L’entreprise, actrice du lien social

Dossier : Fondations et AssociationsMagazine N°636 Juin/Juillet 2008
Par Henri de REBOUL

Favoriser une plus grande porosité entre l’entreprise et la société

Favoriser une plus grande porosité entre l’entreprise et la société

Avec l’ap­pari­tion, dans les années 2000, de la Respon­s­abil­ité sociale des entre­pris­es (RSE) et de la con­tri­bu­tion des entre­pris­es au Développe­ment durable, l’en­tre­prise a com­pris qu’elle pou­vait encore moins fonc­tion­ner en vase clos. Elle doit se dévelop­per tout en prenant en compte les besoins et les attentes de la société. Mais ceci n’est pas sans dif­fi­culté. Com­ment pass­er out­re les final­ités dif­férentes de ces deux mondes ?

Pro­cur­er aux salariés un cadre de tra­vail en accord avec leurs valeurs citoyennes

En effet, si la société érige en objec­tif la cohé­sion sociale entre ses mem­bres, l’en­tre­prise pour­suit des objec­tifs économiques, de développe­ment et de prof­itabil­ité : la réc­on­cil­i­a­tion des objec­tifs passe par la prise en compte des enjeux de l’en­tre­prise. Pour mieux pour­suiv­re ses objec­tifs de développe­ment, l’en­tre­prise doit être à l’é­coute des attentes et des besoins de la pop­u­la­tion. En ouvrant l’en­tre­prise aux prob­lé­ma­tiques qui dépassent le périmètre et la tem­po­ral­ité habituelle de ses actions, l’en­tre­prise anticipe mieux les évo­lu­tions, est plus réac­tive, plus inno­vante. Les démarch­es socié­tales de l’en­tre­prise peu­vent aus­si dynamiser l’im­age de l’employeur, en procu­rant aux salariés un cadre de tra­vail en accord avec leurs valeurs morales et citoyennes, mais égale­ment en dévelop­pant chez eux la fierté d’ap­par­te­nance à l’en­tre­prise. Le développe­ment des com­pé­tences est par ailleurs un fac­teur clé d’ac­tion pour l’en­tre­prise. Quand par exem­ple la Méditer­ranéenne de Net­toy­age, PME française, met en place des for­ma­tions pour lut­ter con­tre l’il­let­trisme au sein de son per­son­nel, c’est à la fois l’ef­fi­cac­ité de ses col­lab­o­ra­teurs qui s’en trou­ve décu­plée, mais aus­si leur inser­tion sociale qui s’améliore. 

Nouer des partenariats multiples

Com­ment les entre­pris­es peu­vent-elles ouvrir de nou­velles voies de col­lab­o­ra­tion avec les autres acteurs de la Cité ? L’en­tre­prise n’est pas tou­jours légitime et per­for­mante pour entamer, seule, des démarch­es socié­tales. Des asso­ci­a­tions, des ONG, des insti­tu­tions tra­vail­lent active­ment sur ces ques­tions et l’en­tre­prise ne peut que béné­fici­er de leur expertise.

IMS-Entre­pren­dre pour la Cité
Créée et présidée par Claude Bébéar, qui dès 1986 affir­mait qu’un envi­ron­nement sain était plus favor­able au développe­ment de l’en­tre­prise, l’IMS accom­pa­gne près de 200 entre­pris­es dans leurs démarch­es socié­tales. Mécé­nat de sol­i­dar­ité, diver­sité, inser­tion des jeunes de ban­lieues ou encore accès des pro­duits et ser­vices aux pop­u­la­tions pau­vres… L’IMS oeu­vre pour amen­er les sphères asso­cia­tives et économiques à mieux tra­vailler ensem­ble, afin de favoris­er équité et cohé­sion sociale.
En savoir plus
www.imsentreprendre.com

Dans le champ de l’in­ser­tion pro­fes­sion­nelle par exem­ple, Gen­er­ali a mis en place un réseau de par­rains pour favoris­er son inté­gra­tion sur son nou­veau ter­ri­toire d’im­plan­ta­tion, Saint-Denis. L’en­tre­prise a choisi comme parte­naire une asso­ci­a­tion locale qui prend en charge le pilotage de ces actions, Prox­ité. Les plus de 50 jeunes, iden­ti­fiés par l’as­so­ci­a­tion, sont ain­si reçus régulière­ment à déje­uner par leurs par­rains dans l’en­tre­prise pour les aider à rédi­ger leur CV, leur don­ner des con­seils pour leurs entre­tiens, leur ouvrir un réseau… Le pro­jet sort donc ren­for­cé de ce parte­nar­i­at, con­stru­it sur des valeurs et une volon­té com­munes d’a­gir en faveur de la cohé­sion sociale. Si les ini­tia­tives favorisant le lien social por­tent de meilleurs fruits lorsque entre­prise et société s’al­lient, les béné­fices engen­drés sont beau­coup plus impor­tants dans le cadre de pro­grammes qui per­me­t­tent de con­juguer les forces de frappe de plusieurs entre­pris­es. Tout récem­ment a, par exem­ple, été mis en place un pro­jet visant à faire décou­vrir le monde pro­fes­sion­nel à des jeunes issus de quartiers dif­fi­ciles. 120 col­légiens ont ain­si com­mencé, depuis novem­bre dernier, à mon­ter leur pro­pre pro­jet de télé­phone portable, aidés par cinq entre­pris­es réu­nies autour de cette ini­tia­tive : Das­sault Sys­tèmes, DLA Piper, IBM, Nokia et SFR. Chaque entre­prise leur per­met par con­séquent de com­pren­dre une étape du cycle de con­cep­tion d’un pro­duit, pour, à plus long terme, mieux con­naître de pos­si­bles futurs métiers. L’en­gage­ment socié­tal exige donc une inté­gra­tion des prob­lé­ma­tiques socié­tales, au coeur même de la stratégie de l’en­tre­prise, via une approche parte­nar­i­ale avec les autres acteurs de la Cité. Dès lors, réduire l’é­cart entre besoins soci­aux et intérêts économiques représente un levi­er majeur dans la con­struc­tion de ce nou­v­el équili­bre, qui aidera tant l’en­tre­prise à recon­quérir ou con­solid­er sa légitim­ité que la Société à ren­forcer son lien social.

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