Un service civil pour les jeunes

Dossier : Fondations et AssociationsMagazine N°636 Juin/Juillet 2008
Par Marie TRELLU-KANE

Quels que soient leurs orig­ines, leur par­cours et leur niveau d’é­tudes, les jeunes volon­taires pour le ser­vice civ­il vont agir ensem­ble, près de chez eux, pour men­er à bien des pro­jets con­crets avec des struc­tures d’en­traide locales — asso­ci­a­tions, foy­ers d’héberge­ment, maisons de retraite. Leurs neuf (ou six) mois de ser­vice civ­il volon­taire à temps com­plet doivent représen­ter une étape de sol­i­dar­ité, de bras­sage social et de for­ma­tion citoyenne, tout en con­sti­tu­ant un trem­plin pour leur inser­tion dans la société et la vie professionnelle.

REPÈRES
« Unis-Cités s’est créée autour d’un idéal : qu’un jour il devi­enne naturel pour tous les jeunes de con­sacr­er une étape de leur vie à l’intérêt général. »
L’Association est née en févri­er 1994 de la ren­con­tre de Lis­beth Shep­herd, Améri­caine de 23 ans tout juste diplômée de Yale, et de trois étu­di­antes en train de ter­min­er l’ESSEC, Marie Trel­lu, Julie Chenot et Anne-Claire Pache.
Avec une bourse d’entrepreneuriat social attribuée par la Fon­da­tion Echo­ing Green, Lis­beth Shep­herd voulait tester l’intérêt de lancer en France un ser­vice volon­taire des jeunes.
Aux États-Unis, l’Association CityYear venait de servir de mod­èle au prési­dent Clin­ton pour lancer Ameri­corps, le ser­vice civ­il sur le ter­ri­toire américain.

Avec le sou­tien d’en­tre­pris­es engagées, Unis-Cités milite depuis plus de quinze ans pour la général­i­sa­tion du ser­vice civ­il des jeunes, afin de favoris­er l’e­sprit de respon­s­abil­ité et l’en­gage­ment citoyen, ren­forcer la cohé­sion sociale et parce que les jeunes peu­vent con­tribuer à répon­dre aux besoins soci­aux et environnementaux.

Un ser­vice civ­il ouvert à tous les jeunes, véri­ta­ble out­il pour « chang­er la société »

L’ob­jec­tif est dou­ble : mobilis­er con­crète­ment des jeunes volon­taires au ser­vice de la col­lec­tiv­ité, pour en faire des citoyens act­ifs et respon­s­ables ; et con­tribuer par cette expéri­ence à dévelop­per un mou­ve­ment pour la créa­tion d’un ser­vice civ­il ouvert à tous les jeunes, qui soit un véri­ta­ble out­il pour ” chang­er la société “. Si, en effet, chaque année des cen­taines de mil­liers de jeunes con­sacraient plusieurs mois de leur vie à des actions d’in­térêt général, en les réal­isant avec d’autres jeunes venus de milieux très dif­férents, les men­tal­ités évolueraient : moins de racisme et d’in­tolérance, plus de civisme et de solidarité.

Favoriser le brassage social et la diversité

Sou­tien des per­son­nes âgées, pro­tec­tion de l’en­vi­ron­nement et développe­ment durable, lutte con­tre les dis­crim­i­na­tions (hand­i­capés, femmes, étrangers) et con­tre l’ex­clu­sion (sdf, deman­deurs d’asile), mais aus­si préven­tion des con­duites à risque (drogue, alcool), sou­tien sco­laire dans les quartiers défa­vorisés ou encore accès à la cul­ture : 80 % du temps des volon­taires est con­sacré à des mis­sions con­crètes (trois à cinq mis­sions pen­dant la durée de leur ser­vice). Et c’est en équipes de huit qu’ils les réalisent. Des équipes con­sti­tuées pour priv­ilégi­er le bras­sage social et cul­turel et favoris­er la diver­sité. L’éven­tail des mis­sions est large : chantier de réno­va­tion de locaux, mise en place et ani­ma­tion d’événe­ments, actions de sen­si­bil­i­sa­tion à une cause, créa­tion et mise en oeu­vre d’outils de com­mu­ni­ca­tion ou d’information.

Une étape et un tremplin


Les cofon­da­tri­ces.

Le ser­vice doit être égale­ment, pour les volon­taires, une étape de réflex­ion sur la société et sur soi, un trem­plin vers la vie active. 20 % du temps est con­sacré à un pro­gramme en deux axes : la for­ma­tion citoyenne tend à dévelop­per leur capac­ité à être des citoyens act­ifs. Elle com­prend un tronc com­mun, notam­ment sur le rôle et le fonc­tion­nement des insti­tu­tions, les droits et devoirs des citoyens, la préven­tion san­té, l’en­vi­ron­nement. Les séances s’ap­puient sys­té­ma­tique­ment sur les thèmes abor­dés au cours des mis­sions menées par les volon­taires ; l’ac­com­pa­g­ne­ment au pro­jet pro­fes­sion­nel aide chaque volon­taire à définir son pro­jet d’avenir et à en franchir les pre­mières étapes : suivi indi­vidu­el (inclu­ant le par­rainage d’un pro­fes­sion­nel), bilan per­son­nel, ouver­ture sur le marché de l’emploi (ren­con­tres de pro­fes­sion­nels, vis­ites d’en­tre­pris­es), appren­tis­sage des tech­niques de recherche d’emploi (ate­liers CV-let­tre de moti­va­tion, entre­tiens blancs, etc.). Asso­ci­a­tion nationale, Unis-Cités a une ” tête de réseau ” qui pilote la stratégie générale et le développe­ment, coor­donne et ani­me le réseau, gère des fonc­tions sup­port. Les antennes régionales met­tent le ser­vice civ­il en oeu­vre con­crète­ment, avec l’ap­pui soit d’un Con­seil d’ad­min­is­tra­tion, soit d’un Con­seil local, com­posé de per­son­nal­ités d’hori­zons var­iés (secteur asso­ci­atif, col­lec­tiv­ités locales, entre­pris­es, anciens volon­taires). Aujour­d’hui présente dans neuf régions et vingt villes, son plan de développe­ment à cinq ans (2007–2011) prévoit qu’elle soit présente dans l’ensem­ble des grandes villes et accueille trois mille jeunes chaque année. Elle s’est lancée grâce au sou­tien exclusif d’en­tre­pris­es précurseurs et se développe aujour­d’hui grâce à un cofi­nance­ment pub­lic-privé, asso­ciant col­lec­tiv­ités locales, finance­ments d’É­tat et mécé­nat d’entreprise.

Quelques chiffres
— 900 volontaires
— 560 mis­sions d’in­térêt général, soit 828 000 heures
— 9 régions et 20 villes
— 95 salariés
— Bud­get 2007 con­solidé : 7,9 mil­lions d’eu­ros (70 % État, 17 % col­lec­tiv­ités ter­ri­to­ri­ales, 10 % entre­pris­es, 3 % Europe).

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