Le conseil en management au service de la recherche

Dossier : Entreprise et management : rigueur et compétitivtéMagazine N°648 Octobre 2009
Par Franck DEBAUGE

REPÈRES

REPÈRES
Les décideurs poli­tiques français s’attachent aujourd’hui à trac­er les con­tours d’une stratégie nationale de la recherche per­for­mante. Ils pro­posent donc aux organ­ismes de recherche et aux entre­pris­es qui souhait­ent innover un éven­tail de dis­posi­tifs pour les accom­pa­g­n­er dans leur stratégie. Pour exem­ples, le nou­veau Crédit d’impôt recherche (CIR) qui triple les bud­gets alloués (4,1 Md€ pour 9 500 entre­pris­es en 2008) ; une recherche col­lab­o­ra­tive pub­lic-privé encour­agée grâce notam­ment aux aides de l’Agence nationale de la recherche ou à la créa­tion des pôles de com­péti­tiv­ité ; une recherche publique dynamisée (décloi­son­nement, val­ori­sa­tion des chercheurs, etc.). 

Grâce aux nou­veaux dis­posi­tifs, d’aide, les entre­pris­es inno­vantes et les lab­o­ra­toires privés ou publics évolu­ent dans un con­texte plus favor­able qu’au­par­a­vant, notam­ment quand ils envis­agent de con­duire des pro­jets collaboratifs.

Des com­pé­tences et des savoir-faire nou­veaux pour aider la recherche

Ce nou­v­el envi­ron­nement leur demande des com­pé­tences et des savoir-faire nou­veaux et à haute valeur ajoutée qu’ils doivent inté­gr­er en temps réel. De ce fait, une nou­velle généra­tion de con­sul­tants est née, qui s’en­gage sur des résul­tats. Ces con­sul­tants s’ap­puient sur un fais­ceau de com­pé­tences man­agéri­ales, organ­i­sa­tion­nelles, finan­cières et fis­cales, sci­en­tifiques, juridiques, économiques, etc.

Leur valeur ajoutée s’ex­prime dans trois grands domaines de com­pé­tence : une con­nais­sance exhaus­tive des aides et sou­tiens à la recherche ; une grande com­pé­tence en man­age­ment de pro­jet et en organ­i­sa­tion ; un savoir-faire en val­ori­sa­tion de la recherche et de ses résultats.

Une vision globale des aides à la recherche

Com­ment ori­en­ter et définir un pro­jet pour obtenir des aides ? Com­ment trou­ver le dis­posi­tif qui cor­re­spond le mieux aux objec­tifs de recherche d’un pro­jet ? Com­ment obtenir un finance­ment en pré­parant un dossier per­ti­nent ? Les con­sul­tants spé­cial­isés dans les pro­jets et réseaux de recherche con­nais­sent pré­cisé­ment chaque dis­posi­tif : leurs enjeux, leurs objec­tifs, mais aus­si leurs lim­ites et con­traintes. Ils savent com­pren­dre une prob­lé­ma­tique de recherche et analyser les moti­va­tions des dif­férents acteurs en jeu pour pré­conis­er l’outil le mieux adap­té ; con­stituer le bon parte­nar­i­at, réu­nir les bonnes exper­tis­es, coor­don­ner les actions de pilotage ; refor­muler et val­oris­er un con­tenu sci­en­tifique pour qu’il cor­re­sponde aux critères pré­con­isés par la Com­mu­nauté européenne ; ou encore met­tre au point un bud­get qui per­me­t­tra au pro­jet d’être sélec­tion­né par l’or­gan­isme financeur.

La recherche collaborative
La recherche col­lab­o­ra­tive rassem­ble des acteurs aux pro­fils très dif­férents comme des lab­o­ra­toires de recherche publics, des PME, des grands groupes, des lab­o­ra­toires privés. Ces acteurs déci­dent de s’as­soci­er sur un même pro­jet de recherche, pour une péri­ode don­née et met­tent en com­mun leurs com­pé­tences (tech­niques, finan­cières, humaines, etc.), au sein de ce que l’on appelle un con­sor­tium. Ces regroupe­ments per­me­t­tent, entre autres, d’ac­céder plus facile­ment aux finance­ments publics français ou européens.

À titre d’ex­em­ple, un pro­jet européen ayant reçu un finance­ment de la Com­mu­nauté européenne peut avoir une durée d’en­v­i­ron cinq ans, béné­fici­er d’un bud­get supérieur à 10 mil­lions d’eu­ros, associ­er plus de 20 parte­naires privés et publics issus d’une dizaine de pays dif­férents, regrouper plus de 300 chercheurs de dis­ci­plines sci­en­tifiques mul­ti­ples autour d’une prob­lé­ma­tique commune.

Une grande compétence en management de projet

Une fois le con­sor­tium con­sti­tué et le finance­ment obtenu, les con­sul­tants met­tent en œuvre leur com­pé­tence man­agéri­ale et organ­i­sa­tion­nelle au ser­vice de la réus­site du pro­jet. Aux côtés du coor­don­na­teur sci­en­tifique, ils sauront au quo­ti­di­en man­ag­er les équipes et les com­pé­tences, assumer la ges­tion admin­is­tra­tive et finan­cière du pro­jet, réalis­er les report­ings néces­saires à l’or­gan­isme financeur, con­trac­tu­alis­er si néces­saire les rela­tions entre parte­naires du con­sor­tium (con­cur­rence, pro­priété indus­trielle, etc.).

Une stratégie de copro­duc­tion effi­cace asso­cie le con­seil et le coor­don­na­teur du projet

La maîtrise de ce savoir-faire est impor­tante dans un con­texte crois­sant de pro­jets de recherche col­lab­o­rat­ifs qui met­tent en présence plusieurs dizaines d’or­gan­ismes et entre­pris­es parte­naires (cf. encadré sur la recherche col­lab­o­ra­tive). La réus­site de cette étape tient pour une large part à la mise en œuvre d’une stratégie de copro­duc­tion effi­cace, asso­ciant étroite­ment le con­seil et le coor­don­na­teur du projet.

Un savoir-faire en valorisation de la recherche

Les out­ils
Des dis­posi­tifs, pro­grammes ou fonds sont mis en place par les pou­voirs publics ou des entités privées, dans le but de financer la recherche et l’in­no­va­tion ou de rassem­bler des com­pé­tences, faciliter les coopéra­tions et inten­si­fi­er les liens entre les acteurs de la recherche ou de l’in­no­va­tion. Acies pro­pose le nom ” d’Outils de struc­tura­tion ou de finance­ment de la recherche (OSF) “. En voici quelques exem­ples : PCRDT (FP), ANR (appels à pro­jets), Oseo, Eure­ka, Eurostars (appels à pro­jets), Label Carnot, ERA-NET, ERA-NET + (appels à pro­jets), FCE (Fonds de com­péti­tiv­ité des entre­pris­es), ITC (Ini­tia­tives tech­nologiques con­jointes), Pôles de com­péti­tiv­ité, PRES (Pôles de recherche et d’en­seigne­ment supérieur), PTE (Plate­formes tech­nologiques européennes), RTRA (Réseaux thé­ma­tiques de recherche avancée).

Aujour­d’hui, s’en­gager dans un pro­jet de recherche, c’est, dès le début, anticiper la val­ori­sa­tion de ses résul­tats. Créa­tion d’en­tre­pris­es tech­nologiques, créa­tion d’emplois, exploita­tion de brevets, mise sur le marché d’un ser­vice ou d’un pro­duit, trans­fert de tech­nolo­gie sont quelques-unes des appli­ca­tions con­crètes de la val­ori­sa­tion. En amont des pro­jets et tout au long de leur exis­tence, les con­seils accom­pa­g­nent les équipes de recherche dans l’i­den­ti­fi­ca­tion, l’an­tic­i­pa­tion, l’a­juste­ment et la propo­si­tion de débouchés pos­si­bles, dont ils pren­nent égale­ment en charge la dimen­sion juridique.

Dans l’é­conomie de la con­nais­sance, le rôle de ces con­sul­tants, spé­cial­istes du man­age­ment et de la val­ori­sa­tion de la recherche, s’avère chaque jour plus déter­mi­nant : leur savoir-faire en matière de con­nais­sance des finance­ments est en effet un atout majeur dans la per­spec­tive de l’op­ti­mi­sa­tion des ressources allouées à la recherche ; leur expéri­ence et leur con­nais­sance des exi­gences de la recherche col­lab­o­ra­tive et des parte­nar­i­ats pub­lic-privé sont autant de valeur ajoutée con­crète apportée aux efforts de décou­verte des scientifiques.

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