Le Risk Management : un outil puissant de l’entreprise et de ses dirigeants, au cœur de la corporate gouvernance

Dossier : Dossier FFE Hors SérieMagazine N°715 Mai 2016
Par Brigitte BOUQUOT (X76)

Pourquoi le risque est-il devenu central dans le management de l’entreprise ?

Pour trois rai­sons majeures.

  • D’abord, il n’y a pas de péren­ni­té ni de crois­sance sans prise de risque. Depuis tou­jours, les entre­prises et les entre­pre­neurs en prennent pour déve­lop­per leur organisation.
  • Ensuite, les risques ont chan­gé de nature, gagné en inten­si­té et en expo­si­tion publique : ils sont deve­nus sys­té­miques. Risques opé­ra­tion­nels ou de res­pon­sa­bi­li­té, risques cli­ma­tiques, vitesse média­tique, tout est interdépendant.
  • Enfin, il y a une péda­go­gie de l’exemple : les enquêtes inter­na­tio­nales (Ferma/AxaCS/EY) montrent sur cinq ans, une étroite cor­ré­la­tion entre robus­tesse du dis­po­si­tif de ges­tion des risques et crois­sance de l’Ebitda.

La crise est tou­jours pos­sible, ne pas y être pré­pa­ré n’est aujourd’hui plus par­don­née par les mar­chés et les par­ties pre­nantes. Le risque est aujourd’hui au cœur du mana­ge­ment et de la gou­ver­nance des entreprises.

Les décideurs sont-ils pour autant plus enclins à la prise de risque ?

A mini­ma, ils l’affichent : en février 2016, l’Institut Fran­çais des Admi­nis­tra­teurs a publié sous la direc­tion de Louis Gal­lois, Pré­sident du Conseil de sur­veillance de PSA Peu­geot Citroën, un écrit sur le « Risk Appetite ».

Objec­tif ? … mieux cer­ner, au sein des conseils, les risques que les orga­ni­sa­tions sont prêtes à accep­ter au regard de leur stra­té­gie et mesu­rer l’alignement des par­ties pre­nantes. L’étude montre notam­ment les béné­fices de « favo­ri­ser une culture de prise de risques dans le res­pect d’une métho­do­lo­gie pré­dé­fi­nie » s’inscrivant ain­si tota­le­ment en phase avec les pré­co­ni­sa­tions et tra­vaux de l’AMRAE depuis de nom­breuses années.

L’organisation de cette prise de risques maî­tri­sés (sa gou­ver­nance) est plus que jamais ins­crite à l’agenda des direc­tions géné­rales et fait l’objet d’échanges avec le Conseil d’Administration.

Vous parlez donc ici de ce métier qui émerge au sein des entreprises : celui de Risk Manager ?

Oui, car cette métho­do­lo­gie, celle de la ges­tion des risques (ou ‑Entre­prise – Risk Mana­ge­ment) est aujourd’hui deve­nue un métier à part entière : celui de Risk Mana­ger qui fédère ou cen­tra­lise sous une même tête ou gou­ver­nance, des acti­vi­tés sou­vent dis­sé­mi­nées dans les orga­ni­sa­tions (audit interne, sécu­ri­té, ges­tion des risques assu­rance, etc.)

Avec eux, les entre­prises sont tech­ni­que­ment, finan­ciè­re­ment et même mora­le­ment armées pour répondre et s’organiser face au risque. Le Risk Mana­ge­ment et une gou­ver­nance orga­ni­sée des risques sont clai­re­ment deve­nus des enjeux pour l’entreprise.

Je le vois aus­si comme l’écologie de l’entreprise, per­sonne morale et sys­tème vivant qui porte tou­jours plus de res­pon­sa­bi­li­tés. Le Risk Mana­ge­ment est par­fois le der­nier recours dans un monde de rap­port de forces.

Comment expliquez-vous cette dynamique de progrès ?

Par la déter­mi­na­tion de l’AMRAE à struc­tu­rer le métier et à le rendre lisible de toutes les par­ties pre­nantes. Les pro­fes­sion­nels de la ges­tion des risques se sont très tôt regrou­pés en asso­cia­tion pro­fes­sion­nelle pour nour­rir de leurs échanges leurs com­pé­tences et peser ain­si dans le débat pour pro­té­ger leurs entreprises.

Nous avons pro­duit en 2013 le réfé­ren­tiel métier du Risk Mana­ger (9 acti­vi­tés, 7 qua­li­tés et com­pé­tences) recon­nu par­tout dans la pro­fes­sion en France, comme en Europe, base aca­dé­mique à nombre de for­ma­tions universitaires.

Nous avons ini­tié avec le Fer­ma (fédé­ra­tion euro­péenne d’associations natio­nales de Risk Mana­gers), la cer­ti­fi­ca­tion à l’échelle euro­péenne de la fonc­tion. À Londres, Madrid ou Ber­lin, la com­pré­hen­sion de notre métier sera la même pour tous.

Les for­ma­tions que nous dis­pen­sons comme l’ARM ont une recon­nais­sance inter­na­tio­nale. Enfin nous avons créé les indi­ca­teurs du coût du risque assu­rable qui per­mettent à des diri­geants de mieux mesu­rer finan­ciè­re­ment le coût glo­bal du risque.

L’AMRAE est diri­gée par des Risk Mana­gers en fonc­tion, repré­sen­ta­tifs de la pro­fes­sion, issus de grandes entre­prises et d’ETI inter­na­tio­nales, en prise avec leurs réa­li­tés et leurs enjeux. Son orga­ni­sa­tion natio­nale et régio­nale lui per­met d’agir au plus près des besoins des Risk Mana­gers et des entreprises.

Les risques évoluent : leur couverture financière est-elle toujours adaptée ?

Rap­pe­lons-en les prin­cipes : soit l’entreprise trans­fère le risque et ses consé­quences finan­cières à l’industrie de l’assurance, – ou à ses propres socié­tés cap­tives de réas­su­rance – soit elle le conserve en réten­tion et en assu­me­ra en cas de sinistre, les consé­quences sur ses fonds propres.

Aujourd’hui, les ser­vices et garan­ties que nous apportent les pro­fes­sion­nels de l’assurance – nos par­te­naires – sont de très haute qua­li­té. Cour­tiers, assu­reurs, réas­su­reurs sont les inter­lo­cu­teurs quo­ti­diens des Risk Managers.

Il y a dans cet éco­sys­tème une intel­li­gence col­lec­tive avé­rée, car c’est un métier d’hommes et de femmes. Je retrouve nombre de cama­rades en res­pon­sa­bi­li­té chez les prin­ci­paux acteurs. Mais, la fron­tière entre le risque assu­rable ou non assu­rable ne cesse d’évoluer.

Les thé­ma­tiques qui ont émer­gé avec force depuis ces trois der­nières années nous conduisent à revi­si­ter ensemble ces modèles de finan­ce­ment et être conjoin­te­ment créatifs.

Les Risques Cyber, les consé­quences en termes de pertes d’exploitation de crises sani­taires ou météo­ro­lo­giques (qua­ran­taine, inca­pa­ci­té à cir­cu­ler – sou­ve­nez-vous du vol­can Eyjaf­jöll – … baisse bru­tale d’activité éco­no­mique post atten­tats) ain­si que la cou­ver­ture pour les entre­prises sur le sol natio­nal des risques ter­ro­ristes doivent être amé­lio­rées : la chaîne de valeur de l’assurance doit être mise sous ten­sion pour que les entre­prises aient des solu­tions satis­fai­santes pour leurs demandes.

En juin 2014, l’AMRAE a lancé « ATOUT RISK MANAGER », destiné à tous les professionnels de la gestion des risques comme aux décideurs économiques. Quel bilan en tirez-vous ?

Ce tri­mes­triel était il y a seule­ment 20 mois un pro­jet très ambi­tieux, car for­te­ment orien­té sur le retour d’expérience et le par­tage public des bonnes pra­tiques. Or, la com­mu­ni­ca­tion sur les risques et sur leur mana­ge­ment n’est pas encore com­plè­te­ment libre ni consi­dé­rée par tous comme un signe de bonne gouvernance.

Cette revue est pour moi deve­nue exem­plaire parce qu’elle réus­sit à mon­trer, tant à nos adhé­rents qu’à l’ensemble de notre éco­sys­tème, com­ment les entre­prises de toute taille adaptent à leur propre culture le Risk Management.

Cette publi­ca­tion très opé­ra­tion­nelle per­met un bench­mark de ces pra­tiques très dépen­dantes des orga­ni­sa­tions. Le lec­teur peut éga­le­ment y trou­ver des com­pa­ra­tifs de cou­ver­tures assu­ran­tielles comme der­niè­re­ment celles sur le cyber.

C’est aus­si un repère indis­pen­sable sur l’actualité scien­ti­fique et juri­dique, tou­jours denses, comme sur la vie de l’AMRAE et les tra­jec­toires pro­fes­sion­nelles de ses membres.

J’espère que nos cama­rades y trou­ve­ront autant d’intérêt à le lire que mon équipe et moi avons à le produire !

L’AMRAE AUJOURD’HUI

45 ans ; 15 Admi­nis­tra­teurs ; 10 Sala­riés per­ma­nents ; 3 Antennes régio­nales ; 800 Cita­tions dans la presse ; 1 000 Adhé­rents ; 100 % des entre­prises du CAC40, et 23 de celles du SBF 120 repré­sen­tées ; 20 com­mis­sions et groupes de tra­vail ; 10 publi­ca­tions par an.

  • un lieu de par­tage de bonnes pra­tiques et de recherche opé­ra­tion­nelle en ges­tion des risques. Ces recherches donnent matière à publi­ca­tion dans tous les domaines du risque et à une média­ti­sa­tion dans la presse économique ;
     
  • un lieu de for­ma­tion natio­nale et inter­na­tio­nale : de la sen­si­bi­li­sa­tion du diri­geant qui se voit confier des res­pon­sa­bi­li­tés nou­velles à la plus poin­tue en finan­ce­ment des risques, l’AMRAE délivre des for­ma­tions cer­ti­fiantes et diplô­mantes du plus haut niveau technique.
     
  • un lieu d’échange et de busi­ness unique en Europe avec les Ren­contres AMRAE, le « Davos du risque », congrès annuel qui ras­semble plus de 2 000 pro­fes­sion­nels de 32 natio­na­li­tés, (Risk Mana­gers, cour­tiers et assu­reurs, consul­tants, avo­cats, spé­cia­listes de la cri­mi­na­li­té numé­rique, uni­ver­si­taires, diplomates …)


Publications AMRAE

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