste “ d’Executive vice-pre­sident ”. Je m’en réjouis et je le félicite. ”

La gestion

“Le fonc­tion­ne­ment de l’École a été moder­ni­sé. L’X s’est dotée d’un tableau de bord et d’objectifs qui per­mettent de rendre compte à notre tutelle de notre situa­tion. Nous aurons atteint au moins 100 % de ce qui a été fixé dans le contrat plu­ri­an­nuel d’ici la fin de l’année pro­chaine, et cela grâce à l’ensemble des forces vives de l’École unies der­rière le pro­jet. L’animation du dia­logue social à l’École a per­mis notam­ment la réforme du sta­tut des per­son­nels. Ges­tion­naire, éco­nome de l’argent du contri­buable, Gabriel a su faire les bons inves­tis­se­ments : le der­nier Conseil d’administration, avec des enga­ge­ments pris sur le réseau haut débit, sur Digi­teo Labs et sur le dépar­te­ment d’économie le prouve encore. ”

Yan­nick d’Escatha a d’ores et déjà sou­hai­té la bien­ve­nue au futur direc­teur géné­ral, le géné­ral Xavier Michel, “ poly­tech­ni­cien de la pro­mo 72, qui connaît l’X comme sa poche, qui aime cette École, d’autant plus que l’un de ses fils vient d’en sor­tir ”. Ensuite, la Kès a remis sym­bo­li­que­ment au Géné­ral un bicorne et une épée et la Kho­miss, avec humour, s’est empres­sée de le nom­mer “ mis­saire d’honneur ”.

Poster un commentaire