La Manche, quelle énergie !

Dossier : Dossier FFEMagazine N°698 Octobre 2014
Par Jean-François Le GRAND

Comment la Manche s’inscrit-elle dans la transition énergétique ?

Sa puis­sance nucléaire, ses poten­tiels éolien en mer et hydrolien, et sa posi­tion géo­graphique, con­fèrent au Cotentin un rôle majeur et struc­turant à jouer quant au change­ment de mod­èle énergé­tique qui se profile.

Barycen­tre des grands espaces inter­ré­gionaux, con­nec­tée aux grands réseaux de trans­port de l’électricité, la Manche a voca­tion à devenir un ter­ri­toire de référence con­cer­nant les enjeux énergé­tiques français et européens. Dans ce sens, la SPL Ouest Nor­mandie Ener­gies Marines (ONEM), asso­ci­a­tion de col­lec­tiv­ités créée en 2012, vise à struc­tur­er une fil­ière indus­trielle de l’éolien off­shore, à dévelop­per une indus­trie autour de l’hydrolien, et faire du ter­ri­toire un acteur de pre­mier plan de la diver­si­fi­ca­tion énergétique.

L’avenir des poli­tiques énergé­tiques, la per­for­mance des mod­èles économiques éolien off­shore, hydrolien et le stock­age de l’énergie, sont la pré­fig­u­ra­tion d’une nou­velle révo­lu­tion indus­trielle qui s’élabore dans le Cotentin, notam­ment avec la créa­tion d’un Insti­tut de recherche à Cherbourg.

Quels sont les défis à relever ?

Actuelle­ment, toute énergie pro­duite et non con­som­mée est de l’énergie per­due. Le stock­age de masse, à un coût com­péti­tif et avec un impact envi­ron­nemen­tal lim­ité, reste un des casse-têtes tech­niques majeurs du monde de l’énergie.

Résolu, il per­me­t­tra notam­ment d’avoir plus recours aux éner­gies renou­ve­lables inter­mit­tentes, ou encore d’étaler les pics quo­ti­di­ens de con­som­ma­tion élec­trique. Je crois per­son­nelle­ment à l’utilisation de l’hydrogène.

De plus, une approche opti­misée pour gér­er la pro­duc­tion, la con­som­ma­tion et les flux d’énergie sur le ter­ri­toire (infra­struc­tures de trans­port et de dis­tri­b­u­tion, capac­ités de stock­age aux dif­férents niveaux, fil­ière hydrogène…) s’enrichira de la mise en place de réseaux intel­li­gents mul­ti­vecteurs énergétiques.

Appelés smart-grids, com­mu­ni­cants et inter­ac­t­ifs, ils ont pour but l’équilibre entre l’offre et la demande d’électricité à tout instant et de fournir un appro­vi­sion­nement sûr, durable et com­péti­tif aux consommateurs.

Par ailleurs, avec la créa­tion de l’association Energie Hydro-Data 2020, la Manche se posi­tionne comme le démon­stra­teur ter­ri­to­r­i­al de l’économie de l’hydrogène à tra­vers le développe­ment à grande échelle de la fil­ière avec le déploiement de solu­tions de stock­age, d’utilisation de l’hydrogène pour la mobil­ité et le Pow­er to Gaz, et la ges­tion au niveau ter­ri­to­r­i­al des flux énergé­tiques avec les smart-grids.

Justement, quel rôle vont jouer les EMR ?

La Manche dis­pose de 350 km de côtes, des vents forts et réguliers, les courants marins du raz Blan­chard (plus fort courant d’Europe) et du raz de Barfleur, du grand port de Cher­bourg et du tis­su indus­triel adéquat. Ces atouts naturels, struc­turels, logis­tiques, économiques et tech­nologiques nous pla­cent en acteur inévitable des EMR.

ONEM porte donc de nom­breux pro­jets pour cette fil­ière d’avenir : parcs éoliens off­shore, fer­mes hydroli­ennes pilotes, amé­nage­ments por­tu­aires en con­séquence… L’avenir est à l’économie décarbonée !

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