« Rester attentifs et réactifs aux demandes des forces armées internationales »

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°769 Novembre 2021
Par Thierry RENAUDIN (84)

Plu­sieurs chal­lenges majeurs attendent l’industrie de la défense euro­péenne dans les pro­chaines années. Le focus avec Thier­ry Renau­din (84), Pré­sident de John Cocke­rill Defense.

Quel est le positionnement de John Cockerill Defense sur le marché de la défense ? 

John Cocke­rill Defense est un acteur majeur dans la concep­tion et la fabri­ca­tion des tou­relles équi­pées de canons de 25 à 120 mm (canon de concep­tion John Cocke­rill pour les calibres à par­tir de 90 mm), com­mer­cia­li­sés sous la marque Cocke­rill®. Nous offrons éga­le­ment des outils de simu­la­tion high tech et de pro­tec­tions de sites sen­sibles, des for­ma­tions avec notre cam­pus dans l’est de la France et sup­por­tons nos équi­pe­ments avec une offre de main­te­nance. Ce posi­tion­ne­ment nous oblige à res­ter atten­tifs et réac­tifs aux demandes des forces armées internationales.

Le déve­lop­pe­ment de nos nou­veaux pro­duits que sont la Cocke­rill 1030 et la Cocke­rill Light Wea­pon Sys­tem (CLWS) est le résul­tat de cette écoute active d’un mar­ché en demande de tou­relles légères à forte puis­sance de feu et modu­lables selon les mis­sions qui peuvent être très diver­si­fiées. Notre offre de sup­port tout au long du cycle de vie de nos pro­duits répond éga­le­ment aux demandes de nos clients d’optimiser les coûts totaux des équi­pe­ments pen­dant toute leur durée de vie.

La défense de demain se dessine d’ores et déjà sous l’impulsion des nouvelles technologies. Qu’en est-il ?

Nous sommes convain­cus de l’importance capi­tale de l’innovation en matière de défense et de sécu­ri­té des pro­duits. C’est pour­quoi nous avons des équipes qui s’y dédient à 100 %. Nous por­tons aus­si une atten­tion par­ti­cu­lière à la veille tech­no­lo­gique dans le domaine civil, notam­ment avec l’émergence du digi­tal qui a chan­gé la donne. Nous sommes ain­si très atten­tifs aux évo­lu­tions tech­no­lo­giques dans le civil, notam­ment dans le numé­rique, afin que nos équi­pe­ments soient tou­jours à la pointe de la technologie.

Concrè­te­ment, nous met­tons l’accent sur la modu­la­ri­té de nos solu­tions, l’ouverture de nos archi­tec­tures et l’intelligence embar­quée pré­pa­rant nos sys­tèmes à un pilo­tage assis­té et à dis­tance ain­si qu’à une opti­mi­sa­tion de la dis­po­ni­bi­li­té et des moyens d’entraînements novateurs.

Par ailleurs, nous avons déve­lop­pé une gamme com­plète de dis­po­si­tifs de lutte anti-drones et de pro­tec­tion de sites sen­sibles via notre enti­té John Cocke­rill For­tress. Cela nous a notam­ment per­mis, en juin der­nier, de poser notre can­di­da­ture au pro­jet PARADE (Pro­tec­tion déployable modu­laire anti-drone). Ces sys­tèmes pour­ront être dépla­cés d’un site à un autre et assu­re­ront une pro­tec­tion per­ma­nente et à 360º des sites sur les­quels ils seront déployés, en France et sur des théâtres d’opérations exté­rieures. Enfin, nous conti­nuons à répondre à dif­fé­rents appels à pro­jets euro­péens que ce soit en tant que par­te­naire ou coor­di­na­teur de consortiums.

Quels sont selon vous les grands challenges futurs de l’industrie de la défense européenne ? 

Les entre­prises euro­péennes de la défense doivent conti­nuer de gran­dir pour atteindre une taille qui leur per­mette de concur­ren­cer des poids lourds de la défense des autres conti­nents. Pour y arri­ver, elles doivent pou­voir s’adosser fer­me­ment aux pro­grammes de défense des pays de l’Union et le cas échéant nouer entre elles des par­te­na­riats solides, capi­ta­lis­tiques ou sim­ple­ment opé­ra­tion­nels, met­tant en avant leurs com­pé­tences res­pec­tives pour y répondre.

Ce type d’alliance est sou­hai­table, de manière struc­tu­relle ou au cas par cas, mais ne peut se déve­lop­per que dans des pro­grammes euro­péens pour les­quels les états sou­tiennent leur indus­trie de manière effi­cace et bienveillante.

Un second défi auquel fait face l’industrie de défense euro­péenne a trait à l’accès aux finan­ce­ments ban­caires en par­ti­cu­lier à l’export. À ces chal­lenges déjà com­plexes vient s’ajouter un contexte éco­no­mique dif­fi­cile dans lequel les bud­gets accor­dés au sec­teur euro­péen de la défense sont peu pré­dic­tifs et peuvent être régu­liè­re­ment cor­ri­gés, voir sus­pen­dus. Cette réa­li­té est un fac­teur de risque sup­plé­men­taire à prendre en compte par les indus­triels lorsqu’ils envi­sagent de consen­tir des efforts de déve­lop­pe­ment sur fonds propres en avance de phase.

Poster un commentaire