Parrainer des enfants

Dossier : Fondations et AssociationsMagazine N°636 Juin/Juillet 2008
Par Yves MÉAUDRE

Enfants du Mékong est la qua­trième ONG française de par­rainage. Fondée au Laos en 1958 par René Péchard, pour répon­dre à la détresse des enfants d’Asie du Sud-Est, elle s’est instal­lée en France en 1976. Rapi­de­ment, le par­rainage s’est imposé comme la réponse appro­priée pour aider tous ces jeunes à être sco­lar­isés et à pren­dre en main leur avenir.

Enfants du Mékong 
a fait le choix de l’en­fant souf­frant et l’en­fant qui, sans notre inter­ven­tion, n’i­rait pas à l’é­cole ou serait men­acé dans son exis­tence. Cela est par­ti­c­ulière­ment sen­si­ble pour les enfants et les mères dure­ment atteints par le sida, ostracisés pour cela (nord-est de la Thaï­lande), ceux de la rue (Manille ou Phnom Penh) et des fron­tières sen­si­bles, vic­times des trafics de la pros­ti­tu­tion ou de vente d’or­ganes (Tri­an­gle d’or ou Poipet au Cambodge).
L’As­so­ci­a­tion aide ain­si 60 000 enfants par an, répar­tis sur 550 pro­grammes entre le Yun­nan, le Viêt­nam, le Cam­bodge, le Laos, la Thaï­lande, la Bir­manie et les Philip­pines. Nous cou­vrons les besoins de nos enfants de l’é­cole pri­maire à l’ob­ten­tion d’un méti­er après une qual­i­fi­ca­tion adap­tée. Par un don men­su­el de 24 euros, vingt-deux mille familles européennes par­rainent autant de familles asiatiques.
Un cour­ri­er per­son­nalise l’échange. En France, Enfants du Mékong accueille une soix­an­taine de jeunes Asi­a­tiques dans deux foy­ers, à Asnières et Rungis.

Cent programmes par an

Un don men­su­el de 24 euros par vingt-deux mille familles européennes

Pour suiv­re les besoins de nos enfants nous sommes oblig­és de nous struc­tur­er au même rythme. Nous con­stru­isons cinquante écoles, et gérons 100 pro­grammes de développe­ment par an. Cinquante foy­ers d’é­d­u­ca­tion accueil­lent plusieurs cen­taines de col­légiens et de lycéens qui, sans eux, ne pour­raient quit­ter leurs villages.

Le choix de l’en­fant le plus pauvre, 
la fidél­ité dans le temps, la rela­tion per­son­nal­isée entre par­rain et filleul, l’ex­i­gence imposée per­met à l’en­fant qui le veut de devenir un bon char­p­en­tier ou un futur ingénieur. La pro­gres­sion con­stante de l’ONG repose sur la qual­ité des Bam­bous qui vien­nent nous aider, qual­ités morales (générosité, équili­bre, bien­veil­lance, esprit con­struc­tif et auda­cieux, humil­ité) ou qual­ités intel­lectuelles (esprit struc­turé, capac­ité de juge­ment, rigueur, déci­sion juste).

Élar­gis­sant l’ex­péri­ence aux besoins uni­ver­si­taires, le Cen­tre Christophe Mérieux à Phnom Penh per­me­t­tra aux bache­liers de nos riz­ières de pour­suiv­re dans la cap­i­tale des études supérieures. Sou­vent vic­times du gap trop con­sid­érable qui les dis­tan­cie des enfants citadins, ceux-là doivent rat­trap­er ce qu’ils ne trou­vent pas dans leur famille. Le Cen­tre uni­ver­si­taire C. Mérieux comblera cette lacune. Le principe en est sim­ple : assur­er des cours com­plé­men­taires par des pro­fesseurs con­nus pour leur générosité et leur excel­lence. Notre parte­nar­i­at avec les entre­pris­es tente de répon­dre à notre besoin crois­sant d’équipement. 

” Les Bambous ”

Action mon­tée à l’ini­tia­tive de l’actuel évêque de Toulon-Fréjus, les Bam­bous sont des volon­taires qui don­nent une année ou plus en Asie. Leurs mis­sions sont variées :

  • respon­s­abil­ités de développe­ment : faire l’in­ven­taire des besoins sco­laires, san­i­taires ou d’équipement. Ils doivent pro­pos­er à l’ONG, après avoir fait une étude très pré­cise, les solu­tions qu’ils ont dis­cutées avec les autorités. Ils doivent ensuite les met­tre en place. Par­fois des bud­gets de plusieurs dizaines de mil­liers d’eu­ros leur sont con­fiés. Ils doivent révéler leurs qual­ités de dis­cerne­ment, de diplo­matie dans des pays réputés instables ;
  • respon­s­abil­ités d’au­dit : véri­fi­er si les par­rainages cor­re­spon­dent aux besoins, s’ils sont util­isés à bon escient, si les besoins de famille sont tou­jours d’actualité ;
  • mis­sions de ” com­pas­sion ” : ce sont ceux qui accom­pa­g­nent les enfants en grande souffrance.

Ils sont encadrés par la direc­tion opéra­tionnelle située à Bangkok.


Asso­ci­a­tion Enfants du Mékong.


Deux foy­ers en France

Le foy­er de Rungis a pour objec­tif de dévelop­per une fran­coph­o­nie du coeur par­mi les futures élites asi­a­tiques. Une trentaine d’é­tu­di­ants pour la durée de leurs études supérieures s’en­ga­gent à retourn­er dans leur pays, les études achevées. Nous con­tribuons ain­si à for­mer des cadres fran­coph­o­nes qui seront les développeurs de ces pays prometteurs.

Quelques chiffres
— 22 000 enfants par­rainés soit 60 000 enfants soutenus
— 100 pro­grammes de développe­ment par an
— 40 salariés dont 2 en Asie
— 35 volon­taires ” bam­bous ” par an en mis­sion en Asie
— 450 bénév­oles en France (52 délé­ga­tions et 7 à l’é­tranger), 500 en Asie.
http://www.enfantsdumekong.com

Le foy­er d’As­nières était réservé aux jeunes boat peo­ple réfugiés mineurs, mais depuis 1992, notre mai­son reçoit des jeunes Asi­a­tiques de la deux­ième généra­tion, en échec d’in­té­gra­tion sociale. Depuis quinze ans, les enfants reçus pen­dant cette péri­ode sont aujour­d’hui inté­grés. Cela s’é­val­ue par l’ob­ten­tion d’une qual­i­fi­ca­tion suiv­ie d’un emploi. Celle-ci peut être sanc­tion­née par un CAP ou un BEP (boulan­gerie, élec­tric­ité, etc.) ou par un diplôme supérieur (ENSAM, ENGREF, ESTP, etc.). L’un de nos enfants, après avoir inté­gré le con­ser­va­toire de Paris, est vio­lon à l’Orchestre nation­al de France. Cette réus­site est le résul­tat d’une édu­ca­tion inscrite dans la fidél­ité (cinq-huit ans) où l’en­fant sait qu’il pour­ra compter sur un lieu sta­ble, sur des édu­ca­teurs dévoués. L’ex­i­gence de tra­vail et de rigueur morale passe par une prise en compte per­ma­nente de la pro­gres­sion des résul­tats scolaires.

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