Le tour du monde des énergies : La Chine et les économies domestiques

Dossier : ExpressionsMagazine N°636 Juin/Juillet 2008
Par Elodie RENAUD (01)
Par Blandine ANTOINE (01)

Conscient de la fai­blesse de ses res­sources éner­gé­tiques natio­nales et sou­cieux de modi­fier les carac­té­ris­tiques d’une crois­sance éco­no­mique qui s’est faite trop rapi­de­ment pour cor­rec­te­ment prendre en compte les dom­mages qu’elle infli­geait à cer­taines caté­go­ries sociales et à l’en­vi­ron­ne­ment, le gou­ver­ne­ment chi­nois, a déci­dé d’ins­crire la réduc­tion de l’in­ten­si­té éner­gé­tique par­mi les cri­tères d’é­va­lua­tion des admi­nis­tra­teurs de provinces. 

Récompenser les talents

Réduire de 20 % l’in­ten­si­té éner­gé­tique natio­nale entre 2006 et 2010 est un objec­tif très pré­sent à l’es­prit des fonc­tion­naires de la Com­mis­sion pour la réforme et le déve­lop­pe­ment de Shan­ghai – qui recon­naissent aus­si la néces­si­té d’of­frir une excel­lente qua­li­té de vie aux talents qui feront la richesse des villes du XXIe siècle, et qu’ils espèrent atti­rer en nombre tou­jours crois­sant. Les usines sont pous­sées hors de la ville par une tari­fi­ca­tion moins avan­ta­geuse de l’élec­tri­ci­té, la pre­mière éco-cité chi­noise ver­ra le jour à Dong­tan (sur l’île de Chong­ming dans l’embouchure du Yangtze), on tra­vaille à décou­ra­ger l’u­ti­li­sa­tion de la voi­ture en sub­ven­tion­nant les trans­ports publics et impo­sant l’ac­quit­te­ment d’une vignette d’en­re­gis­tre­ment auto­mo­bile oné­reuse (40 000 yuans soit 3 640 euros), à l’é­ta­blis­se­ment d’une offre cultu­relle variée, au ren­for­ce­ment des droits de pro­prié­té intel­lec­tuelle, à l’ac­crois­se­ment de la sécurité. 


Accueil du Centre pour les éco­no­mies d’énergie de Shanghai.

Com­pa­rai­son de l’éclairage offert par des lampes au degré d’efficacité variable.

Économiser l’énergie domestique

Un Centre pour les éco­no­mies d’éner­gie (Shan­ghai Ener­gy Conser­va­tion Cen­ter) a été inau­gu­ré en juillet 2006, trois mois après l’a­dop­tion par le Congrès de Shan­ghai d’un règle­ment sur la consom­ma­tion d’éner­gie ren­for­çant les objec­tifs de celui qui avait été voté dix ans plus tôt. 


Objec­tif : réduire de 20 % l’intensité éner­gé­tique chi­noise entre 2006 et 2010.

Bien que situé au 10e étage d’une tour ano­nyme, cet appar­te­ment témoin exem­plaire géré par l’U­ni­té scien­ti­fique de conser­va­tion éner­gé­tique (Scien­ti­fic Ener­gy Conser­va­tion Unit) a reçu au cours de ses dix pre­miers mois d’exis­tence plus de 15 000 visi­teurs. On y apprend qu’en Chine la label­li­sa­tion est obli­ga­toire pour machines à laver le linge, sys­tèmes de cli­ma­ti­sa­tions et réfri­gé­ra­teurs : elle vise l’é­vic­tion des appa­reils les moins per­for­mants du mar­ché (le niveau 3 de la label­li­sa­tion cor­res­pond à la moyenne des consom­ma­tions obser­vées pour les équi­pe­ments neufs actuels). L’at­tri­bu­tion d’un label » pro­duit vert » met à l’hon­neur les équi­pe­ments les plus effi­caces. On y peut jouer avec dif­fé­rents sys­tèmes d’é­clai­rage qui pré­sentent les qua­li­tés des tubes com­pacts et des CFL en les com­pa­rant avec les per­for­mances des ampoules à incan­des­cence ou néons de pre­mière géné­ra­tion. On s’y inté­resse aux robi­nets et toi­lettes éco­no­mi­seurs d’eau (qu’on n’a plus à pom­per, trai­ter, dis­tri­buer puis net­toyer, éco­no­mi­sant donc tant la capa­ci­té de son trai­te­ment que l’éner­gie qu’elle consomme). On y découvre le mode d’emploi de la réno­va­tion à voca­tion éner­gé­tique, l’in­clu­sion de stores véni­tiens dans les doubles vitrages et l’i­ni­tia­tive » One Watt » de l’A­gence inter­na­tio­nale pour l’éner­gie pour réduire la consom­ma­tion de veille des appa­reils élec­triques. Bref, on y fait le plein d’i­dées pour accroître les per­for­mances éner­gé­tiques de son loge­ment. Impres­sion­nées par la pré­va­lence des pan­neaux solaires ther­miques, nous nous sommes aus­si pen­chées sur les poli­tiques en faveur des éner­gies renou­ve­lables – et les dif­fi­cul­tés ren­con­trées par les indus­triels euro­péens pour se faire une place sur un mar­ché régle­men­té à l’a­van­tage des géants locaux : com­ment concur­ren­cer les entre­prises chi­noises obli­gées d’in­cor­po­rer 5 % d’éner­gies renou­ve­lables dans un bou­quet de sources très ren­table car essen­tiel­le­ment char­bon­né, alors que les garan­ties de rachat de l’élec­tri­ci­té, en par­ti­cu­lier éolienne, res­tent floues ? 

La Jaune et la Rouge dif­fuse depuis un an des extraits du Tour du monde des éner­gies et des solu­tions décou­vertes dans les 17 pays qu’il a traversés.
Ceux que ces des­crip­tions auront inté­res­sés peuvent trou­ver com­plé­ments et appro­fon­dis­se­ments dans Le Tour du monde des éner­gies (édi­tions J.-C. Lat­tès), cf. p. 57.

Poster un commentaire