Le tour du monde des énergies : Efficacité énergétique à Hong Kong

Dossier : ExpressionsMagazine N°635 Mai 2008
Par Elodie RENAUD (01)
Par Blandine ANTOINE (01)

Après avoir sui­vi la trace d’Alexandre, nous retrou­vons celle de Mar­co Polo en tra­ver­sant l’Himalaya. Les contrées qu’ils abor­dèrent et celles que nous décou­vrons n’ont de com­mun que l’alphabet qu’elles uti­lisent encore – et le dépay­se­ment qu’elles apportent au voya­geur occi­den­tal. L’efficacité éner­gé­tique est pro­mue au rang d’objectif natio­nal sous la gri­saille chinoise. 

Réduire la pollution locale


« Canyon » de Hong Kong.

Hong Kong souffre aujourd’hui de la situa­tion géo­gra­phique qui fut long­temps sa béné­dic­tion. Sur la rive est de la rivière des Perles, la cité ter­tiaire se trouve au car­re­four de vents qui rabattent la pol­lu­tion chi­noise sur la pénin­sule de Kow­loon et les prin­ci­pales îles de l’archipel (Lan­tau et Hong Kong). Le smog, aux retom­bées sani­taires ampli­fiées par « l’effet canyon » qui concentre les émis­sions pol­luantes dans les rues bor­dées de gratte-ciel, plane sur la ville de 7 mil­lions d’habitants.
Dif­fi­cile de com­battre un mal dont la racine semble plan­tée dans un autre ter­ri­toire. Pour­tant, si 80 % des volumes d’émissions pro­viennent du del­ta indus­triel de la rivière des Perles, les émis­sions « made in Hong Kong » sont tout de même à l’origine de plus du tiers de la pol­lu­tion mesu­rée dans le port aux Parfums.
Prin­ci­pal res­pon­sable, mal­heu­reu­se­ment dif­fi­cile à régu­ler : le trans­port, notam­ment maritime.

Pour pal­lier ce défaut de règle­ment et faire pro­gres­ser la qua­li­té de l’air, les ser­vices muni­ci­paux ont pris le par­ti d’attaquer des sources d’émissions plus concen­trées (les cen­trales élec­triques) en met­tant à l’honneur le volon­ta­riat et l’exemple pour faire évo­luer les pra­tiques énergétiques. 

Engagement citoyen


Le public exem­plaire : une ton­nelle de cel­lules solaires éclaire le der­nier étage des bureaux de l’EMSD, en limite l’échauffement et pro­duit de l’électricité.

Exemple au bureau pour l’efficacité éner­gé­tique (EEO) du dépar­te­ment muni­ci­pal pour l’électricité et les ser­vices méca­niques (EMSD). Son man­dat ? Régu­ler les com­pa­gnies élec­triques et pro­mou­voir l’efficacité éner­gé­tique, les éco­no­mies d’énergie et les éner­gies renou­ve­lables. Sa méthode ? S’appuyer sur accords et pro­grammes volon­taires : publi­ca­tion de codes d’efficacité éner­gé­tique dans la construc­tion, dif­fu­sion de métho­do­lo­gies d’analyse cycle de vie, audits éner­gé­tiques, réno­va­tion des bâti­ments publics som­més de don­ner l’exemple, mise en place de pro­grammes de label­li­sa­tion et pro­po­si­tions de stan­dards mini­maux (en par­ti­cu­lier auto­mo­biles) ont trou­vé leur place dans l’économie paran­gon du libéralisme.

La plu­part de ces pro­grammes ciblent les fon­cières, maillon essen­tiel dans la chaîne qui mène de l’énergie à ses ser­vices sur un ter­ri­toire plan­té de gratte-ciel.

Au menu des autres : cam­pagnes d’information sur les moyens de pré­ser­ver la qua­li­té de l’air, les res­sources en éner­gie et en eau, actions de sen­si­bi­li­sa­tion dans les écoles (dont nomi­na­tion de jeunes ambas­sa­deurs « verts »), et mobi­li­sa­tion des pro­fes­sion­nels illus­trée par la mise sur pied en 2004 d’un concours annuel pour l’efficacité éner­gé­tique dans les bâti­ments rési­den­tiels et publics.

Près de 1 400 can­di­dats s’y sont ins­crits fin 2006. Béné­fi­ciant d’un accom­pa­gne­ment métho­do­lo­gique de qua­li­té et du retour d’expérience de la pré­cé­dente édi­tion du concours, ils riva­lisent d’ingéniosité pour faire bais­ser leurs consom­ma­tions d’électricité éva­luées pen­dant huit mois. 

Energy Efficiency Awards

Dans la tour Oxford House de Swire pro­per­ties et à l’université de Hong Kong, des armées de solu­tions tech­niques font ain­si la chasse à l’inefficacité.


Pla­cé sur les boî­tiers de réglage de la cli­ma­ti­sa­tion, l’autocollant CFL sou­rit aux éco­no­mies d’énergie.

De l’utilisation d’eau de mer dans les tours aéro-réfri­gé­rantes au revê­te­ment des vitres par des filtres réflec­teurs de soleil, en pas­sant par le rem­pla­ce­ment des bal­lasts magné­tiques des néons par des bal­lasts élec­tro­niques plus effi­caces et le net­toyage auto­ma­tique des tubes de la cen­trale de refroi­dis­se­ment, tous les moyens sont bons pour réduire dura­ble­ment la consom­ma­tion d’énergie de bâti­ments ren­dus, au pas­sage, sou­vent plus agréables à vivre. Néan­moins, les éco­no­mies d’énergie ne peuvent prendre racine dans un ter­reau qui ne serait que tech­no­lo­gique. Le fac­teur com­por­te­men­tal des consom­ma­teurs, s’il est plus dif­fi­cile à pilo­ter, est une dimen­sion à ne pas négli­ger par les pro­grammes qui sou­haitent s’inscrire dans la durée.Aux yeux de la direc­tion de l’université, ceci jus­ti­fie d’investir dans un com­plé­ment « soft » à tout ce « hard­ware ». Pla­car­dage sur les portes des toi­lettes (empla­ce­ment à forte visi­bi­li­té !) de graphes décri­vant l’évolution des consom­ma­tions éner­gé­tiques de l’établissement, auto­col­lants péda­go­giques, audits éner­gé­tiques et pro­po­si­tion d’une charte interne cherchent ain­si à faire adop­ter des com­por­te­ments plus vertueux. 

La Jaune et la Rouge dif­fuse depuis un an des extraits du Tour du monde des éner­gies et des solu­tions décou­vertes dans les 17 pays qu’il a traversés.
Ceux que ces des­crip­tions auront inté­res­sés peuvent trou­ver com­plé­ment et appro­fon­dis­se­ments dans Le Tour du monde des éner­gies publié le 7 mai aux Édi­tions J.-C. Lattès.

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