Les entreprises reconnaissent la valeur du bénévolat

Dossier : Fondations et AssociationsMagazine N°636 Juin/Juillet 2008
Par Gilles VERMOT DESROCHES

Deman­dez à un bénév­ole ; pourquoi t’en­gages-tu ? Il répon­dra intu­itive­ment : s’im­pli­quer c’est accepter de don­ner et en fait déjà recevoir. Un échange qui se vit et se com­prend sans se mesur­er. En prenant du temps ain­si, on est très loin du monde virtuel où risquent de se per­dre de nom­breux jeunes, occupés à nour­rir leur héris­son virtuel sur Inter­net, à amé­nag­er leur île sur sec­ond life, à jouer au ten­nis ou au bowl­ing, sur leur WII, avec des vic­toires bien plus faciles que sur le court ou le parquet. 

Un lien social et un engagement

Désir­er le monde autrement et s’y employ­er engage le bénév­ole à quelque niveau de respon­s­abil­ité qu’il soit. En aidant celui-ci à réap­pren­dre à vivre, celui-là à aller au fond de lui-même, cet autre à remet­tre le pied à l’étri­er ou en con­tribuant à ren­dre la planète plus accueil­lante, le bénév­ole s’in­scrit dans une chaîne inin­ter­rompue d’en­gage­ments et d’échanges.

Le bénév­ole s’inscrit dans une chaîne inin­ter­rompue d’engagements et d’échanges

Par exem­ple, le phénomène des ban­lieues a mon­tré depuis longtemps que l’in­ser­tion des jeunes était un axe stratégique. L’ac­com­pa­g­ne­ment des anciens dans leur qua­trième âge, avec ses défail­lances, s’in­scrit dans une grande chaîne de respect. Tailler et entretenir les sen­tiers de décou­verte offre l’oc­ca­sion de viv­i­fi­er sa pro­pre san­té en ouvrant à d’autres les joies de la décou­verte. Le bénév­ole s’in­scrit ain­si dans la tenue d’un lien social par un engage­ment qui donne un sens à sa vie. Ce n’est pas l’a­panage des anciens. Regar­dons le nom­bre de jeunes qui se mobilisent dans des actions human­i­taires, dans la durée, ou en offrant une année de césure ou de volon­tari­at. C’est en s’in­vestis­sant qu’on apprend et qu’on développe un sen­ti­ment d’u­til­ité. C’est fon­da­men­tal. Chaque jour qui passe façonne dif­férem­ment le regard et l’ex­péri­ence du bénévole. 

L’entreprise attentive

Hen­ri de Cas­tries définit le scoutisme comme la pre­mière école de man­age­ment, avec chaque année ses quelques dizaines de mil­liers de jeunes chefs, sou­vent étu­di­ants, qui, en se met­tant au ser­vice de plus jeunes, appren­nent déjà pour eux et sai­sis­sent l’op­por­tu­nité d’en­richisse­ment de leur expéri­ence. C’est encore une his­toire de bénévolat, avec déjà la com­préhen­sion de l’in­térêt pour l’en­tre­prise. L’en­tre­prise ne s’y trompe pas. Pour preuve, sa mobil­i­sa­tion pour la pro­mo­tion d’ac­tions citoyennes sou­vent menées en accom­pa­g­ne­ment du bénévolat des col­lab­o­ra­teurs. Vingt ans après les pre­mières ini­tia­tives, de nom­breuses études analy­sent ce nou­v­el état d’e­sprit. Citons par exem­ple La Société, une affaire d’en­tre­prise, aux édi­tions d’Or­gan­i­sa­tion, ou Ce qui motive les entre­pris­es mécènes, aux édi­tions Autrement. Pourquoi Axa, Vin­ci, France Télé­com, la SNCF, Aven­tis, le Club Med choi­sis­sent-ils de tels pro­grammes bien loin de leur pro­pre util­ité sociale ? C’est parce que ces expéri­ences de mécé­nat sont aujour­d’hui autant de sources viv­i­fi­antes du lien social en entre­prise et ne se com­prendraient plus sans l’in­térêt objec­tif de pouss­er, indi­vidu­elle­ment ou col­lec­tive­ment, les col­lab­o­ra­teurs dans des activ­ités bénév­oles. C’est, en fait, très sim­ple­ment pour fécon­der un esprit mai­son devenu indis­pens­able au moment où s’en­gage la guerre des com­pé­tences et où l’at­trac­tiv­ité de l’en­tre­prise s’in­scrit dans des élé­ments bien plus élaborés que le sim­ple niveau de salaire à l’embauche. C’est un investisse­ment bien com­pris pour men­er ensem­ble de nom­breux chal­lenges : créer un lien cul­turel entre des col­lab­o­ra­teurs aujour­d’hui répar­tis sur tous les con­ti­nents, ouvrir les fenêtres de l’en­tre­prise sur la société pour mieux saisir son évo­lu­tion, rester en prise, fécon­der l’e­sprit d’équipe et d’in­no­va­tion, attach­er les valeurs man­agéri­ales à un cer­tain sens des valeurs. Quand une entre­prise pousse ses col­lab­o­ra­teurs à partager volon­taire­ment leur savoir-faire avec des pop­u­la­tions ” Bot­tom of the pyra­mid ” à l’autre bout du monde, c’est une équa­tion gag­nante pour tous. Elle fait entr­er l’en­tre­prise dans le monde. Chaque exem­ple est une con­tri­bu­tion à la richesse col­lec­tive, en accrois­sant le savoir et savoir être des jeunes, en redonnant la chance d’être du jeu économique et de tra­vailler pour vivre, en oeu­vrant pour un ter­ri­toire accueil­lant et à nou­veau vivant. 

Une citoyenneté en acte

On le voit, s’il fal­lait cal­culer l’indice du ” bon­heur sub­jec­tif ” comme le pro­pose la New Eco­nom­ics Foun­da­tion, les bénév­oles seraient les plus nom­breux à répon­dre pos­i­tive­ment à cette mesure de la ” sat­is­fac­tion de leur con­di­tion “, choi­sis­sant l’être mieux à l’avoir plus. Et c’est impor­tant des col­lab­o­ra­teurs heureux. Nous ne pou­vons gag­n­er dans notre vie, y com­pris notre vie pro­fes­sion­nelle, qu’en dépas­sant nos fron­tières. C’est le fab­uleux des­tin du bénévolat.

L’ex­em­ple de Schnei­der Electric
On peut citer l’ex­em­ple de Schnei­der Elec­tric, entre­prise d’ingénieurs de 130 000 col­lab­o­ra­teurs répar­tis en 130 pays. Sa démarche est la suiv­ante. D’abord, mobilis­er cha­cun de ses 450 sites répar­tis sur tous les con­ti­nents afin qu’ils instau­rent un parte­nar­i­at local autour des ques­tions d’in­ser­tion des jeunes (dans l’avenir sera envis­agé l’ac­cès à l’én­ergie des plus pauvres).
Ici, ce sera l’ac­com­pa­g­ne­ment de 50 filles turques isolées et en déperdi­tion pour qu’elles entrent dans des for­ma­tions diplô­mantes, là la con­struc­tion d’une école tech­nique pour don­ner la for­ma­tion utile à des jeunes d’Antofa­gas­ta dans le désert chilien.
À Pralog­nan, l’ac­com­pa­g­ne­ment par plus de cent col­lab­o­ra­teurs des chantiers d’amé­nage­ment d’une struc­ture accueil­lant des per­son­nes hand­i­capées pour qu’elles con­nais­sent la joie de la mon­tagne et du ski.
Là, le sou­tien à de jeunes Nord-Africains venus s’é­chouer à Barcelone dans l’e­spoir d’une vie meilleure afin qu’ils appren­nent un méti­er et s’en­ga­gent dans un pro­jet con­struc­tif de retour au pays avec ce nou­veau bagage.
Ensuite, mesur­er le nom­bre de sites engagés et faire fig­ur­er cette mobil­i­sa­tion dans le tableau de bord de l’en­tre­prise au même titre que la rentabil­ité et les indi­ca­teurs soci­aux, envi­ron­nemen­taux, industriels.
Enfin, en organ­isant au jour de l’été un événe­ment fes­tif sur chaque site pour met­tre en valeur cet engage­ment et pour l’ac­croître, l’oc­ca­sion d’une con­vivi­al­ité promue.
 
En savoir plus :
www.barometre.schneider-electric.com

Poster un commentaire