Les villes de demain, aujourd’hui !

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°767 Septembre 2021
Par Bertrand BARTHÉLEMY (83)

Dans les villes du futur, les déplace­ments des citadins seront plus sim­ples et nous aurons sans doute moins de prob­lèmes de con­ges­tion. Bertrand Barthéle­my (83), CEO de Flow­bird, nous explique com­ment leurs solu­tions per­me­t­tent aux villes de devenir le chef d’orchestre de la mobil­ité sur leur territoire.

Comment contribuez-vous à faciliter les déplacements des citadins et à réduire les problèmes de congestion ?

Nous pro­posons à nos clients, les villes, une plate­forme logi­cielle SaaS qui leur per­met de coor­don­ner intel­ligem­ment les dif­férents modes de déplace­ments et de ren­dre leur util­i­sa­tion sim­ple pour les habi­tants et visiteurs.

Cette plate­forme intè­gre nos solu­tions pro­pres (ges­tion du sta­tion­nement, solu­tions bil­let­tiques pour les trans­ports publics) ain­si que celles de tiers (park­ings d’ouvrage, vélos partagés, auto-partage…). Pass­er d’un mode de trans­port à un autre devient sim­ple ; le paiement est sécurisé et le tarif adap­té au pro­fil de chaque indi­vidu : rési­dent, jeune, retraité…

Nous comp­tons par­mi nos clients les plus grandes villes du monde : New York, Wash­ing­ton, Los Ange­les, Toron­to, Paris, Lon­dres, Ams­ter­dam, Madrid, Syd­ney. Nous sommes égale­ment présents sur les marchés émer­gents tels que l’Europe de l’Est, la Russie, l’Asie, l’Amérique Latine et l’Afrique : Moscou, Hong Kong, Jakar­ta, Buenos Aires…

Con­crète­ment, nous dis­tribuons les droits de trans­port ou de sta­tion­nement en fonc­tion de la poli­tique de la ville, les faisons pay­er par pièces ou bil­lets, par carte ban­caire, par télé­phone mobile ou par les nou­veaux moyens du type Apple­Pay ou AliPay. 

C’est impor­tant de per­me­t­tre à tous de pou­voir pay­er simplement. 

Nos solu­tions se doivent donc d’être inclusives.

Les décideurs poli­tiques locaux y sont sen­si­bles et les usagers le plébiscitent.

Nous héber­geons les tick­ets validés par les usagers et les met­tons à dis­po­si­tion des con­trôleurs depuis notre plate­forme HUB. In fine, nous garan­tis­sons que l’argent arrive sur le compte des villes et des autorités organ­isatri­ces de la mobilité.

Par ailleurs, un des moyens les plus effi­caces pour réduire la pol­lu­tion est de pro­mou­voir les trans­ports en com­mun. Nous y con­tribuons grâce à un sys­tème de bil­let­tique. Par exem­ple à Perth, en Aus­tralie, les citadins peu­vent se déplac­er libre­ment en bus, train, métro ou fer­ry, et nous leur garan­tis­sons à la fin de chaque journée le tarif opti­mal selon leur pro­fil, sans qu’ils aient à réfléchir.

Néan­moins, dans de nom­breux cas, le recours à une voiture indi­vidu­elle reste une oblig­a­tion au moins pour une par­tie du tra­jet. Con­scients de cette réal­ité, nous opti­misons l’utilisation de la voiture en encour­ageant les per­son­nes à enchaîn­er plusieurs moyens de trans­port. Ain­si, cer­taines per­son­nes habi­tant loin d’une gare, peu­vent pren­dre leur voiture pour aller à la gare de TER et pour­suiv­re ain­si leur chemin en train pour aller au bureau.

Flow­bird per­met d’avoir une seule fac­tura­tion pour son tick­et de train et son sta­tion­nement, et garan­tit le tarif le moins cher en fonc­tion de votre profil.

Pouvez-vous nous donner des exemples concrets ?

Bien sûr ! Par exem­ple, en Ital­ie, à votre arrivée à la gare, une caméra lit votre plaque d’immatriculation, la bar­rière se lève et vous pou­vez pren­dre votre train… En réal­ité, votre plaque d’immatriculation est reliée à votre carte de trans­ports. À par­tir de là, nous vous fac­tur­ons sur votre tick­et de trans­port. C’est sim­ple, rapi­de et effi­cace et surtout cela sim­pli­fie pour toutes les par­ties prenantes la multimodalité.

Pour flu­id­i­fi­er le traf­ic et réduire le temps per­du en voiture, Flow­bird a dévelop­pé grâce au big data et à nos don­nées un algo­rithme qui per­met de trou­ver une place de sta­tion­nement plus rapi­de­ment : le temps per­du décroît de 10 à 15 min­utes à moins de qua­tre min­utes en moyenne.

À cela, nous ajou­tons dans les villes où nous avons noué des parte­nar­i­ats, un sys­tème de guidage qui per­met de choisir entre le park­ing de sur­face et le park­ing d’ouvrage. L’idée est de per­me­t­tre aux util­isa­teurs fin­aux de choisir un sta­tion­nement en fonc­tion de la prob­a­bil­ité de trou­ver une place, mais aus­si du prix. Ce ser­vice leur offre aus­si la pos­si­bil­ité de préréserv­er leur sta­tion­nement. Lors d’événements cul­turels et sportifs, notre solu­tion per­met d’éviter les bou­chons. Ain­si, à Sacra­men­to, en Cal­i­fornie, les soirs de match­es de bas­ket, notre sys­tème de guidage et de préréser­va­tion des places a été un véri­ta­ble atout pour décon­ges­tion­ner la circulation.

Monaco vient de lancer son application Monapass, qui s’appuie sur la technologie Flowbird… Quels en sont les avantages ?

En mars dernier, afin de réduire la con­ges­tion dans la prin­ci­pauté de Mona­co, nous avons effec­tive­ment mis en place une plate­forme mul­ti­modale, qui pour nous est l’offre MaaS (Mobil­i­ty as a Ser­vice), la plus aboutie au monde. Cette dernière per­met de pou­voir enchaîn­er les dif­férents modes de trans­port de façon com­plète­ment flu­ide. Con­crète­ment, elle per­met à une per­son­ne de facile­ment pou­voir gar­er sa voiture dans la rue, pren­dre un bus ou encore louer un vélo. Et, dans quelque mois, cette appli­ca­tion per­me­t­tra aus­si de se gar­er dans les park­ings sous-ter­rain, de pren­dre des voitures partagées et prob­a­ble­ment des bus touris­tiques pour vis­iter la prin­ci­pauté. Nous envis­ageons égale­ment de per­me­t­tre l’entrée dans les musées.

Cette solu­tion con­tribuera à attein­dre les objec­tifs du gou­verne­ment moné­gasque, à savoir réduire de 20 % le traf­ic auto­mo­bile d’ici 2030.

Par ailleurs, Flow­bird a égale­ment déployé sa solu­tion d’open pay­ment dans les bus moné­gasques, qui per­met de voy­ager avec sa carte ban­caire sans con­tact. Notre plate­forme est ouverte et peut s’adapter à l’ensemble des ser­vices. Elle per­met d’associer un iden­ti­fi­ant et des attrib­uts. La per­son­ne qui con­somme les ser­vices est recon­naiss­able via son nom, son mail, son numéro de carte ban­caire, la plaque minéralogique de son véhicule, son numéro de télé­phone… Et, elle béné­fi­cie de tar­ifs dif­férents selon son statut : âge, lieu de rési­dence, com­po­si­tion famil­iale… naturelle­ment l’ensemble des don­nées est anonymisé et sécurisé, de façon à ce que cha­cun des opéra­teurs ait accès à ce dont il a besoin pour délivr­er le ser­vice. Notre solu­tion d’open pay­ment a con­nu un franc suc­cès. Au cours de cette dernière année, nous avons réus­si à gag­n­er la con­fi­ance d’une douzaine de villes.

Vous venez aussi de remporter un contrat à Detroit…

En effet, nous avons été choi­sis pour met­tre en place une solu­tion pour le sta­tion­nement de voirie et le sta­tion­nement park­ing d’ouvrage avec la pos­si­bil­ité pour les con­duc­teurs de réserv­er et de pré­pay­er leurs park­ings d’ouvrage sur l’application de la ville. Cela per­met de réduire le nom­bre de gens qui se gar­ent dans la rue et de les met­tre plutôt dans les park­ings d’ouvrages. Notre solu­tion offrira égale­ment la pos­si­bil­ité d’être guidé pour gag­n­er du temps et trou­ver rapi­de­ment une place de stationnement.

Depuis le début de la crise, de plus en plus de personnes prennent leur voiture. Cette tendance impacte directement la congestion des villes. Qu’en est-il ?

La Covid-19 a entraîné une baisse de la fréquen­ta­tion dans les trans­ports publics dans le monde entier. En France, 1/3 des per­son­nes ont arrêté de pren­dre les trans­ports en com­muns et en Angleterre plus de la moitié. Cela s’explique par l’émergence du télé­tra­vail mais aus­si par la peur de con­tracter le virus. Nous avons vu de plus en plus de per­son­nes priv­ilégi­er les vélos, la marche à pied et la voiture indi­vidu­elle. Et, plus de voitures cir­cu­lent dans une ville, plus nous avons de cir­cu­la­tion et bou­chons. Cela étant, nous avons aus­si noté une volon­té encore plus forte des villes de gér­er l’accès dans les cen­tres-villes et le sta­tion­nement. Nous avons été sol­lic­ités par plusieurs pays.

Toute­fois, nous restons con­va­in­cus que tôt ou tard, les trans­ports en com­mun devront retrou­ver leur taux de fréquen­ta­tion habituel parce que leur avan­tage envi­ron­nement est incon­testable. Et, ce sera à nous de faciliter l’échange entre les dif­férents modes de transport. 

Poster un commentaire