Le rail : un métier d’avenir aussi dans le privé

Dossier : Dossier FFEMagazine N°699 Novembre 2014
Par Alain THAUVETTE

Alain Thauvette, votre carrière entière a jusqu’ici été vouée au chemin de fer.
Comment cela a‑t-il commencé ?

Là où j’ai été diplômé de l’École Poly­tech­nique de Mon­tréal, au Cana­da, lorsque nous ter­mi­nons nos études, les indus­tries vien­nent générale­ment recruter sur le cam­pus. Ain­si, comme de nom­breux ingénieurs de ma généra­tion, j’ai entamé dès la fin de mes études ma car­rière dans l’ingénierie, étant embauché par la société de chemin de fer d’État à l’époque.

Pen­dant mes pre­mières années en tant qu’ingénieur, il m’a été don­né de tra­vailler sur des mis­sions de design, de con­struc­tion. Le moment est ensuite venu où j’ai eu le choix de pour­suiv­re dans cette fil­ière, mais j’ai préféré ouvrir mes hori­zons et aller voir ce qui exis­tait d’autre, de dif­férent, dans le vaste monde du chemin de fer.

Dans quelle mesure était-il aisé de changer de domaine, alors même que chaque nouveau métier est très technique et pointu ?

Je dirais que la richesse de ma for­ma­tion d’ingénieur m’a per­mis de pass­er avec une cer­taine flu­id­ité de l’ingénierie à d’autres activ­ités, telles que l’exploitation, la vente ou encore la logis­tique. Tout cet aspect développe­ment col­lait par­faite­ment avec ma for­ma­tion, qui nous avait inculqué la fac­ulté de réfléchir, de raisonner.

Lorsque je regarde der­rière moi, je m’aperçois que je n’ai rien per­du des fon­da­men­taux de ces années d’études, de cette façon de penser, de faire, de voir les choses.

Une entreprise de notre taille permet à tout un chacun de prendre part aux projets, de mener des actions aux répercutions rapides, d’obtenir des résultats gratifiants, peut-être davantage que dans le public, de part le fait que nous sommes moins formatés, plus ouverts, plus souples.

Ce fut donc un premier virage dans votre carrière…

Absol­u­ment. L’une de mes nou­velles mis­sions fut de prou­ver qu’un nou­veau mod­èle fer­rovi­aire, inven­té à l’époque, était fiable, viable, qu’il fonc­tion­nait. J’ai alors, dans le cadre de ce tra­vail, créé deux sociétés.

Puis je suis revenu à l’ingénierie, tou­jours au Cana­da, dans la région des Grands Lacs, en tant qu’ingénieur en chef, en charge de l’ensemble des prob­lé­ma­tiques qui touchaient l’entreprise. Amélio­ra­tion de la pro­duc­tiv­ité, trans­for­ma­tion de mod­èle d’exploitation… mon rôle con­sis­tait à opti­miser nos activités.

Je suis ensuite devenu Directeur Général, tou­jours en con­ser­vant l’aspect très opéra­tionnel du métier.

La suite de votre carrière, c’est la création de cette entreprise, en 2005…

En effet en 2005, j’étais en rela­tion avec une société de chemin de fer anglais qui souhaitait con­naître une expansion.

Son Directeur général entendait prof­iter de l’ouverture des marchés à l’international. Seule­ment voilà, du fait de l’insularité bri­tan­nique, le seul pays en lien direct était évidem­ment la France, via le tun­nel sous la Manche. Cette per­son­ne a donc décidé de faire appel à moi pour mon­ter une société en France.

J’ai donc com­mencé cette aven­ture seul, rapi­de­ment rejoint par des col­lab­o­ra­teurs. Puis nous avons recruté des gens de divers hori­zons, dont un cer­tain nom­bre qui, venant de la SNCF, se trou­vaient naturelle­ment les mieux qual­i­fiés pour venir nous prêter main forte.

Peu à peu, nous avons mis en place notre pro­pre école de for­ma­tion, embauché de nom­breux jeunes pour occu­per les postes de con­duc­teurs. Bref, nous avons tis­sé notre réseau au fil du temps.

Aujourd’hui, après moins de 10 ans d’existence, nous pos­sé­dons pas moins de 150 loco­mo­tives, que nous réparons et entretenons dans nos pro­pres ate­liers, nous réal­isons nous-mêmes les études de mod­i­fi­ca­tions, les dossiers de sécu­rité qui vont avec, et nous avons nos spé­cial­istes d’inspection des voies.

Aujourd’hui, votre entreprise est devenu un acteur très important dans le secteur du Fret. Quels sont pour vous les principaux enjeux d’aujourd’hui et de demain ?

Vous savez, la plu­part des gens con­nais­sent mal le chemin de fer. D’aucuns pensent que le train, c’est une peu le moyen-âge, et qu’au fond c’est de l’Histoire anci­enne. Pour beau­coup, cela se résume au TGV, et rien d’autre.

C’est une erreur et il con­vient de rétablir la vérité sur ce secteur qui se développe sans cesse. Aujourd’hui plus que jamais, le Fret évolue, les méth­odes changent. Le chemin de fer est très réac­t­if à la demande des clients, il est très per­for­mant, tou­jours plus fiable.

Diriez-vous que le chemin de fer est un métier d’avenir ?

Bien enten­du. Prenons l’environnement par exem­ple. Il faut avoir à l’esprit que faire rouler un wag­on, c’est faire avancer une roue en métal sur un rail en métal. Tout ingénieur sait bien que le coef­fi­cient d’adhésion étant très faible, la dépense d’énergie de ce type de mou­ve­ment est dérisoire en com­para­i­son avec celle d’un camion.

L’effort trac­t­if req­uis est bien moin­dre pour le même nom­bre de tonnes. Donc lorsqu’on évoque les impérat­ifs envi­ron­nemen­taux, que plus per­son­ne ne peut nier aujourd’hui, il sem­ble fon­da­men­tal de ne pas oubli­er que le rail représente un vrai espoir de pro­grès, de mod­ernisme, ce qui n’est pas éton­nant si l’on admet qu’il a égale­ment été à l’origine de l’ingénierie.

Que voulez-vous dire en évoquant ce rôle historique du rail ?

L’ingénierie a vu le jour avec l’avènement des chemins de fer et des machines à vapeur. Il me sem­ble impor­tant de ren­dre hom­mage à ce secteur qui est à l’origine de nom­breuses de dis­ci­plines et de com­pé­tences. Les con­struc­tions d’infrastructures, le drainage, la sig­nal­i­sa­tion, l’électronique, les ponts en bois comme en aci­er… tout cela s’est dévelop­pé à l’origine avec le chemin de fer.

L’ingénierie a vu le jour avec l’avénement des chemins de fer et des machines à vapeur. Il me semble important de rendre hommage à ce secteur qui est à l’origine de nombreuses disciplines et de compétences.

Aujourd’hui, forts de votre renommée internationale, vous souhaitez accueillir de nouveaux talents. En quoi les métiers que vous leur proposez sont-ils de formidables opportunités de carrières ?

Arriv­er aujourd’hui dans nos équipes, alors même que nous ne sommes pas encore une immense struc­ture, c’est évidem­ment un cal­cul intéres­sant car une entre­prise de notre taille per­met à tout un cha­cun de pren­dre part aux pro­jets, de men­er des actions aux réper­cus­sions rapi­des, d’obtenir des résul­tats grat­i­fi­ants, peut-être davan­tage que dans le pub­lic, de par le fait que nous sommes moins for­matés, plus ouverts, plus souples.

Les sat­is­fac­tions per­son­nelles sont fortes et les résul­tats vis­i­bles dans des délais plus courts. Avec une moyenne d’âge d’à peine 34 ans, nous sommes ani­més par un dynamisme porteur.

Les diplômés de grandes écoles d’ingénieur qui nous rejoin­dront demain auront néces­saire­ment un bel avenir devant eux.

Le caractère international de votre société implique-t-il aussi pour les recrues des opportunités de mouvement ?

Nous faisons par­tie d’un grand groupe, DB, lui-même 4e leader mon­di­al du secteur logis­tique et avec sa fil­iale DB Schenker Rail, leader en Europe qui nous ancre dans l’international, aus­si bien en Alle­magne, qu’en Angleterre, en Espagne, aux Emi­rats et en tout dans 14 pays.

Cette don­née géo­graphique implique de nom­breux échanges d’ingénieurs entre les dif­férents ter­ri­toires où nous sommes implan­tés. Cha­cun a ain­si la pos­si­bil­ité s’il le souhaite d’envisager de tra­vailler, voy­ager, s’ouvrir à des nou­velles cul­tures et enfin con­naître une car­rière en mou­ve­ment et passionnante !

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