Lancement fusée Ariane

Le monde du spatial en pleine révolution

Dossier : Vie des EntreprisesMagazine N°736 Juin 2018
Par David QUANCARD (80)

Quels ont été les moments marquants de l’année 2017 ?

C’est avant tout notre 1ère année de plein exer­cice. Aria­ne­Group est née de la déci­sion com­mune des groupes Air­bus et Safran de contri­buer à la refon­da­tion de l’industrie euro­péenne des lanceurs. 


© Aria­ne­Group Holding

Ini­tia­le­ment appe­lée Air­bus Safran Laun­chers, lors de la déci­sion de sa créa­tion en 2014, la socié­té a été fina­li­sée le 1er juillet 2016 réunis­sant en une même entre­prise tous les savoir-faire en matière de sys­tèmes de lan­ce­ment et de pro­pul­sion civils et militaires. 

Nous sommes les maîtres d’œuvre d’Ariane 5 et d’Ariane 6 dont le pre­mier vol est pré­vu en 2020. 

Nous sommes éga­le­ment les maîtres d’œuvre du sys­tème mis­sile M51 de la Force Océane Stratégique. 

Par ailleurs nous déve­lop­pons des pro­duits, équi­pe­ments et ser­vices autour de nos métiers comme des équi­pe­ments pour la pro­pul­sion de satel­lites, des pres­ta­tions pour de la maî­trise d’œuvre d’ensembles com­plexes tant civils que mili­taires, ain­si que la vente de matières pre­mières et de cer­tains pro­duits pyrotechniques. 

Nous avons aus­si déve­lop­pé une tech­no­lo­gie pro­met­teuse en matière de sur­veillance de l’espace.

Notre exper­tise et notre fia­bi­li­té sont recon­nues dès qu’il s’agit d’évoluer dans des envi­ron­ne­ments où toute inter­ven­tion ou répa­ra­tion est hau­te­ment com­plexe, voire impossible. 

2018 marque le début de la production d’Ariane 6…

En effet les pre­mières pièces sortent des usines et de nou­velles ins­tal­la­tions de pro­duc­tion vont être inau­gu­rées en 2018 tant chez Aria­ne­Group que chez ses par­te­naires indus­triels européens. 

Nous allons com­men­cer la pro­duc­tion du 1er lot d’Ariane 6 à par­tir de l’été 2018. Les essais du moteur Vul­cain 2.1 de l’étage prin­ci­pal et du moteur Vin­ci de l’étage supé­rieur se passent nominalement. 

“Alors que le spatial entre dans la phase la plus passionnante de son histoire, je n’ai qu’une chose à dire aux polytechniciens : venez préparer l’avenir avec nous !”

Le déve­lop­pe­ment du moteur à pro­per­gol solide est éga­le­ment en bonne voie alors que le 1er essai au banc du moteur à pro­pul­sion solide P120 aura lieu aus­si au début de l’été 2018. 

Avec Ariane 6, nous visons un lan­ceur aus­si fiable et per­for­mant qu’Ariane 5, mais 40 % moins cher à pro­duire. Il s’agit d’un lan­ceur modu­laire, avec 2 ou 4 boos­ters à poudre, et un étage supé­rieur cryo­gé­nique ré-allu­mable jusque 4 fois pour pou­voir pla­cer des satel­lites sur des plans d’orbite différenciés. 

Le défi est à la fois tech­no­lo­gique et indus­triel. L’Europe dis­po­se­ra alors d’un lan­ceur poly­va­lent, capable de toutes les mis­sions, pour tout type de charges utiles vers tout type d’orbite.

Et par­ti­cu­liè­re­ment adap­té au mar­ché des constel­la­tions en orbite basse actuel­le­ment en développement. 

Nous allons ain­si pou­voir répondre aux évo­lu­tions du sec­teur spa­tial carac­té­ri­sées par une forte concur­rence et une demande très variée des clients. 

Quels rôles sont appelées à jouer la digitalisation et l’innovation dans le cadre de ce projet ?

Nous devons répondre à un très haut niveau d’exigence en termes de per­for­mance et de qua­li­té. Der­rière la fabri­ca­tion d’une fusée ou d’un mis­sile, il y a une quan­ti­té consi­dé­rable de don­nées indus­trielles, de réa­li­sa­tions et de contrôle. L’enjeu est de pou­voir garan­tir la qua­li­té de la chaîne de pro­duc­tion en s’appuyant sur toutes ces don­nées digi­tales qui couvrent toutes les étapes de la production. 

À cela s’ajoute la digi­ta­li­sa­tion de nos usines avec le recours à de nou­velles tech­no­lo­gies : la RFID, l’impression 3D, la réa­li­té vir­tuelle, les objets connectés… 

Ces usines 4.0 vont per­mettre de réduire les coûts et les délais, garan­tir la qua­li­té, assu­rer une tra­ça­bi­li­té des don­nées de pro­duc­tion. Nous avons des équipes très per­for­mantes en matière d’innovation qui tra­vaillent avec des start-up pour béné­fi­cier de leur réac­ti­vi­té tout en leur offrant notre savoir-faire unique en matière de sys­tèmes complexes. 

Quels sont les enjeux, notamment industriels, auxquels vous êtes confrontés ?

Le prin­ci­pal chal­lenge est de main­te­nir une qua­li­té équi­va­lente à celle d’Ariane 5 tout en rédui­sant les coûts de 40 %. Cela implique une capa­ci­té à auto­ma­ti­ser les pro­duc­tions, avoir recours aux tech­no­lo­gies inno­vantes qui per­mettent de dimi­nuer les cycles de pro­duc­tions et d’augmenter la valeur ajoutée. 

Fusée Ariane en vol
© Aria­ne­Group Holding

En par­ti­cu­lier, nous nous appuyons sur le Lean mana­ge­ment pour opti­mi­ser la ges­tion des flux et des ate­liers, le sui­vi glo­bal des sites de pro­duc­tions depuis les achats jusqu’au site de lan­ce­ment en pas­sant par la chaîne de sous-traitance. 

Comment préparez-vous l’avenir ?

Avec nos par­te­naires euro­péens, nous savons qu’il est impor­tant de déjà tra­vailler aux futures évo­lu­tions d’Ariane 6 pour res­ter au plus près des évo­lu­tions du mar­ché. Nous tra­vaillons ain­si à l’optimisation de l’étage supé­rieur, en uti­li­sant du com­po­site pour en réduire encore la masse et les coûts et amé­lio­rer la per­for­mance du lanceur. 

Nous tra­vaillons aus­si sur un moteur poten­tiel­le­ment réuti­li­sable, le démons­tra­teur Pro­me­theus. Le déve­lop­pe­ment de ce nou­veau moteur consti­tue la pierre d’angle des futurs lan­ceurs européens. 

Quels sont vos besoins en termes de compétences et de profils ?

Parce que nous fabri­quons des pro­duits extrê­me­ment sophis­ti­qués dans des domaines com­plexes, variés et com­pé­ti­tifs, nous fai­sons appel à des connais­sances hau­te­ment tech­niques en méca­nique, flui­dique, élec­tro­nique, software… 

ARIANEGROUP EN BREF

  • Filiale à parité des groupes Airbus et Safran initialement appelée Airbus Safran Launchers
  • Un chiffre d’affaires 2017 de 3,4 milliards d’euros
  • 9 000 collaborateurs, dont 1100 en Allemagne
  • Implantation sur une quinzaine de sites en Allemagne et en France (Kourou inclus

Nos équipes sont com­po­sées de pro­fils variés : des ingé­nieurs dans les domaines concep­tion, méthode, indus­tria­li­sa­tion, pro­duc­tion, ain­si que des com­mer­ciaux, des juristes, des acheteurs. 

Dans ce contexte hau­te­ment com­pé­ti­tif, les poly­tech­ni­ciens avec leur base scien­ti­fique et géné­ra­liste de haut niveau sont par­ti­cu­liè­re­ment appréciés. 

Et alors que le spa­tial entre dans la phase la plus pas­sion­nante de son his­toire, je n’ai qu’une chose à dire aux Poly­tech­ni­ciens : venez pré­pa­rer l’avenir avec nous !

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