L’Atlantique à la rame : quatre femmes se préparent

Dossier : ExpressionsMagazine N°648 Octobre 2009
Par Laurence de RANCOURT
Par Catherine RÉMY (98)
Par Laurence GRAND-CLÉMENT (97)
Par Quitterie MARQUE (97)


Neuf mètres de long pour soix­ante jours de traversée.

Constituer l’équipe

Tout a com­mencé il y a trois ans. Quit­terie Mar­que, alors chez IBM, assiste à une con­férence don­née par une jeune femme ayant tra­ver­sé l’At­lan­tique à la rame en solo. Saisie par l’épopée, l’idée de vivre par ellemême une telle course s’im­pose rapi­de­ment. Cather­ine Remy, une amie de longue date et aven­turière de tou­jours, se joint immé­di­ate­ment à l’aven­ture. Le recrute­ment à l’X se pour­suit : Lau­rence Grand-Clé­ment tombe dans le filet à l’oc­ca­sion des dix ans de la pro­mo­tion. Lau­rence de Ran­court se joint égale­ment au pro­jet, ani­mée par le même goût de l’ef­fort, du dépasse­ment de soi, et des grands espaces. L’équipe est au com­plet pour un départ le 6 décem­bre 2009 dans le cadre de la prochaine course organ­isée par Wood­vale Chal­lenge, une transat à la rame de renom­mée internationale. 

L’équipe devient rapi­de­ment inter­na­tionale par le jeu des muta­tions géo­graphiques : Quit­terie est à Sin­gapour, Lau­rence à Hongkong, Cather­ine au Nige­ria et Lau­rence en France. La com­mu­ni­ca­tion devient plus que jamais la clef du suc­cès du pro­jet. Les qua­tre coéquip­ières échangent quo­ti­di­en­nement afin d’as­sur­er la cohé­sion du pro­jet, et se retrou­vent régulière­ment pour des séances d’en­traîne­ment commun. 

L’en­ver­gure de l’en­tre­prise pousse les jeunes femmes à dévelop­per le con­cept d’équipe élargie. Nom­breux sont ceux par­mi leurs proches qui, enchan­tés par l’aven­ture, s’in­vestis­sent dans la pré­pa­ra­tion en tra­vail­lant com­mu­ni­ca­tion et lev­ée de fonds. L’équipe compte aujour­d’hui une douzaine de per­son­nes, dont qua­tre rameuses. 

Sur les traces de Christophe Colomb
Les tra­ver­sées de l’At­lan­tique à la rame se font en général d’est en ouest, au départ des Canaries ou du Séné­gal­cap Vert, ou d’ouest en est, cette fois-ci au départ des États-Unis ou du Cana­da pour reli­er la France ou la Grande- Bretagne.
Les jeunes femmes suiv­ront la route his­torique de Christophe Colomb, des Canaries aux Antilles, soit quelque 5000 km.
Le record mas­culin, 33 jours, est détenu par un équipage de 14 rameurs bri­tan­niques. Le record féminin, 51 jours, est, quant à lui, entre les mains d’une équipe mixte USA/NZ/GB de quatre.
Les trois car­avelles de Christophe sont par­ties le 3 août 1492 et la vigie a crié “Terre” le 12 octo­bre 1492, après 71 jours de traversée. 


Gréer la structure

Ayant étudié les dépens­es réal­isées par les équipes précé­dentes et prenant en compte les ajuste­ments néces­saires (taux de change et réal­ités économiques), le bud­get de l’en­tre­prise est éval­ué à 120000 euros. Les pre­miers spon­sors sont bien sûr les sociétés respec­tives des coéquip­ières : Total et Noble assureront les fondations. 

Les jeunes femmes ont par ailleurs fondé une asso­ci­a­tion loi 1901 afin de pro­mou­voir les femmes au tra­vers du sport, ” Atlan­tique au Féminin : Femmes et Défis”, dont la pre­mière action sera la tra­ver­sée de l’At­lan­tique à la rame. 

L’équipe est prête pour un départ le 6 décembre 

La cam­pagne de spon­sor­ing d’en­ver­gure est pré­parée. Tac­ti­ci­ennes, elles iden­ti­fient et pri­orisent leurs cibles (une cen­taine répar­tie par­mi les qua­tre). Bien armées elles affû­tent les out­ils de mar­ket­ing (site Web, pla­que­tte, dossier de presse). Struc­turées, elles met­tent en oeu­vre les sup­ports de coor­di­na­tion (doc­u­ments partagés, téléconférences). 

Aujour­d’hui, elles sont au milieu des eaux, entre lev­ée de fonds et recherche de parte­naires tech­niques. La cam­pagne de com­mu­ni­ca­tion prend égale­ment son envol : plusieurs agences sont con­tac­tées, et les médias se penchent de plus près sur le dossier grâce à l’as­siduité et à la ténac­ité de l’équipe. Le pro­jet doit se faire con­naître, c’est le troisième pili­er des fon­da­tions du pro­jet en tant qu’entreprise. 

Préparer le bateau

L’équipage a fait le choix d’ex­ter­nalis­er les pre­mières étapes de pré­pa­ra­tion du bateau. C’est donc sur le yard de Wood­vale, à Ply­mouth (Angleterre), que le bateau fait peau neuve. Il a gag­né la tra­ver­sée de l’At­lan­tique Nord en 2007 ; robuste et ayant fait ses preuves, il avait besoin d’un coup de neuf. Sous la super­vi­sion des qua­tre mous­que­taires, Wood­vale se charge des aspects struc­turels (coque notam­ment), de l’élec­tron­ique (VHF, AIS, GPS) et de la sécu­rité (balis­es, survie). 

Les instal­la­tions cri­tiques sont sys­té­ma­tique­ment doublées 

La totale autonomie impose aux qua­tre coéquip­ières de se pos­er toutes les ques­tions avant le départ, que ce soit sur le plan énergé­tique ou ali­men­taire. Le choix du nom­bre de pan­neaux solaires est un exer­ci­ce impor­tant : il con­vient de mesur­er la con­som­ma­tion d’én­ergie quo­ti­di­enne afin de dimen­sion­ner au mieux. Il en va de même pour les repas : les rameuses emporteront de quoi régaler leurs papilles, ou à défaut les sus­ten­ter, pour les quelque soix­ante jours de haute mer. Tout sera stocké sous le pont. L’eau, ô com­bi­en pré­cieuse, sera traitée par un dessalin­isa­teur élec­tron­ique, que l’équipage dou­blera d’un dessalin­isa­teur manuel (en cas de panne du pre­mier). De manière générale, l’équipage dou­blera les instal­la­tions jugées cri­tiques, tou­jours dans cette logique d’au­tonomie. Il faut pou­voir pal­li­er la moin­dre défail­lance de tel ou tel équipement. 

Pour en savoir plus :
www.atlantique-au-feminin.com
“Atlan­tique au Féminin : Femmes et Défis “, Asso­ci­a­tion loi 1901.

Poster un commentaire