L’Énergie en 21 questions

Dossier : Arts, Lettres et SciencesMagazine N°633 Mars 2008Par : Pierre BACHER (52)Rédacteur : Jacques BOURDILLON (45)Editeur : Odile Jacob 15, rue Soufflot, 75005 Paris - 2007

Couverture du livre L'énergie en 20 questionsEntre 1750 et 2050, la com­pa­rai­son est sai­sis­sante : la popu­la­tion de la pla­nète est pas­sée de 1 à 10 mil­liards, la consom­ma­tion d’énergie pri­maire par habi­tant a été mul­ti­pliée par 10, la consom­ma­tion mon­diale d’énergie pri­maire mul­ti­pliée par 100. Encore faut-il prendre soin de dis­tin­guer l’énergie pri­maire de l’énergie finale et ne pas confondre source d’énergie et vec­teur d’énergie.

Nous avons droit à quelques mises au point utiles et salutaires :

• Tcher­no­byl, les déchets, l’EPR qui n’est pas obso­lète, la 4e géné­ra­tion de réac­teurs qui, hélas, n’est que pour après-demain, les res­sources. Nous sommes tous radio­ac­tifs et por­teurs de faibles doses, ce qui n’empêche pas de vivre.
Impor­tance rela­tive des dif­fé­rentes sources d’énergie et de leurs vecteurs :
– éner­gies pri­maires (en Gtep, mil­liards de tonnes d’équivalent pétrole) : com­bus­tibles fos­siles 8,3 (dont char­bon 2,6, pétrole 3,5, gaz 2,2), bio­masse 1, hydrau­lique 0,6, nucléaire 0,6, total 10 Gtep ;
– éner­gies finales : la part de l’électricité dans l’énergie finale n’est que de 19 % alors qu’il a fal­lu dépen­ser 30 % de l’énergie pri­maire pour la produire ;
– sur­face néces­saire pour pro­duire un Twh d’électricité par an : 0,1 km2 avec une cen­trale ther­mique ou nucléaire, mais 15 km2 avec des éoliennes !

Nous avons droit aus­si à une mise en garde contre cer­taines illusions.

Cer­tains pro­jets pré­sentent des avan­tages réels, mais par­fois minus­cules, quel­que­fois peu pro­bables, sou­vent très oné­reux, avec éven­tuel­le­ment en contre­par­tie de graves inconvénients.
• Les éco­no­mies d’énergie sont utiles pour modé­rer la crois­sance de la consom­ma­tion mon­diale d’énergie pri­maire (1 % l’an au lieu de 2 %), mais abso­lu­ment inca­pables d’inverser la tendance.
• Les éoliennes sont peu effi­caces, coû­teuses, dévo­reuses d’espace, béné­fi­ciaires d’une extra­or­di­naire dis­cri­mi­na­tion posi­tive et lar­ge­ment subventionnées.
• La fabri­ca­tion, le trans­port et le sto­ckage de l’hydrogène (qui n’est qu’un vec­teur éner­gé­tique) sont des entre­prises oné­reuses, le ren­de­ment de la fameuse pile à com­bus­tible est médiocre.
• Le gaz natu­rel et le char­bon pré­sentent d’énormes avan­tages, mais ils sont pro­duc­teurs de CO2, d’oxydes d’azote et d’hydrogène sul­fu­ré, le trans­port du gaz entraîne des fuites dif­fi­ciles à évi­ter, la séques­tra­tion du CO2 n’est pas encore au point et sera de toute façon une entre­prise coûteuse.
• Il y a une limite au déve­lop­pe­ment de la bio­masse et des bio­car­bu­rants, c’est la confis­ca­tion de terres agri­coles qui pour­raient être plus utiles pour l’alimentation des hommes et des animaux.
• Le solaire vol­taïque coûte cher alors que sa part reste minus­cule dans la pro­duc­tion énergétique.
• L’Allemagne aura du mal à « sor­tir du nucléaire » en res­pec­tant le pro­to­cole de Kyo­to ? Alors que Suède et Suisse envi­sagent de renon­cer à une telle sor­tie (voire de la dif­fé­rer pour longtemps).

Conclu­sion : le besoin en éner­gie pri­maire pour 2050, 15 à 20 Gtep contre 10 aujourd’hui.

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