Un train

L’AFITF, un opérateur financier de l’État

Dossier : Dossier FFEMagazine N°719 Novembre 2016
Par Philippe DURON

L’agence de finance­ment des infra­struc­tures de trans­ports de France (AFITF).

Pouvez-vous rappeler le rôle de l’AFITF ?

Cette agence de finance­ment, au nom certes peu facile à pronon­cer, s’est inscrite dans le paysage admin­is­tratif par son sou­tien, depuis onze ans, aux pro­jets d’infrastructures de trans­port financés par l’État.

Créée au départ pour met­tre en œuvre les grands pro­jets struc­turants à hori­zon de 20 ans qui avaient été décidés par le Comité inter­min­istériel d’aménagement du ter­ri­toire de décem­bre 2003, et opéra­tionnel depuis 2005, l’AFITF a vu son rôle s’étendre au finance­ment de l’ensemble du volet mobil­ité des con­trats de Plan-État-Régions, aux pro­jets de trans­port col­lec­tif urbain de per­son­nes, au finance­ment par l’État des marchés de partenariat. 

Quel est le bilan de son action ?

En onze ans, l’AFITF a per­mis à l’État de soutenir une poli­tique de développe­ment et d’entretien des trans­ports ambitieuse et effi­cace. Sans doute, le principe des recettes affec­tées, qui est au cœur de son fonc­tion­nement, est soumis à des cri­tiques récur­rentes de la part des ten­ants de l’orthodoxie budgétaire. 

Pour­tant, ce dis­posi­tif a per­mis, depuis 2005, de met­tre en place des finance­ments puis­sants et réguliers sur le long terme, indis­pens­ables pour des pro­jets qui s’échelonnent sur plusieurs années. L’Agence a ain­si adop­té depuis sa créa­tion plus de 500 con­ven­tions représen­tant 33 mil­liards d’euros d’engagements, dont 21 mil­liards de crédits de paiement. 

Ces finance­ments ont con­cerné majori­taire­ment les modes alter­nat­ifs aux trans­ports routiers, avec près de 70 % des engage­ments et 59 % des paiements : des grands pro­jets bien sûr, avec les lignes à grande vitesse comme Rhin-Rhône branche Est pre­mière phase, la LGV Est, Tours-Bor­deaux, Bre­tagne-Pays de Loire, des études et travaux pour la mise en place d’autoroutes fer­rovi­aires, de liaisons flu­viales à grand gabar­it, des travaux d’aménagement por­tu­aires, les mul­ti­ples actions financées dans le cadre des con­trats de Plan-État- Régions, et aus­si des finance­ments touchant à la vie quo­ti­di­enne de nos concitoyens : 

  • travaux de mise en acces­si­bil­ité de gares et de sécurité, 
  • renou­velle­ment d’une par­tie des matériels roulants sur les lignes intercités, 
  • trans­ports col­lec­tifs urbains dans le cadre des trois appels à pro­jets lancés par le Min­istère depuis 2009, 
  • sans oubli­er les réseaux exis­tants, sur lesquels les besoins sont pres­sants, d’abord sur le réseau routi­er nation­al qui est le plus emprun­té, égale­ment sur le réseau fluvial. 

“ EN ONZE ANS, L’AFITF A PERMIS À L’ETAT DE SOUTENIR UNE POLITIQUE DE DÉVELOPPEMENT ET D’ENTRETIEN DES TRANSPORTS AMBITIEUSE ET EFFICACE. ”

Quelles sont les grandes lignes du budget 2016 de l’AFITF ?

Dans le bud­get 2016, la part des crédits affec­tés aux routes, représen­tant respec­tive­ment 50 % et 39 % des engage­ments et des crédits de paiement d’intervention, traduit un effort accru sur les réseaux exis­tants, la route restant de loin le mode de trans­port le plus utilisé. 

Quels sont les grands projets d’infrastructure de transport en cours financés par l’AFITF ?

Sont en cours, notam­ment, le finance­ment de qua­tre LGV : Est deux­ième phase, Tours-Bor­deaux, Bre­tagne-Pays-de-Loire, et le con­tourne­ment fer­rovi­aire de Nîmes-Mont­pel­li­er, ou encore, dans le domaine routi­er, la con­struc­tion de la nou­velle route lit­torale de la Réunion. 

En 2017, devraient être aus­si con­cernés la pour­suite du renou­velle­ment des trains inter­cités et le pro­jet de nou­velle liai­son fer­rovi­aire Lyon-Turin, du canal Seine-Nord-Europe. 

Face à ces engagements, l’AFITF a‑t-elle toutes les ressources nécessaires ?

D’ores et déjà, dans le pro­jet de bud­get pour 2017, le niveau des dépens­es d’intervention de l’Agence et les ressources cor­re­spon­dantes devraient être portés à 2,2 Md€, con­tre le scé­nario à 1,9 Md€ auquel se réfère la Cour des comptes avant de juger que la sit­u­a­tion finan­cière de l’AFITF n’est pas soutenable. 

C’est donc une avancée sig­ni­fica­tive qu’il con­vient de saluer. Mais il est sûr que l’ensemble de ces pro­jets va néces­siter de mobilis­er de nou­velles ressources. 

Pour cela, l’affectation à l’AFITF d’une majo­ra­tion de la TICPE — en prof­i­tant du prix peu élevé du gazole util­isé par les auto­mo­bilistes — serait une solu­tion sim­ple et effi­cace, mais d’autres pistes peu­vent être envis­agées comme l’application d’une vignette souhaitée par certains. 

Engagements financiers de l'AFITFFinancements routiers de l'AFITF

 
Comment l’Agence peut-elle intervenir dans le choix des projets ?

Ce n’est pas à l’Agence de décider des pro­jets retenus par le Min­istère en lien avec ses parte­naires, en revanche il appar­tient au con­seil d’administration de se pronon­cer sur leur souten­abil­ité finan­cière pour l’agence.

L’expertise du Com­mis­sari­at général aux investisse­ments pour­rait égale­ment être mobilisée. 

Finalement, comment résumeriez-vous l’utilité de l’AFITF ?

Con­cen­tr­er en une seule struc­ture les finance­ments pluri­an­nuels que l’État s’engage à apporter, en lien avec ses parte­naires, pour des pro­jets d’investissement éch­e­lon­nés le plus sou­vent sur plusieurs années, à par­tir de ressources provenant du traf­ic routi­er et autorouti­er payées par l’usager plutôt que le con­tribuable, pour les redé­ploy­er sur l’ensemble des modes de trans­port : cette util­ité n’est plus à démontrer. 

S’y ajoute l’intérêt d’un con­seil d’administration parte­nar­i­al, com­posé pour moitié d’élus et de représen­tants de l’administration, qui exam­ine les pro­jets, et sans avoir voca­tion à les remet­tre en cause, exam­ine leur souten­abil­ité, leur intérêt socio-économique et envi­ron­nemen­tal, et demande des bilans : cette agence con­tribue ain­si à la trans­parence des choix faits par l’État en matière d’infrastructures de transport.

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