Le tour des énergies : une Afrique contrastée

Dossier : ExpressionsMagazine N°628 Octobre 2007
Par Blandine ANTOINE (01)
Par Elodie RENAUD (01)

Protocole de Kyoto ici aussi ? c’est possible… et rentable !


Vue d’ensemble des douze éoli­ennes du site Lafarge.

Protocole de Kyoto ici aussi ? c’est possible… et rentable !


Vue d’ensemble des douze éoli­ennes du site Lafarge.

18 févri­er — Après avoir salué l’Eu­rope du pont d’un fer­ry, c’est éton­nam­ment en terre d’Es­pagne (dans l’en­clave de Ceu­ta) que nous goû­tons au con­ti­nent africain. Nous la quit­tons bien vite pour nous ren­dre à Tétouan, ville maro­caine, où nous attend notre pre­mier pro­jet. Il s’ag­it du pre­mier pro­jet africain ayant béné­fi­cié de crédits car­bone au titre des Mécan­ismes de développe­ment pro­pre2.

Per­chées sur une ligne de crête se détachent 12 éoli­ennes, pour une puis­sance instal­lée de 10 MW. Leur sit­u­a­tion les fait béné­fici­er de con­di­tions de vent extrême­ment favor­ables (la vitesse moyenne s’éch­e­lonne entre 9 et 11 m/s)3 qui leur per­me­t­tent de pro­duire, depuis leur mise en ser­vice en mai 2005, entre 40 et 50 % des besoins élec­triques de la cimenterie Lafarge avoisi­nante4.

Cette instal­la­tion, qui sem­blait risquée en ter­mes de retour sur investisse­ment quand sa con­struc­tion fut décidée, est dev­enue plus qu’une vit­rine de l’en­gage­ment du groupe en matière de développe­ment durable5 : elle est aujour­d’hui source d’é­conomies sig­ni­fica­tives dans le con­texte énergé­tique maro­cain ! Aujour­d’hui, le groupe prévoit dans ses pro­grammes d’in­vestisse­ment un triple­ment des capac­ités du parc de Tétouan, tan­dis qu’un autre parc à Tanger6 est à l’é­tude. Le gou­verne­ment prévoit pour sa part d’in­staller 2 000 MW d’éolien d’i­ci 2010… Éole a le vent en poupe ! 

L’électrification rurale, une volonté royale


25 % des ménages des zones rurales maro­caines sont en-dessous du seuil de pau­vreté. Source IFAD.

Lut­ter con­tre la pau­vreté est une pri­or­ité pour les pays en voie de développe­ment, ain­si que le rap­pel­lent les Objec­tifs du mil­lé­naire pour le développe­ment for­mulés en 2000 par les États mem­bres de l’ONU. Réduire la pau­vreté, c’est accroître la qual­ité de vie des pop­u­la­tions con­cernées. L’u­til­i­sa­tion de formes évoluées d’én­ergie y con­tribue. S’il existe de nom­breux inter­mé­di­aires de con­fort entre la col­lecte du bois à usage domes­tique et l’ac­cès à l’électricité7, l’u­ni­ver­sal­i­sa­tion de cette dernière est la seule solu­tion accept­able à terme puisqu’elle per­met aux ménages d’ac­céder aux tech­nolo­gies domes­tiques mod­ernes (éclairage, équipements élec­triques divers…). 

La solu­tion tech­nique la plus sim­ple pour apporter le courant dans les foy­ers est d’é­ten­dre le réseau élec­trique exis­tant. Elle est néan­moins trop coû­teuse quand l’habi­tat est dis­per­sé ou dif­fi­cile d’ac­cès (exem­ple des zones montagneuses). 

Seules 18 % des zones rurales maro­caines étaient élec­tri­fiées en 1995. En 2007, la fée élec­tric­ité illu­mine 97 % des ménages ruraux. Une vis­ite de ter­rain nous a aidées à com­pren­dre ce suc­cès, celui du Pro­gramme d’élec­tri­fi­ca­tion rurale glob­al (PERG), lancé en 1995. Après avoir étudié dif­férents mon­tages tech­niques et financiers, l’Of­fice nation­al d’élec­tric­ité (ONE, com­pag­nie élec­trique publique) a décidé de procéder à l’élec­tri­fi­ca­tion par rac­corde­ment au réseau pour 91 % des vil­lages. Les 9 % restants seraient donc appro­vi­sion­nés par des sources décentralisées. 


Pan­neau instal­lé par Téma­sol, kit de 50 Wc.

Ce pro­gramme d’élec­tri­fi­ca­tion à grande échelle a per­mis de démon­tr­er la fais­abil­ité tech­nique de l’élec­tri­fi­ca­tion rurale décen­tral­isée via des mod­ules pho­to­voltaïques, ain­si que la valid­ité d’un sché­ma con­tractuel et financier qu’il nous paraît intéres­sant de vous présenter. 

L’ONE — qui reste pro­prié­taire des équipements qu’il sub­ven­tionne — alloue à des opéra­teurs privés par appel d’of­fres la four­ni­ture d’élec­tric­ité dans un cer­tain nom­bre de con­ces­sions. Ces derniers sont chargés de l’in­stal­la­tion et de la main­te­nance de kits pho­to­voltaïques, con­tre paiement d’une rede­vance péri­odique. Une véri­ta­ble révo­lu­tion de pen­sée dans un con­ti­nent où l’ab­sence de main­te­nance a con­duit nom­bre de pro­jets au ” cimetière technologique ” ! 


Vis­ite de con­trôle d’un tech­ni­cien de Téma­sol (véri­fi­ca­tion des niveaux de l’électrolyte).

Une équipe de Téma­sol, opéra­teur qui a en 2002 rem­porté le pre­mier appel d’of­fres (16 000 kits pho­to­voltaïques), nous a accueil­lies dans la région de Set­tat. Leur approche ” ser­vice ” dans le paysage rur­al où les kits sont implan­tés est intéres­sante : pour s’as­sur­er de la col­lecte de rede­vances et main­tenir une prox­im­ité avec leurs clients, les tech­ni­ciens de Téma­sol tien­nent une per­ma­nence tous les quinze jours dans les ” souks “, marchés hauts en couleur et ani­més — qui sont aus­si une véri­ta­ble insti­tu­tion maro­caine. Ils per­me­t­tent aux tech­ni­ciens de tiss­er un véri­ta­ble lien social avec leurs clients en sus des con­trôles annuels et de l’oblig­a­tion de dépan­nage dans les deux jours en cas de défail­lance du système. 

Si la rapid­ité d’in­stal­la­tion des kits pho­to­voltaïques et la qual­ité de leur main­te­nance sont de véri­ta­bles réus­sites, la réplic­a­bil­ité d’un sché­ma dont la réus­site s’ex­plique par l’im­por­tante impli­ca­tion du roi Mohammed VI (qui définit les pri­or­ités nationales de cette ” démoc­ra­tie autori­taire ”), et la sat­is­fac­tion des besoins locaux restent discutables. 

Le plus rudi­men­taire des kits pro­posés per­met l’é­clairage par 3 ampoules et l’ob­ten­tion de quelques heures de télévi­sion en noir et blanc par jour. Dif­fi­cile pour un jeune act­if d’établir une activ­ité arti­sanale qui néces­sit­erait l’u­til­i­sa­tion d’un petit moteur… si les nou­veaux kits pro­posent des puis­sances plus élevées8, le béné­fice social des kits exis­tants est assez lim­ité. Mal­gré tout, ces dif­fi­cultés n’en­tachent pas la gen­til­lesse des vil­la­geois… et l’ac­cueil qu’ils nous ont réservé lors de notre pas­sage dans les oueds avoisi­nant Ben Ahmed ! 

Contre l’avancée du Sahel, les arbres

28 févri­er — La déforesta­tion accentue la déser­ti­fi­ca­tion qui men­ace le nord du Séné­gal bor­dé par le Sahel. Appau­vris­sant les sols, elle pousse les pop­u­la­tions dépen­dantes des ressources forestières et agri­coles à se déplac­er — et avec elles leurs pra­tiques peu durables. La logique en est sim­ple : de la déforesta­tion dépend leur survie. Le bois col­lec­té est trans­for­mé en char­bon de bois, source de revenus sub­stantielle pour les familles rurales qui le vendent aux citadins : préserv­er la forêt est alors perçu comme une perte de revenus. Com­ment espér­er alors que les codes forestiers soient respectés ? 


Poudre de buy et miel, exem­ple de pro­duits con­di­tion­nés après avoir été fab­riqués dans le vil­lage de Nganda.

La moti­va­tion de ces pra­tiques étant économique, seul un mécan­isme plus prof­itable pour­ra leur être sub­sti­tué. C’est la voie suiv­ie par le PERACOD9, un pro­gramme mis en oeu­vre par le gou­verne­ment séné­galais assisté de la GTZ10. Il vise à intéress­er les pop­u­la­tions à la préser­va­tion de la forêt en assim­i­lant cette dernière à une ” banque verte “, cap­i­tal naturel à faire fruc­ti­fi­er pour en cueil­lir les fruits. Com­ment enracin­er ce nou­veau con­cept dans la trentaine de vil­lages de Casamance et du bassin arachi­di­en (région de Kao­lack, où nous nous sommes ren­dues) où il a été expéri­men­té ? En iden­ti­fi­ant dif­férentes fil­ières économiques : la con­fec­tion de miel, l’ex­ploita­tion du buy (fruit du baobab), la cul­ture de plantes médic­i­nales sont autant d’ex­em­ples de sources de revenus alter­na­tives à la vente de char­bon de bois, et ne peu­vent pren­dre racine qu’en milieu foresti­er. Non seule­ment la diver­si­fi­ca­tion des activ­ités accroît l’indépen­dance des pop­u­la­tions rurales, mais les revenus tirés de ces fil­ières sont même supérieurs à ceux provenant de la vente de char­bon de bois (grâce au con­di­tion­nement de cer­tains pro­duits pour cibler une clien­tèle touris­tique plus aisée, par exemple). 

L’ap­pren­tis­sage de tech­niques forestières durables, la dif­fu­sion de foy­ers de com­bus­tion économes et l’in­tro­duc­tion d’un nou­veau com­bustible (à par­tir de paille et de boue) com­plè­tent le dis­posi­tif mis en place pour préserv­er cet habi­tat fragile. 


Com­bustible fab­riqué à par­tir de paille et de boue.

Si l’é­d­u­ca­tion des pop­u­la­tions et la for­ma­tion de quelques volon­taires ont per­mis de lancer le pro­jet, des relais locaux ont rapi­de­ment été iden­ti­fiés pour péren­nis­er le mod­èle et per­me­t­tre son développe­ment autonome. Deux apicul­teurs ont ain­si été for­més dans cha­cun des vil­lages ciblés par le pro­gramme ; à leur tour de dif­fuser ensuite leur savoir-faire dans leur pro­pre vil­lage et dans les alentours. 

De même, la ges­tion de l’ar­gent récolté est con­fiée aux femmes du vil­lage réu­nies en coopéra­tive ; à elles d’en pro­pos­er la répar­ti­tion et un usage béné­fi­ciant à la col­lec­tiv­ité. Le trans­fert de savoir et de tech­nolo­gie est ain­si assuré. 

Quelques ombres, toute­fois, à ce tableau : le vil­lage se garde bien d’une part de dif­fuser les clés de sa réus­site aux vil­lages non-parte­naires du pro­jet, ce qui lim­ite son impact ; d’autre part les revenus générés revi­en­nent essen­tielle­ment aux per­son­nes actives dans le pro­jet (une dizaine par vil­lage) ren­dant l’in­ter­dic­tion de la déforesta­tion plus com­plexe à l’échelle de la com­mu­nauté — d’au­tant que la mau­vaise exploita­tion des ressources forestières est le plus sou­vent le fait d’é­trangers à la région. Mal­gré cela, la forêt tient dans ce coin du bassin arachi­di­en, les jeunes trou­vent à s’y employ­er plutôt qu’à courir vers la ville : le mod­èle mis en place nous a passionnées ! 

Petite par­en­thèse sur le trans­port à la séné­galaise en péri­ode de pèleri­nage nation­al à Tou­ba : pour par­courir les 300 km séparant Dakar de Ngan­da, prenez un zeste de lever mati­nal, ajoutez‑y quelques heures de taxi col­lec­tif coincés à 4 sur la ban­quette arrière (à l’a­vant, on n’est que 3), quelques noisettes de mobylette taxi au milieu de nulle part, saupoudrez le tout de taxi-brousse… vous obtien­drez un tra­jet mémorable ! À réitér­er sans modération. 

Panneaux solaires sud-africains


Ate­lier d’alignement des cel­lules pho­to­voltaïques et de soudure.

3 mars — Départ pour Cape Town, en Afrique du Sud, où nous visi­tons une man­u­fac­ture de pan­neaux solaires Ténesol (50 % Total — 50 % EDF). Nous qui pen­sions que les chaînes d’assem­blage actuelles étaient toutes automa­tisées, imag­inez notre sur­prise de décou­vrir un vaste ate­lier où, certes aidés de deux machines des plus mod­ernes, c’est une cen­taine d’ouvrier(e)s qui assem­blent, alig­nent, col­lent et con­trô­lent ! Les coûts de main-d’oeu­vre sont ici peu élevés (de l’or­dre de 100 euros/mois) : con­cur­ren­tiels en ter­mes de prix sur le marché européen, les pan­neaux ain­si fab­riqués mis­ent sur une meilleure qual­ité pour vol­er la vedette aux pro­duits chinois. 

Où par­tent donc les 35 MW pro­duits annuelle­ment ? 90 % des pan­neaux filent sous nos lat­i­tudes… seri­ons-nous les seules éton­nées de décou­vrir l’Afrique en ate­lier de l’Eu­rope à l’heure où l’on ne par­le que de l’Asie ? 

Au pays du charbon, la maîtrise de la demande est à l’honneur

” Coke en stock “, comme notre ami Tintin le fit remar­quer en son temps, est un atout stratégique impor­tant dans un avenir énergé­tique qui lais­sera une grande part au char­bon. L’Afrique du Sud, dont les réserves de char­bon la pla­cent au 5e rang, est bien située sur l’échiquier mon­di­al. Les Sud-Africains ont par ailleurs dévelop­pé du temps de l’embargo de l’a­partheid une tech­nolo­gie per­me­t­tant de trans­former le char­bon en car­bu­rants liq­uides (coal to liquid). 


Stock­age en piles dont les plus gross­es pèsent jusqu’à 120000 tonnes.

Armées d’un appareil pho­to, nous avons la chance de décou­vrir les entrailles de la mine de Dorst­fontein (800 000 t char­bon produit/an), et de vis­iter l’un des plus grands ter­minaux char­bon­niers au monde, celui de Richards Bay. Si les tech­niques ont évolué depuis l’époque des oiseaux à grisou, s’il est dif­fi­cile d’ap­pel­er ici le sou­venir d’É­ti­enne Lantier et du monde ouvri­er dépeint par Zola, les boy­aux de la terre sont tou­jours bien som­bres. Ici, un monde de machines ram­pantes et de détecteurs peu­ple cet univers, dont l’ob­scu­rité et l’hu­mid­ité plus que les con­di­tions dif­fi­ciles nous rap­pel­lent que nous sommes sous terre… 

En sur­face, le ter­mi­nal de Richards Bay nous ouvre les portes du char­bon comp­té par mil­lions. Con­stru­it en 1976 avec une capac­ité d’ex­por­ta­tion de 12 Mt de char­bon par an, il en fait tran­siter aujour­d’hui 68 Mt/an, (capac­ité max­i­male : 72 Mt/an). Et ses pro­jets d’ex­ten­sion (91 Mt/an annon­cés pour 2009) témoignent du dynamisme du secteur. 

Nous restons bouche bée devant ces chiffres qui jouent l’hy­per­bole : le site s’é­tend sur 260 ha, accueille 24 h/24 des trains longs de 200 wag­ons — 80 km de rails ser­pen­tent dans l’en­ceinte du ter­mi­nal ! et peut stock­er sur place jusqu’à 6 Mt de char­bon. Pour éviter les incendies et réduire les impacts san­i­taires et envi­ron­nemen­taux liés à l’en­vol des pous­sières, ces dernières sont régulière­ment arrosées. 

Quit­tant cet univers ” noir de suie “, nous nous intéres­sons au secteur élec­trique. Suite à l’abo­li­tion de l’a­partheid11, le gou­verne­ment sud-africain a pri­or­i­taire­ment alloué ses ressources à la réso­lu­tion des ques­tions sociales au détri­ment d’une plan­i­fi­ca­tion énergé­tique raisonnée. 

Aujour­d’hui, la com­pag­nie élec­trique publique ESKOM doit faire face à un manque de capac­ité. Et impos­si­ble de compter sur les impor­ta­tions d’élec­tric­ité de pays voisins eux aus­si défici­taires ! Reste à inve­stir suff­isam­ment pour répon­dre à la demande du futur proche, et à par­er au plus urgent. Plutôt que de met­tre en ligne des bat­ter­ies de généra­teurs diesels coû­teux et pol­lu­ants, les Sud-Africains ont penché pour la solu­tion prônée par Amory Lovins dans les années soix­ante-dix : maîtris­er la demande, en met­tant à l’hon­neur le ” nega ” plutôt que le ” méga ” watt. Un out­il indis­pens­able de cette stratégie con­siste à redéfinir la tar­i­fi­ca­tion élec­trique de façon à ren­dre avan­tageuse la con­som­ma­tion en heures creuses, ce qui ferait de l’a­planisse­ment de la courbe de demande élec­trique un jeu d’en­fant (ou presque !). 

Un projet ambitieux : l’autonomie énergétique réunionnaise


Deux élé­ments sont à noter :
1) la base en forme de L à l’envers, per­me­t­tant le treuillage,
2) l’utilisation d’une hélice bipale.

17 mars — Partez alors pour une étape plus exo­tique, l’île Bour­bon, par­adis du rhum et de la vanille, qui s’est aus­si fixé d’am­bitieux objec­tifs dans le secteur de l’én­ergie : l’au­tonomie énergé­tique de l’île (trans­ports com­pris) à l’hori­zon 2050 avec pour objec­tif inter­mé­di­aire l’au­tonomie élec­trique en 2025. Ce pro­gramme poli­tique ambitieux dévelop­pé dans le cadre du Plan région­al des éner­gies renou­ve­lables et d’u­til­i­sa­tion rationnelle des éner­gies (PRERURE) témoigne d’une réelle volon­té de s’at­ta­quer aux défis énergé­tiques à venir. 

Val­ori­sa­tion de pro­duits agricole12, exploita­tion des gise­ments solaire, éolien, géother­mique ou marin (courants), rien n’est lais­sé de côté dans le recense­ment des options énergé­tiques aujour­d’hui en cours. La Réu­nion précède la métro­pole en ce qui con­cerne la dif­fu­sion des éner­gies renou­ve­lables (ain­si fin 2005, un peu plus de 260 000 m² de chauffe-eau solaires avaient été instal­lés) : pourquoi ne pas en faire, ain­si qu’ai­ment le pro­pos­er cer­tains respon­s­ables poli­tiques, le ” lab­o­ra­toire français ” dans ce domaine ? 

Des éoliennes ” basculables ” pour faire face aux cyclones

Accom­pa­g­nées des élèves de CM2 de l’é­cole de l’an­cien Théâtre de Saint-Denis13, nous sommes par­ties à la décou­verte du parc éolien de Sainte-Suzanne. Si les parcs éoliens ne sont pas pléthores à la Réu­nion, c’est que les con­traintes y sont de taille — et s’ap­pel­lent pour l’essen­tiel : cyclones. En cas d’alerte cyclonique, il est néces­saire de pou­voir couch­er les éoliennes. 

Les éoli­ennes de Sainte-Suzanne14 sont ain­si équipées d’un sys­tème de treuil et ne com­por­tent que deux pales afin d’al­léger leur poids. 

Toujours plus de pétrole : plus profond, plus visqueux

31 mars. Notre ” tour des éner­gies ” s’est intéressé aux inno­va­tions tous azimuts du secteur de l’én­ergie — y com­pris celles rel­a­tives aux ressources fos­siles. L’ère de l’or noir est-elle révolue ? Avons-nous atteint le pic d’Hub­bert ? Loin de nous l’idée d’en­tr­er dans ces con­tro­ver­s­es qui s’ap­prochent plus de la rhé­torique que de l’analyse sci­en­tifique tant les don­nées sont dif­fi­ciles d’ac­cès. Néan­moins, si les ressources pétrolières sont incon­testable­ment lim­itées, dif­férentes tech­niques per­me­t­tent d’en aug­menter les réserves : d’où notre intérêt pour l’An­go­la et son pét­role sous-marin des grands fonds. 

L’An­go­la, qui se remet aujour­d’hui dif­fi­cile­ment de trente années de guerre civile, a com­mencé dans les années cinquante ses pre­mières exploita­tions pétrolières. En 1997, le gigan­tesque gise­ment de Dalia a été décou­vert, à 135 km de la côte et par plus de 1 000 mètres de fond. La pro­duc­tion, débutée en décem­bre 2006, a atteint en avril 2007 un plateau de 240 000 barils/jour (71 puits, dont 37 de pro­duc­tion). En quoi ce pro­jet colos­sal (4 G$ d’in­vestisse­ment) est-il innovant ? 

Tout d’abord, la hau­teur d’eau au-dessus du gise­ment varie entre 1 200 et 1 500 mètres, ce qui rend com­plexe l’in­stal­la­tion des équipements d’ex­ploita­tion (recours à du téléguidage de grande pré­ci­sion). D’autre part, pour empêch­er la for­ma­tion d’hy­drates (due aux tem­péra­tures des eaux pro­fondes), et extraire une huile pass­able­ment visqueuse, des tech­nolo­gies sophis­tiquées sont néces­saires (puits hor­i­zon­taux, pipelines à plus gros diamètre, iso­la­tion ther­mique renforcée). 

La pro­fondeur d’eau empêche d’autre part l’u­til­i­sa­tion d’une plate­forme. L’ex­ploita­tion du gise­ment se fait à par­tir d’un FPSO (Float­ing, Pro­duc­tion, Stor­age and Off-load­ing struc­ture). Il s’ag­it d’une barge de la taille d’un pétroli­er géant abri­tant une véri­ta­ble usine flot­tante, près de 30 000 tonnes d’équipements à son bord. Ceux-ci lui per­me­t­tent notam­ment de sépar­er le pét­role du gaz, et de réin­jecter ce dernier dans le gise­ment. Alors que le tor­chage du gaz était pra­tique courante sur les champs off­shore, la réin­jec­tion de gaz est aujour­d’hui une oblig­a­tion lorsque le vol­ume cri­tique de pro­duc­tion du gaz n’est pas atteint… une évo­lu­tion vers une pro­duc­tion plus propre ? 

Suntech ou une entreprise solaire rentable en Zambie !


Le FPSO Dalia abrite plus de 10 000 tonnes d’équipements à son bord.

6 avril — La Zam­bie est un pays pau­vre, 166e sur 177 en Indice de développe­ment humain15 onusien. Mais cette sta­tis­tique ne sait pas dire l’ex­cep­tion­nelle richesse du pays : fort de ses 70 tribus et 10 mil­lions d’habi­tants pour un ter­ri­toire grand comme 1,5 fois la France, il n’a, con­traire­ment à ses voisins, jamais con­nu de guerre — et con­cen­tre 30 % des réserves en eau de toute l’Afrique australe. 

C’est à Lusa­ka que nous ren­con­trons Ger­da Smul­ders. Du Zim­bab­we où son mari et elle enseignaient dans un lycée tech­nique, cette Hol­landaise a choisi de s’in­staller en Zam­bie et d’y lancer une entre­prise spé­cial­isée dans l’im­por­ta­tion et la vente d’équipements solaires. L’analyse qu’elle fait des besoins locaux dif­fère sig­ni­fica­tive­ment de celle dévelop­pée par les organ­ismes inter­na­tionaux pour l’aide au développe­ment. Selon eux, le pre­mier besoin auquel répond l’élec­tric­ité est l’é­clairage (pour que les enfants fassent leurs devoirs, que les femmes puis­sent exercer des activ­ités arti­sanales le soir…). 

Ce à quoi Mme Smul­ders rétorque : baliv­ernes ! Aujour­d’hui, ce qui importe, c’est d’ac­céder à l’in­for­ma­tion. Écouter la radio, regarder quelques heures de télévi­sion, pou­voir charg­er son télé­phone portable, être con­nec­té au monde via Inter­net sont bien plus impor­tants pour les Zam­bi­ens que l’é­clairage ! Les familles sont pau­vres, mais dis­posent une fois par an d’im­por­tantes ressources finan­cières : à la récolte, cer­tains peu­vent met­tre de côté suff­isam­ment d’ar­gent pour acheter un équipement solaire. 

C’est ain­si que ce com­merce est né : d’un besoin bien com­pris, auquel est apportée une réponse non sub­ven­tion­née. Aujour­d’hui et mal­gré des débuts dif­fi­ciles, Sun­tech dégage un chiffre d’af­faires hon­or­able, qui lui per­met d’en­vis­ager des exten­sions à son activ­ité, dont, par exem­ple, un cen­tre de for­ma­tion à l’u­til­i­sa­tion et la main­te­nance de ces mer­veilles tech­nologiques ! Après ces trop courts séjours, c’est le 14 avril que nous avons embar­qué pour l’Asie… dont nous vous entre­tien­drons le mois prochain ! Au pro­gramme, Pak­istan, Inde, Chine et Japon, dont vous pou­vez trou­ver un avant-goût sur : www.promethee-energie.org

1. Que nous n’avons pas visités.
2. MDP, dans le cadre du Pro­to­cole de Kyoto.
3. Un pro­jet de ferme éoli­enne est con­sid­éré poten­tielle­ment rentable pour des vitesses de vent supérieures à 4–5 m/s. Au-delà de 7 à 8 m/s, les sites sont jugés être « à fort potentiel ».
4. Plus d’informations sur le site de Lafarge
http://www.lafarge.ma/lafarge/fr/institution/Instituti on.jsp?theme=dev&sousth=pac
5. Économie de 30000 t CO2/an.
6.http://compresse.bnpparibas.com/applis/WBMCI/ Maroc.nsf/docsByCode/IAKB-6QRFWD/ $FILE/FOCUS % 20Lafarge % 20Ciments.pdf
7. Four à bois à ren­de­ment amélioré, paraf­fine, huiles…
8. 75 Wc et 100 Wc con­tre 50 Wc.
9. Pro­gramme d’électrification rurale et de l’approvisionnement durable en com­bustibles domestiques.
10. Organ­isme de coopéra­tion allemand.
11. 1994.
12. Nous avons notam­ment vis­ité l’usine de Bois-Rouge, qui four­nit au réseau une par­tie de l’électricité qu’elle pro­duit à par­tir de bagasse (sous-pro­duit de la canne à sucre).
13. Dans le cadre de notre parte­nar­i­at avec 7 class­es pri­maires. Pour plus d’information, voir le numéro du mois d’avril 2007 de La Jaune et la Rouge… et notre site Inter­net : www.promethee-energie.org
14. 14 aérogénéra­teurs de 275 Wc cha­cun, soit une puis­sance instal­lée totale de 3,85 MW (sys­tème Vergnet).
15. IDH, indice sta­tis­tique mis en place en 1990 inclu­ant des don­nées sur la san­té, l’éducation et le niveau de vie du pays. 

Impres­sions sur la pre­mière année à l’X

Je vous écris main­tenant, à la ren­trée, après avoir passé une excel­lente pre­mière année à l’X, pour laque­lle je vous remer­cie grande­ment. C’est vrai­ment une expéri­ence unique : la diver­sité des activ­ités pro­posées, les binets, la cohé­sion au sein de la sec­tion et beau­coup d’autres aspects que j’ai eu le plaisir de décou­vrir au fur et à mesure pen­dant le semes­tre d’accueil et le tronc commun.
Pen­dant cette pre­mière année à l’X, j’ai réus­si à m’adapter au rythme de l’École et à appren­dre beau­coup de choses là-dessus, qui vont sûre­ment m’aider pen­dant les années suivantes.
En ce qui con­cerne les activ­ités extrasco­laires, j’ai repris le cours de piano, le cours de danse, j’ai apporté mon aide à l’organisation du Point Gam­ma 2007 et je me suis investie égale­ment dans quelques binets.
Grâce à l’invitation des anciens X de Lyon, moi et mes col­lègues EV2, nous avons eu l’occasion de con­naître cette belle ville et égale­ment de pass­er un week-end dans une famille française.
Je vous remer­cie encore une fois pour m’avoir accordé la bourse de la pro­mo X53, qui me per­met de vivre cette expéri­ence unique. 

Cordialement,
Gabriela-Andreea HODINICJ

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